New-York, toujours, quartier de Harlem. Un jeune architecte (Wesley Snipes), marié et père de famille, peste parce qu'on lui adjoint une assistante blanche, une italienne. Malgré ça, il est irrésistiblement attiré par elle, ils ont une liaison, sa femme l'apprend et le met dehors. La jeune femme se fait aussi mettre dehors de chez elle par son père raciste et quitte son petit ami (John Turturro, tout en douceur) qui en profitera pour avouer son amour à une jeune femme, noire, qui lui achète un journal chaque matin. Le film traite magnifiquement des préjugés et des idées reçues sur les couples de couleur mixte, et malheureusement rien ne finit bien (sauf peut-être pour Turturro), Spike Lee montrant que le déterminisme racial est malheureusement plus fort que le désir amoureux. C'est à jour le plus beau film que j'ai vu de lui, c'est une très grande réussite, car c'est un film très ample, qui met en scène de nombreux personnages (je n'ai parlé ici que de quelques uns, mais tous sont travaillés, à commencer par le frère de l'architecte (Samuel L. Jackson) sdf et drogué au crack, ainsi que les parents (Anthony Quinn joue le père de Turturro par exemple) ou amis de chacun) et l'intrigue se déploie comme celle d'un roman, allant s'intéresser à un personnage puis à un autre, mais sans jamais perdre son film conducteur, celui d'un film ample et attachant. Car le film est malgré son sujet douloureux traité avec beaucoup de tendresse et de sensibilité. A noter aussi une très belle utilisation de la musique, des chansons originales de Stevie Wonder à des emprunts à Frank Sinatra, ou de la musique orchestrale créée pour le film, c'est une réussite globale, car la musique ne souligne jamais le récit et vient au contraire soit l'alléger soit en proposer une lecture différente, décalée. Film magnifique.