Le grand retour de la saga de mon enfance. Un retour quasi-miraculeux, mais est-ce que le résultat est au rendez-vous ? On peut dire que oui. Sans être aussi bon que l’indétrônable Jurassic Park, ce film en est surtout un hommage à presque chaque instant. On sent la volonté de rendre hommage à ce premier film, et pour se faire on reprend les deux fers de lance : la manipulation génétique et la folie des grandeurs des parcs d’attraction. Mais cette fois-ci, le film veut nous montrer ce qui se passerait si une nouvelle espèce de dinosaure hybride crée par l’Homme ferait dans un parc déjà bien opérationnel et rempli de touristes.


On peut ainsi séparer le film en 3 grandes parties. La première, à l’image du premier, nous vend résolument du rêve, de la magie en nous renvoyant en enfance pour nous faire découvrir ce parc fantastique et ses attractions extraordinaires. Puis nous avons le seconde partie où la catastrophe se produit et où les gérants du parc essaye de gérer la chose. Je dis bien essaye, parce qu’on se doute qu’ils vont échouer. Si la grosse bêbête ne rencontrera pas au final les touristes, c’est elle qui permet d’instaurer le huit-clos, qui peut se montrer parfois assez effrayant.


Arrive ensuite la troisième partie, où cette fois-ci la vie va trouver elle-même son chemin et résoudre le problème comme une grande. Le tout agrémenté, comme je le disais, de manipulation génétique (une partie presque aussi bien exploitée que dans le premier film), de gestion du parc (où devrais-je dire de l’incompétence chronique des personnes censées s’occuper de la sécurité) et même d’un peu de guerre biologique et course au armement. La nostalgie est également bien présente, avec des clins d’œil et références aux précédents films (l’occasion au passage d’effacer l’affront du troisième film !).


Cependant, comme je le disais, on n’arrive pas au niveau du premier film. La faute à plusieurs raisons. Tout d’abord, il manque ce personnage à la Alan Grant ou Ian Malcolm, capable de sortir des répliques cultes à jamais ancrées dans la mémoire. Et d’ailleurs, il manque en fait de personnages vraiment intéressants. On y retrouve les différents clichés : le gestionnaire qui se la joue cool mais qui est profondément stupide, la responsable de com’ asociale froide et glaciale qui se réveille au milieu du film, le baroudeur qui connaît toute les ficelles et se sort de toutes les situations, les enfants en détresse… Mais voilà, il manque LE personnage qui réussira à porter le film, à le rendre vivant.
L’histoire également, est au final très simplette. Certes, il y a tous ces sujets abordés, mais ils sont extrêmement prévisibles et souvent superficiel. Y compris le fameux « dressage des raptors » qui active des milliards de pixels depuis quelques mois : en soit, le concept est plutôt bien introduit et expliqué (enfin, c’est pas plus WTF que de créer entièrement un nouveau dinosaure à partir de différents ADN), mais il est au final mal exploité et surtout beaucoup trop facile dans ses résolutions. C’est dommage. Il y a également la dernière partie, que j’ai trouvée là aussi trop facilement et rapidement résolue.


Bref, une digne suite du premier film, remplie de références et de clins d’œil, voulant rendre hommage à ce monument du cinéma et y arrivant plutôt bien. Dommage que le reste du scénario ne suive pas totalement.


Concernant le casting, il est globalement moyen. Chris Pratt fait du Chris Pratt, Bryce Dalla Howard du Bryce Dallas Howard, Omar Sy du Omar Sy, Vincent D’Onofrio du Vincent D’Onofrio. Bref, clairement le casting fait son taff et ne va pas chercher plus loin, l’essentiel étant évidemment dans les dinosaures. Ce qui m’amène donc à parler des effets spéciaux. Ce film est là aussi le digne héritier de ses prédécesseurs : les dinosaures n’auront jamais été aussi réalistes, fluides et dynamique ; avec un véritable comportement animal, plus vrai que nature. À cela s’ajoute l’utilisation à plusieurs reprises d’animatroniques bluffant de réalisme. Le film se montre moins terrifiant que le premier (déjà, il se déroule principalement de jour), mais les créatures nous feront parfois bien sursauter. D’ailleurs, la 3D saura se montrer immersive la plupart du temps (participant à nous faire sursauter, notamment avec les raptors), même si là aussi elle n’est pas franchement utile pendant tout le film.


Sur le reste, la nostalgie est le maître mot à tous les niveaux : que ce soit dans les décors, la musique ou la mise en scène. Les décors sont tout simplement sublimes, participant à créer cette impression de pur rêve quand on arrive dans le parc plus vrai que nature (les détails sont innombrables et incroyables), et bien sûr à rendre là-aussi un petit hommage au premier film. La mise en scène également, dans un style assez proche de celui de Spielberg tout en faisant plus spectaculaire pour s’adapter au cahier des charges actuel pour un film de cet acabit. Et bien sûr, là aussi du rêve, des clins d’œil, des hommages ici et là. Et la musique dans tout ça ? Michael Giacchino se voit confier de prendre la suite de l’œuvre devenue légendaire du dieu JW, et il s’en sort plutôt pas mal. Là aussi, Giacchino tente de créer du nouveau, de s’approprier le film et son ambiance sonore pour à la fois rendre hommage et s’adapter aux films actuels. Et il y arrive plutôt bien.


Néanmoins, que ce soit pour la mise en scène, les décors, la musique ou les effets spéciaux, l’arrivée dans le parc sera probablement l’une des scènes les plus fortes du film, où chacun des partis s’efface pour laisser place à la nostalgie du premier film. Speilberg l’a inventé : il n’y a pas 36 façons de filmer l’arrivée sur Isla Nublar. Rien que cette scène justifie à aller voir le film en IMAX 3D.


Jurassic World arrive donc après près de 15 ans d’attente d’une suite qui s’est bien fait sentir. Une attente longue, palpitante qui aura suscité à la fois beaucoup de craintes et aussi d’espoir. Au final, le film réussit plusieurs points : relancer la franchise pour un nouveau public, effacer de nos mémoires cette blague de troisième film et rendre hommages aux fondements de la franchise. Cependant, il faut se rendre à l’évidence, beaucoup dans ce film est essentiellement du fan-service pur, justement pour parvenir aux différents objectifs. En soit, le film n’est pas aussi extraordinaire et se rapproche ainsi beaucoup de Jurassic Park II : Le monde perdu (les deux se valent à peu près d’ailleurs). Un film devant lesquels les fans se régaleront et n’hésiteront pas à revenir (enfin, c’est en tout cas mon cas) ; mais le reste du public y verra sans doute là un autre film de monstres.

vive_le_ciné
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le 12 juin 2015

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