Près de 11 années sont passées depuis que Steven Spielberg a annoncé officiellement vouloir s'investir dans la production d'un nouveau volet de la franchise Jurassic Park. Depuis 2002, plusieurs noms de réalisateurs sont cités pour réaliser le 4ème opus, Micheal Crichton décède le 4 novembre 2008 et le projet prend du retard. En Mars 2013, Universal Pictures officialise Colin Trevorrow à la réalisation de Jurrasic World.


6 Mars 2013, Siège social de la Universal City, Los Angeles.


Il fait chaud à L.A., il est 14h13 et le soleil est au zénith. Une fine couche d'eau translucide apparaît au loin sur la route bordée de palmiers. Nous ne sommes pas au pays de l'or noir mais bien dans la citée des anges, là-bas où tous les rêves sont accessibles, moyennant quelques biftons. Et voila qu'apparaît à l’horizon la silhouette chaloupée d'une Citroën DS 23 Cabriolet. A son volant, un sexagénaire aux cheveux grisonnants et lunettes de vue d'avant-guerre (de Sécession), il immobilise sa voiture au niveau du poste de garde, tape la bise au mec de la sécurité, range son véhicule à l'unique place ombragée du parking et entre par la petite porte du bâtiment. Cette personne, c'est Steven Spielberg. On ne l'introduit pas, on le suit et on se tait. Le réalisateur monte les marches d'un escalier sans aucun charme singulier et stoppe son ascension devant une porte boisée située au second étage. Il frappe un coup, on vient lui ouvrir.


Colin Trevorrow : - Enfin vieux débris, on avait dit 14 heures pétantes. J'étais à deux doigts de partir pour aller récupérer ma gamine à l'école. Mais maintenant que t'es là, tu vas poser ton cul sur ce fauteuil et ouvrir bien grand tes oreilles.


Steven Spielberg : - Et ta fille?


C.T. : - Quoi ma fille? Mais on s'en branle, elle à qu'à se démerder toute seule. Moi à son âge ça faisait longtemps que je bossais. Et puis c'est pas un marmot de 6 ans qui va m'empêcher de m'épanouir. Je suis au top de ma carrière moi, toi tu peux pas comprendre, tu fais partie des has-been. Hum ? Ah ah il est con lui, assieds toi va et roule moi un pétard tant qui t'y es, fais pas ton juif !


S.S. : - Je... Je ne fume pas de drogue.


Malgré le regard lancé à son interlocuteur, entre le dégoût et la pitié, Colin Trevorrow poursuit :


    - Bon, tu sais pourquoi je t'ai fait venir ? Les gars d'ici m'ont convié à la tache de multiplier par dix le budget qu'ils avaient conservé pour la réalisation d'un Jurassic Park. Je ne te cache pas que j'ai hésité un moment avant de leur dire "oui". On ne vas pas tortiller du cul pour chier droit (en anglais dans le texte), je vais te le dire franco : ton Jurassic Park je ne l'avais jamais vu. Ils m'ont filé le DVD hier soir pour que je me fasse un aperçu du machin. Sans déconner, c'est pas mauvais. Ça a beaucoup plus de gueule que tes films sur les martiens ou les aventures d'un gars de l'INRAP là.

S.S. : - Tu veux parler d'Indiana Jones?


C.T. : - Oui, si tu veux. En tout cas je te félicite, j'ai bien accroché, même que je vais m'inspirer de quelques passages pour le script de Jurassic World. Il pète ce titre tu ne trouves pas? C'est pas un petit zoo de tarlouzes, c'est le Monde ! Le Moooooonde !
Bon je te la fait courte et je t'apporterai des précisions si t'as pas tout compris. L'action se passe sur une île, au large du Costa Rica. Des infrastructures de dingue ont été aménagées pour y accueillir toutes sortes de dinosaures. Des petit, des gros, des dégueulasses et y'en a même qui volent dans une grande cage. C'est le complexe d'attraction le plus rentable sur terre depuis Disney Land, t'imagines le truc? Quoi?


S.S. : - Et bien excuses moi de te couper dans ton élan mais... Dans Jurassic Park, l'histoire se déroule dans un parc à thème, sur une île, où des dinosaures sont exposés comme des animaux de foire.


C.T. : Oui mais attends, à la différence de ton parc sans visiteurs, mis à part deux ou trois paumés qui se prennent pour des intellectuels, le mien, il est blindé de monde. Y'a de tout mon gars : des gosses, des vieux, y'a même des chinois avec leur appareil photo. Contrairement à ton poulailler, Jurassic World c'est encore plus visité que la chnek de Paris Hilton. D'ailleurs des hôtels de luxe il y en a partout. C'est bourré de restaurants, de magasins, et tu peux même visiter les labos, il y en a pour tous les goûts.


