"Jurassic World" rate de peu le statut enviable de nanar-culte, ce genre de "film" dont on adore rigoler entre amis, et qui laissera ensuite un vague sentiment nostalgique, et un peu nauséeux quand même. De peu, on va dire de quelques millions de dollars dans des effets spéciaux hideux qui auraient été avantageusement remplacés par de beaux costumes en caoutchouc, parfaitement cohérents avec le scénario d'une bêtise apocalyptique : entre leur talent pour courir pendant deux heures dans la jungle en talons hauts ou pour gratouiller les écailles des vélociraptors, les raisons de s'esclaffer aux dépends de nos "héros" ne manquent pas… Totalement décalqué de l'original de Spielberg - pas un chef d'œuvre non plus, ne l'oublions pas ! - mais sans aucune idée de ce que signifie mettre en scène, "Jurassic World" a en outre un attribut qui est en général caractéristique des films B (ou Z…), c'est qu'il est aussi un commentaire "méta" (comme on dit de nos jours) sur sa propre origine : en comparant la voracité des dirigeants du parc d'attraction avec ceux de Hollywood, et le besoin de spectacles de plus en plus extrêmes de la part du public du parc avec celui des blockbusters, les scénaristes de "Jurassic World" font preuve d'un humour étonnant… même si l'on craint quand même qu'il s'agisse plutôt d'un cynisme abject. Bref, devant une telle débâcle, incapables que nous sommes de ressentir la moindre émotion, voire même empathie avec des personnages-baudruches qu'on adore voir dévorés, il ne nous reste qu'à rire bêtement en gobant notre pop corn. Il y en a qui appellent encore cela du "cinéma". [Critique écrite en 2015]