La loi de la jungle

A sa sortie, en 1996, "Jumanji", vu en famille, nous avait enchantés par son étonnante vitalité et son scénario joliment conceptuel..., sans même parler de ces animaux digitalisés qui constituaient alors une véritable nouveauté. Depuis, le film de Joe Johnston est devenu un classique du cinéma familial (même s'il est souvent trop impressionnant pour les petits...), et certains ont pensé - à tort - que ce serait une bonne idée de lui donner des suites...

Avec le recul, "Jumanji" apparaît désormais comme une sorte d'initiation au fantastique de haut niveau, avec temporalités paradoxales et surgissement de l'inconscient (le retour du père en chasseur-tueur !). On s'amuse bien sûr follement avec les interactions entre la jungle et le monde policé d'une petite ville américaine... qui retourne quand même vite à la sauvagerie, si l'on considère les scènes de pillage des magasins ! On est même impressionnés en réalisant la charge politique sous-jacente, qu'on adhère ou non à ce discours : la destruction des emplois locaux est présentée comme la conséquence de la globalisation, mais aussi de la "démission" du patron abandonnant son entreprise... tandis que la vision de la paupérisation de l'Amérique "profonde" et de la dégradation de la vie sociale qui s'ensuit ne manque pas de pertinence.

On remarque aussi avec plaisir le talent naissant d'une Kirsten Dunst déjà rayonnante, et il n'y a guère que l'étonnante contre-performance d'un Robin Williams pas très à l'aise et, bien entendu, le vieillissement des effets spéciaux qui puissent constituer un (léger) bémol à notre plaisir.

[Critique écrite en 2020 à partir de notes de 1996 et 2006]