S.S. : - D'accord...


C.T. : - Et maintenant, place à l'attraction. En voyant ton film je me suis dit que c'était bien des dinosaures, c'est original et ça fait peur aux gosses. Sauf que là haut il me l'ont dit que si je n'apportait pas un plus d'adrénaline, de la nouveauté quoi, et béh ils n'allaient pas attendre 50 ans pour me remplacer par Michael Bay.


S.S. : - Et du coup?


C.T. : - Et du coup j'ai innové. Avec les gars des effets spéciaux on a travaillé sur un nouveau dinosaure. Un concept de malades, à faire passer le T-Rex pour une fillette. Déjà le nom : l'Indominus Rex, le premier dinosaure façonné par la main de l'homme, enfin, celle d'un chinois. Une sorte de Roy Batty en plus badass. Capable de soulever une voiture avec ses bras, de se camoufler dans la jungle et d’extraire de son corps des petits objets phalliques. Et puis c'est un tueur le machin, il chasse pour le plaisir et détruit tout ce qui croise son chemin. Je pense que j'ai créé le prédateur ultime.


S.S. : - Oui c'est pas mal, mais les hommes dans tout ça? Il y a bien une interaction avec des acteurs, des vrais, non? Des émotions, des rebondissements, de quoi faire frissonner le spectateur autrement que par le visuel.


C.T. : - Mais bien sur qu'il y a des acteurs et des sentiments dans mon film, tu m'as pris pour une machine à fric? D'ailleurs j'ai engagé les meilleurs : la fille du rouquin, Chris Pratt et Omar Sy.


S.S. : - Omar qui?


C.T. : - Sy ! Un français « à la mode »... La meuf elle gère l'activité du site. Assez carriériste et avec beaucoup d'ambition. Elle refuse toute idée de mariage et encore moins de procréation, une femme d'aujourd'hui en gros. Le héros il est plus sauvage, un type de la nature, une sorte d'aventurier qui s'est lancé dans le dressage de vélociraptors.


S.S. : - Le quoi?


C.T. : - Le dressage de vélociraptors ! On dresse bien les singes, pourquoi pas les dinosaures ? Pas con hein?! Pour ce qui est du français, je ne lui ai pas encore trouvé de rôle. On me l'a imposé en même temps, lui et le chinois. Je suis obligé de respecter le quota, c'est comme ça. Je vais essayer de lui pondre deux répliques et basta. A la base je voulais le garder pour faire la voix d'annonces du parc, mais il galère trop en anglais, c'est mort.
Oh et puis y'aura deux gamins dans le film, les neveux de la rouquine.


S.S. : - Un garçon et une fille plus âgée je suppose...?


C.T. : - Nan, deux p'tits gars. Je vais les mettre derrière une vitre en plexiglas et de l'autre côté il y aura le dinosaure, prêt à tout pour les déchiqueter. Bien non?


S.S. : - Oui ça me parle...


C.T. : - Il seront dans des positions délicates, esseulés, sans le soutien des adultes, un dépucelage reptilien quoi.
J'introduirais également Vic Hoskins, le responsable de la sécurité prêt à tout pour s'emparer des éprouvettes du labo et tout le reste de matos. Mais il se fera dévorer par un vélociraptor sans avoir le temps de dire "au revoir". Comme quoi il sera profond ce film, et moralisateur.


S.S. : - Pourquoi il est pas informaticien le Hoskins?


C.T. : - Parce que je veux de l'action moi.


S.S. : - Et elle se finit comment cette histoire?


C.T. : - Aucune idée, j'ai pas encore terminé le script mais je sens que ça va envoyer du lourd. Des explosions, de la baston, des rebondissements pour maintenir le spectateur collé au siège jusqu'au générique de fin. Par contre je commence à tourner demain, il ne me reste que cette nuit pour écrire la dernière demi-heure. Ça va être Rock'n'roll !


S.S. : - Je pense que tu tiens quelque chose et que j'irai le voir à sa sorti au cinéma avec ma DMC12, d'ailleurs je n'aurais pas de mal à m'imaginer en 1993.


C.T. : - Bah tu me fais plaisir papy, de toute façon je suis lancé et rien ne m’arrêtera. J'ai même un rendez-vous chez Lego à 18h00 pour dédicacer une centaine de boites. Ça va être short pour écrire la fin mais on va se faire des couilles en or, et ça c'est un peu grâce à toi.
Par contre, je ne te demande pas de sortir mais si tu pouvais le faire ça m’arrangerait parce que j'ai du taf.


La suite on l'a connaît...

Bomby
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le 12 juin 2015

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Bomby

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