Jupiter ou la bouillie numérique qui tourbillonne dans un trou noir

Nul ne pourra nier que Jupiter, dans cette-science fiction hollywoodienne toujours plus décadente et loufoque, est un film avant-gardiste, ou plutôt dirions-nous, un OVNI aux confins de l'espace. Loin de cette époque ancienne où notre imagination archaïque nous faisait platement fantasmer sur des soucoupes volantes,Jupiter nous emmène aux quatre coins de l'univers dénouer des intrigues politiques intergalactiques entre des familles immortelles et surpuissantes, pour lesquelles, tenez-vous bien, la terre n'est que l'une de leurs innombrables possessions et ne pèse pas davantage qu'une bille dans la banane surchargée d'un enfant-roi. Pour ces grands seigneurs, nos vies ne valent guère plus que le grain d'un épi de blé, qu'ils viendront récolter afin de produire un sérum qui rallonge indéfiniment leurs vies. "La seule richesse de l'existence, c'est le temps", pensent-ils avec nihilisme et cynisme. Ces seigneurs, vous l'aurez compris, sont à la fois des vampires et des agriculteurs. Bref, de sacrés colons !
Penchons-nous un peu sur les personnages de cette fabuleuse et vaste fable. Les principaux protagonistes sont en fait des adolescent aux comportements si stéréotypés qu'ils nous font pâlir de honte. Le héros mâle est un bâtard dégénéré moitié-humain moitié lycanthrope "qui se cherche", et l'héroïne est une kikoo qui se voit par miracle offrir un destin de reine de l'univers. Elle rêve de se taper le lycanthrope dans la soute d'un vaisseau de l'espace, mais "sa majesté" ne peut pas, parce qu'elle est reine alors que lui est devenu son humble serviteur. Elle en veut à sa braguette, il lui rappelle son étiquette, dans une sorte de drame shakespearien à la bonne franquette.
Les méchants, en dépit de leurs quelques 15 000 ans d'existence ne sont pas parvenus à la paix intérieure, ce qui porte à désespérer du genre humain, et demeurent engoncés dans une mentalité calculatrice, petite-bourgeoise, entrelardée de névroses familiales qui les rendent tout à la fois sensuels, violents et cruels. Ils prononcent des phrases dans des bâillements stériles, dans une sorte de faiblesse métaphysique qui les fait accoucher d'une syntaxe à demi-ampoulée et vide de sens. A brûle-pourpoint, ils se mettent à crier comme des enfants gâtés, avant de se rendormir sur leur siège, d'où ils dardent les alentours avec des yeux vides et vicieux. Mais bon, je ne veux pas trop les critiquer, ce sont des puissants de l'espace et ils sont "dans leur monde" comme on dit.
A présent, et pour conclure, un mot sur les effets-spéciaux. Je me dois d'emblée d'être franc, ils ne m'ont pas fait jouir, et force est de constater qu'à la fin de la séance, mon cerveau n'avait pas éjaculé de pixels blancs comme il peut arriver à moi et mes semblables en pareilles occasions. Les effets-spéciaux sont dans la démesure, c'est de l'étouffe-chrétien, ou de l'étouffe-crétin, je ne sais plus. L'action est illisible quand elle n'est pas tout simplement prévisible. Un plan les résume parfaitement, celle d'une grosse planète entourée d'anneaux qui forment une titanesque ville flottante dans l'espace. Imaginez la terre avec des bouées, et vous aurez une bonne image de ce que sont les effets spéciaux de Jupiter.
Pour en finir, ne craignez pas de ne rien comprendre à l' histoire, le scénario est de toute manière parfaitement manichéen, et "Tout est bien qui finit bien".


Bref, hier soir, j'ai vu une daube...

Créée

le 9 mai 2015

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