Les Wacho sont de retours !!!! ....ah bah non, ils sont juste devenus séniles.

Avant d'aller voir Jupiter Ascending au cinéma ce mercredi, je suis allé regarder sur senscritique la note globale des utilisateurs histoire de prendre la température et j'ai vu un très moyen 5,6 sur plus de 100 spectateurs. 100 spectateurs ? Pas suffisant pour dégager une véritable moyenne. Mais bon, sur le coup j'me suis dit : "Mwé, Cloud Atlas mine de c'était vachement sympa, il y a quand même des chances pour que les Wachowski soient de retour au top...". Et bah non ! Parce qu'une fois sorti de salles, non seulement j'ai compris le 5,6 (qui est devenu un 5,5 à l'heure où j'écris ces lignes), mais de plus cela m'a hélas donné à penser que le temps du génie aperçu dans Matrix était définitivement révolu et que Cloud Atlas n'était peut-être en fin de compte qu'un soubresaut !

Alors pourquoi ? Pourquoi n'ai-je mis qu'un moyen 5/10 alors que dans la bande-annonce tout y est joli, que Mila Kunis a l'air toujours aussi belle, qu'il y a l'air d'avoir un sacré univers développé par les Wacho ? Pourquoiiiiii monde crueeeeel ? La réponse est simple, et c'est en bas que ça se passe. En revanche, elle est garantie 100% spoilers.

S'il y a bien une louange à formuler concernant Jupiter : Le Destin de l'univers (paie ton titre français de m@$#e...), c'est celle soulignant la beauté du film. Là-dessus, y'a rien à dire, c'est vraiment très beau. Pas forcément au niveau des décors : je ne parle pas de direction artistique ; sur ce point c'est plus inégal. Non, je parle de SFX. SI vous allez voir un film de ce genre pour voir tourner une PlayStation 7 avant l'heure, pas de doute, vous serez comblés : la qualité est au rendez-vous. Que ce soit dans la netteté de l'image, les incrustations (encore qu'il y en ait une qui m'ait beaucoup gêné), les particules des débris lors des joutes spatiales et planétaires, les retouches sur le personnage de Caine lorsqu'il flotte dans les airs avec ses rollers de l'espace (oui je sais, dit comme ça ça sonne bizarre...), les combats au pistolaser... tout est nickel. Et d'ailleurs j'irai même jusqu'à dire que le film ne souffre en rien d'une mauvaise mise en scène, car les Wachowski ont su insuffler un rythme tonitruant aux scènes d'action qui va de paire avec un savoir-faire très appréciable.

