Février 1996, aucun adulte n'oubliera cette date où, enfant, il découvrait en salles Jumanji, comédie culte d'aventure emmenée par un Robin Williams égal à lui même. Vingt ans plus tard, après un certain reboot raté et détestable d'un autre film culte, Sos fantômes, voila que les studios Sony sortent une suite à Jumanji. Les fans inconditionnels frissonnaient à l'idée de ce sacrilège, terrifiés à l'idée qu'on souille le film de leur enfance. Et si, pour une fois, ils avaient tord?
Moins fun, mais plus profond que son prédécesseur
Qui aurait pu penser une seule seconde que Kevin Heart, Jack Black et Dwayne Johnson réunis dans un film donnerait lieu à quelque chose de sympathique, complètement éloigné de leurs comédies respectives ? Voila une belle leçon. De quoi balayer les préjugés que l’on peut avoir sur un film incluant des acteurs dont on n’apprécie pas vraiment la personnalité. Même le rôle de Nick Jonas m’a surprit. Pas de blagues exagérées lourdingues, des gags et des répliques bien écrits qui font rire. Oui, vous avez bien entendu. La bande annonce ne reflète tellement pas ce film. Quelle honte !
Attention, à toutes celles et ceux qui, tout comme moi, vénéraient le Jumanji avec Robin Williams et regardaient d’un très mauvais œil depuis l’annonce de sa suite, Jumanji bienvenue dans la jungle, vous pouvez respirer : cette suite ne détruira pas ce qu’a été et ce que représentait son homologue.
Ce n'est pas un reboot, c'est une suite et après avoir justifié (pour une fois intelligemment) le fait que les règles du jeu ont changées, le film commence, présentant les protagonistes dont nous suivrons les mésaventures. Alors oui, question fun, on sera loin de ce que proposait Jumanji 1, MAIS, Jumanji 2 est bardé de bonnes intentions, humble, respectueux sur toute la ligne. Jumanji Bienvenue dans la jungle a certes, des effets spéciaux modernes, il n’en reste pas moins un digne hommage aux films des années 90.
Les règles ont changées
Psychologiquement profond, des jeunes acteurs appréciables voir carrément attachants, s’éloignant de la mentalité superficielle voir détestable de certains jeunes d’aujourd’hui, ce qu’on retiendra de ce Jumanji, ce ne sera pas son histoire, ni même ses scènes d’action. Ce qu’on retiendra de Jumanji 2, c’est son message, ses valeurs humaines, cette volonté de faire ressortir de la séance enfants et adolescents avec un questionnement, le même que celui de ces héros : qui êtes vous et quelle personne voulez-vous devenir ? Chacun de nous avons une vie unique à vivre, à nous de décider ce que nous allons en faire.
Nos personnages, réincarnés en avatars au physique inversé de la vie réelle, sont caricaturaux, mais en sont conscients et en jouent. Du coup, pas de clichés. Jumanji , visiblement doué d’une conscience, c’est transformé en jeu vidéo afin d’appâter les jeunes de notre époque. Les références à l'ambiance de l’univers des gamers se multiplient. Les vies, les pnj (joueurs non jouables incarnés par l'ordinateur), les aptitudes, forces et faiblesse propres au personnage qu'on a choisit, les cinématiques présentant l'histoire et ses enjeux, les ennemis, les boss, les niveaux, bref, tout ce qui fait un jeu vidéo, un jeu vidéo.
Spencer, Bethany, Fridge et Martha, le réalisateur a l'intelligence d'inverser le physique de chaque protagoniste lorsqu'il incarne son avatar. Et là, du début jusqu'à la fin de l'histoire, ce sera l'hilarité :
• Spencer se retrouve dans le corps de du Dr Smolder Bravestone, un grand balèze au regard intense, n'ayant aucun points faibles.
• Bethany se prend une bonne leçon en incarnant le rondouillard Professeur Sheldon, spécialiste en cartographie.
• Ce gros balèze de Fridge entre dans la peau de Franklin "Mouse" Finbar, un petit freluquet de zoologiste ne quittant pas son sac à dos plus gros lui.
• Quant à Martha, elle joue Ruby Roundhouse, une jeune femme athlétique et sexy douée aux arts martiaux.
Face à eux, un certain Russel Van Pelt (le fils du chasseur Van Pelt vu dans Jumanji 1 ? Ou sa version jeune ?), convoitant la pierre sacrée de Jumanji.
De jeu de société à jeu vidéo
Jumanji 2 oscille visuellement entre le très beau et le raté. Coté panoramas, rien à dire, on en prend plein les yeux, on est vraiment dans la jungle de Jumanji (ceux qui regardaient la série animée comprendront), coté animaux en CGI, là, c’est l’inverse. Trop de CGI, tue le CGI, à chaque apparition d’une grosse bêbête c’est la douche froide, en dessous de ce que proposait Jumanji 1. Les deux ont pourtant 20 années d’écart. Allez comprendre.
L'histoire, bien qu'intéressante au début, s'avère linéaire et prévisible par la suite. Le danger que représentait Jumanji 1, on ne le ressentira pas ici. On ne suivra donc pas Jumanji 2 pour son scénario, ni même par ses scènes d'action ô combien classiques, on suivra Jumanji 2 pour suivre l'évolution de ces héros et leur humour.
Enfin je peux dire que j’ai aimé un film dans lequel joue Kevin Heart, enfin j’ai retrouvé le Jack Black qui m’avait fait mourir de rire dans L’amour extra large, enfin Dwayne Johnson nous prouve qu’il est le digne successeur d’Arnold Schwarzenegger, voulant incarner pour les enfants et adolescents, cette image de héros dont certains ont besoin pour avancer dans la vie.
Jack Black et ses mimiques efféminés m’aura fait rire, Kevin Heart jouant de son physique et de sa tchatche aussi, tout comme Karen Gilian que j’appréciais dans la série Doctor Who en plus de me séduire avec sa tenue d’aventurière sexy. Quant à Dwayne Johnson, qu’est ce que je l’aime dans ce film. Maladroit, trouillard, l’acteur s’amuse encore à s’autoparodier tout en, par l’intermédiaire de son personnage, apprenant à surmonter ses peurs, osant faire face au danger. Une belle leçon de vie pour petits et grands. C’était le but, et c’est réussi car bien développé.
Dans notre film, nos personnages, ayant trois vies, peuvent mourir. Attention, pas de morts montrées, mais des morts quand même. Comment oublier la mort de Fridge explosant parce qu’il a mangé une part de quatre quart alors que son personnage a une faiblesse : les gâteaux ?! Après avoir bien rit des morts maladroites de nos héros, place à la peur. S’ils perdent leur dernière vie, c’est game over, tout comme dans la vie réelle. Pas le droit à l’erreur.
Au final, il est vrai que ce Jumanji ne restera pas dans les annales, il est vrai que comparé au premier, il sera logiquement anecdotique, passant presque inaperçu à celles et ceux qui vénéraient le film avec Robin Williams. Néanmoins, le jeu intéressant et très touchant des acteurs, les musiques dans le ton, les références intelligentes à son prédécesseur, la justesse de l’écriture des gags et des dialogues, l'histoire, le visuel et cette ambiance années 90 mixée à 2017, font que c'est un film à voir au moins une fois. Je m'attendais à un nanar insultant, je me trompais, et j'en suis heureux. Il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis.