Plein les mirettes - et puis voilà
C'est comme ça : j'aime bien les zoulies nimages. J'ai été servi.
Le film est construit comme un comics sans grande prétention scénaristique - collage plus ou moins réussi dont on a surtout l'impression qu'il devrait servir à construire des suites tant il est peu disert sur ce qu'il nous découvre à grande vitesse et peu d'épaisseur. Une héroïne qui se découvre un statut hors du commun, des légionnaires déclassés au grand coeur, une structure sociale somme toute décalquée de l'Angleterre du XIXè siècle, des histoires assez simplistes de succession entre hyper-puissants, des méchants krèkrèkrè méchants, des gentils krèkrèkrè bien pensants dont la naïveté, à être éclairée, ne s'érode guère, une histoire d'amûr krokrokro mignonne (on en mangerait) : une sauce sur laquelle on ne s'attardera pas trop, pas plus qu'on ne portera de regard trop appuyé sur les incohérences ou invraisemblances dont elle est négligemment parsemée - la fin du film n'étant pas la moindre, délivrée ainsi, je suppose pour réponse assez bébête à ce "I hate my life", première réplique de l'héroïne - fil conducteur thématique ténu qu'on connaît mieux aux contes de fées. Soyons clair, c'est un brin dommage, j'en attends un peu plus des Wachowski côté scénar. Il est donc possible qu'il y ait des éléments que je n'aie tout simplement pas captés.
En revanche, c'est délivré comme un comics aux visées graphiques exubérantes qui se donnerait les moyens de ses prétentions. Space op dont les atmosphères oscillent entre baroque, steam punk (brièvement) et manga (vaisseaux, dynamique des séquences), il remplit son contrat de plein-les-mirettes et m'ébouriffe. Et je refuse d'en rabattre sur mon plaisir ! La 3D est fort bien intégrée à l'ensemble, quelques plans jouant élégamment sur la profondeur de champs, d'autres soulignant la vastitude de certains paysages industriels ou urbains. Rien d'innovant dans les champs-contrechamps des courses poursuites au rythme électrique, sinon l'ampleur des décors. L'inventivité graphique en tant que telle n'est pas éblouissante - ce fut rarement le cas dans les comics main stream : il fallait faire efficace et permettre au lecteur de s'y retrouver - : interprétations de Venise, XVIIIè siècle français, XIXè siècle, SciFi pulp (certains aliens), rien de très innovant. Mais la réalisation impeccable et le rythme enlevé me suffisent amplement pour combler le peu d'épaisseur de la narration.