Seulement voilà : malgré des SFX particulièrement réussis, malgré une mise en scène diablement efficace, et malgré une musique de Michael Giacchino de très bonne facture (encore que je l'ai trouvé bien plus inspiré sur le dytpique Star Trek), l'élément de Jupiter Ascending qui vient tout foutre en l'air se résume en un mot : ré-pé-ti-ti-vi-té. Répétitivité. On ne voit que ça. Déjà, cela parait évident lorsqu'on analyse les scènes d'action dans lesquelles Caine se bat : les combats se ressemblent tous. Les mêmes mouvements défensifs, la même gestuelle via ses rollers spatiaux et son bouclier laser, la même façon d'éliminer ses opposants. Mais si l'on réfléchit un temps soit peu à la structure narrative une fois que l'univers est établi (personnages, univers, bref les 15-20 premières minutes du film), cela donne :
- Chapitre 1 : Jupiter se fait enlever par la soeur maléfique des Abrasax, on lui colle une jolie robe sur le dos, on la baratine à mort, elle avale tout comme une cruche, Caine vient péter des gueules pour la sauver.
- Chapitre 2 : Jupiter se fait enlever par le petit frère maléfique des Abrasax, on lui colle une jolie robe sur le dos, on la baratine à mort, elle avale tout comme une cruche, Caine vient péter des gueules pour la sauver.
- Chapitre 3 : Jupiter se fait enlever par le grand frère maléfique des Abrasax, elle se colle une tenue plus classique sur le dos (ouuuuh attention variatioooooon !!!!), on la baratine à mort, elle avale tout comme une cruche, et bien évidemment Caine vient péter des gueules pour la sauver.
En d'autres termes, on a au sein d'un film de 2H07 la même structure narrative qui se répète trois fois : Jupiter est dans la mouise, et Caine passe la majeure partie de son temps à lui cavaler après pour la tirer d'un mauvais pas. Alors moi je me pose la question suivante : depuis quand les Wachowski manquent-ils à ce point d'imagination ? Il est où le génie et la profondeur de leurs scénarios, ce talent qui ont conduit des films comme Matrix et Cloud Atlas à marier philosophie, concepts technologiques, quantiques, et tutti quanti au sein d'une histoire riche et dense façon Christopher - Inception & Interstellar - Nolan ? Parce que mine de, Jupiter arrête pas de se faire appeler "Votre Majesté" tout au long du film, ça l'énerve (ce qui est fort compréhensible), sauf que ce point-là est complètement éludé. Majesté de qui de quoi ? De quel univers ? Quelle est la structure politique qui le régit pour qu'une famille qui a apparemment tous les pouvoirs sur le cosmos puisse craindre une police de l'espace ? Et les autres familles, elles en pensent quoi ? Tout ça, on ne sait pas. Le film ne nous montre que Kalique, Titus et Balem Abrasax, trois morveux qui font joujou avec la vie des gens, ni plus ni moins. C'est un peu maigre pour un film SF moi je trouve.

Il y avait pourtant une idée de génie qui faisait le ciment du tout, une idée post-matrixienne dans laquelle tout est remis en question : avec Neo, le monde n'est que circuits informatiques et piles énergétiques. Magnifique. Brillant. Dans Jupiter Ascending, la Terre n'est qu'une planète parmi d'autres dont les habitants ne servent qu'à être moissonnés pour créer à partir de leur corps un enzyme miraculeux assurant la jeunesse éternelle aux Abrasax. Super ! Bonne idée ! Seulement voilà, l'idée est très vite jetée aux orties car non seulement on devine très vite de quoi il en retourne avant même que le film ne l'évoque clairement, mais en plus il n'y a aucune tension, aucun mystère, aucun effet ni aucune idée cinématographique autour du dévoilement-choc comme avait su si bien le faire Matrix sur un événement narratif qui aurait dû être majeur. Non, tout ce qui intéresse les Wacho, et c'est là le second défaut du film qui a beaucoup fait rire la salle dans laquelle j'étais (moi y compris), c'est d'insister sur l'histoire d'amour à deux balles entre Jupiter et Caine ; une histoire à peine développée, balancée aux spectateurs à la va-comme-je-te-pousse, tout juste crédible tant elle semble tombée du ciel (...oui, bon, d'accord, en l'occurrence c'est le cas puisque Caine déboule de l'espace ahem...). Et là tu te dis : WTF ?!?

M'enfin bon. Faut croire que pour les Wachowski, faire un film visuellement éblouissant, ça suffit à faire le bonheur des spectateurs. Peut-être est-ce votre cas ? Mais pour ma part je suis foutrement plus exigeant que ça, surtout quand il s'agit de science-fiction et que depuis trente ans on a eu des Star Wars, des Star Trek, des Terminator, des Alien, des Bienvenue à Gattaca, des Dark City, etc., etc., etc. Alors certes cela change de voir une héroïne cruche comme un balai maniant ce dernier à la perfection - le balai à chiotte dans son cas ; certes on passe un bon moment à s'en prendre plein les mirettes ; mais une fois le générique de fin démarré, une fois la musique de Giacchino lancée, la question que l'on se pose est : "Que va-t-il me rester de ce film ?". Ma réponse est : "Rien, ou presque".
Kelemvor

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