Je me souviens de la première fois que j’ai vu « Jurassic Park ». À l’époque, comme probablement tous les gamins de mon âge, j’avais été absolument fasciné par les dinosaures, ces monstres invincibles au potentiel de destruction jubilatoire, devant lesquels la seule issue possible était la fuite. Gamin, je préférais même le second volet, tant j’aimais les scènes avec le Tyrannosaure lâché en pleine ville à San Diego. La qualité médiocre du troisième opus n’avait pas suffi à me faire passer l’envie d’en voir davantage et, des années plus tard, je découvrais la "suite" spirituelle sur le plus grand écran de cinéma du monde à Sydney. Il faut néanmoins se rendre à l’évidence : aucun des films qui a suivi n’arrive à la cheville de ce qu’était l’original.


Adapté d’un roman de Michael Crichton, le film se situe dans un futur proche où l’informatique et la génétique ont fait des progrès significatifs – pour 1993, en 2018 c’est totalement ridicule pour le premier de ces domaines – de telle sorte que des scientifiques ont réussi à recréer des dinosaures en récupérant leur ADN dans des moustiques piégés dans l’ambre depuis 65 millions d’années. Le responsable de ce projet fou, le richissime John Hammond, entend ouvrir un parc d’attractions mettant en scène les fameux lézards du passé. Suite à la mort d’un ouvrier sur le chantier, ses actionnaires réclament une enquête sur la sûreté de ce zoo de type unique, et convient le mathématicien Malcolm et les paléontologues Grant et Sattler pour un weekend sur l’île tropicale où Hammond a fait bâtir son parc.


Evidemment, rien ne se passe comme prévu… l’informaticien responsable des installations électroniques du parc est corrompu, et une tempête tropicale se déclenche, coupant Jurassic Park et ses humains du reste de la civilisation alors que les dinosaures se libèrent…
Le film fonctionne à merveille dans le genre du film catastrophe, dont il reprend les codes – univers clos, nombre réduit de personnages et… un danger mortel qui rôde autour ! Les dinosaures qui servent ici de méchants, surtout les vélociraptors et leur intelligence trop humaine permettent au film de se différencier des autres. C’est là où on l’attend et Spielberg ne va pas décevoir…


Les dinosaures ont toujours fasciné, et le cinéma ne fait pas exception. Il y a quelque chose de particulièrement fascinant à une bête de la taille d’un autobus avec des rangées de dents acérées qui a disparu depuis des dizaines de millions d’années (contrairement à ce qu’en croisent les créationnistes). Mais, même si j’aime les vieux films, il faut reconnaître que tout ce qui vient avant Spielberg est franchement daté et n’est plus trop regardable de nos jours. « Jurassic Park » fait figure de pionnier dans le domaine de l’image de synthèse. L’addition du numérique permet de rendre vivants et crédibles les lézards du passé. Néanmoins, c’est surtout l’équilibre assez subtil entre le numérique et les maquettes – taille réelle pour le T-rex ! – qui donne une apparence tangible aux dinosaures.


Et cela, les "successeurs" de Spielberg ne l’ont pas compris du tout, transformant leurs monstres en amas de pixels qui ne sont plus crédibles pour un sou.


C’est ce qui fait le charme de « Jurassic Park », surtout si on le compare à « Jurassic World » qui sort vingt ans après. C’est un film de passionnés fait par des passionnés ; tandis que le successeur ne s’intéresse qu’à piller les ruines à peine froides du vieux parc pour faire de l’argent. Le parallèle avec l’investisseur cupide et les paléontologues fascinés dans le film s’impose et fait grincer des dents.


À la revoyure, ce qui me frappe aussi c’est le ton du film, résolument humoristique voire franchement parodique parfois : la fin de l’avocat sur le trône des chiottes, toutes les scènes où les gamins sont traumatisés, qui ne seraient plus très politiquement correctes de nos jours, le personnage entier de Malcolm et l’intégralité de ses scènes, les gros plans sur les fesses de Laura Dern lorsqu’elle court pour échapper aux raptors, l’ébahissement de Lex quand elle découvre le système… Unix, et évidemment les raptors à l’intelligence redoutable, qui sont même capables d’ouvrir les portes.


Enfin bref, moi j’aime ce film, avec une ambiance fantastique et qui me vend du rêve depuis la première fois que je l’ai vu. C’est quand même mieux que les espèces de nouveaux trucs qu’on nous sort pour faire du pognon.

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le 22 avr. 2018

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Aramis

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