Si Fallen Kingdom jongle entre miracle et cataclysme parmi ses thématiques, son visionnage y fait écho d’une manière peu flatteuse : car si je me félicite aujourd’hui de ne pas avoir dépensé de deniers du temps de sa sortie sur grand écran, le bousin n’en demeure pas moins une catastrophe sous toutes ses coutures. Pire encore, la tendance serait plutôt à l’accusation pure et simple tant le film de Juan Antonio Bayona semble nous prendre pour des idiots : faut pas abuser non plus !
Car contrairement à Jurassic World, qui s’empêtrait dans une verve référentielle malhabile mais somme toute (parfois) sympathique, sa suite officielle verse dans un tel excès de redites forcées que c’en est littéralement pathétique : intrigue prévisible de A à Z, péripéties et rebondissements artificiels, personnages archétypaux traités par-dessus la jambe et j’en passe et des meilleurs... rien ne va.
Dire que Fallen Kingdom est un ratage en bonne et due forme tiendrait pourtant de l’euphémisme, celui-ci parachevant la mise à mort d’une franchise majeure du cinéma fantastique : le travail de Crichton et Spielberg n’est ici plus qu’un lointain souvenir, l’heure est au deuil... encore que l’on puisse débattre de la pérennité de Jurassic Park en tant que franchise, l’opus originel n’ayant jamais eu de successeur à sa pleine mesure. Mais la dégringolade semblant franchir le point de non-retour avec le dernier-né du lot, difficile de ne pas l’assimiler au clou (mortuaire) du spectacle.
Piochant allègrement dans les précédentes intrigues, celui-ci nous dépeint donc avec un savoir-faire éloquent un tableau sans originalité aucune, le consensualisme du blockbuster hollywoodien standard agissant de surcroît tel un nappage fadasse. Seule partie un tant soit peu divertissante, (ce qui précède et) le retour sur l’île cumule néanmoins tellement de maladresses qu’il est impossible d’y croire ne serait-ce qu’une seule seconde : l’introduction nocturne régurgite de vilains poncifs (le mosasaure est un bel acrobate), Ian Malcolm passe faire coucou à la caméra dans une veine « Freemanienne » (chose confirmée par ses sages paroles venant mettre un terme à notre souffrance), on nous ressort le coup du milliardaire empathique et de l’opération en mode traquenard, le tout saupoudré de péripéties toutes plus transparentes les unes que les autres (inutile de s’attarder sur l’incohérence des nuées ardentes).
À ce stade du visionnage, pouvions-nous toutefois nous douter que le second acte serait encore plus médiocre ? La question se pose tandis qu’est placé sous le feu des projecteurs un nouvel hybride : épouvante plate à mourir faute d’une réelle atmosphère (étant omniprésent à l’écran forcément), coup de vice « cartoonesque », motivations militaro-financière encore et toujours DÉBILES à souhait, règne de la prévisibilité (et du clin d’œil fainéant)... quel cauchemar, vraiment ! C’est d’autant plus ahurissant que Fallen Kingdom échoue lamentablement à tirer parti de thématiques fortes, clonage, éthique etc. étant réduites à de vulgaires composantes d’un tout pathétique.
Bref, les illustrations du naufrage ne manquent pas, mais il serait malvenu de poursuivre en une vaine énumération : Fallen Kingdom ne mérite de toute façon pas que l’on s’attarde davantage sur son cas. Il est temps de jeter l’éponge : les dinosaures, c’étaient définitivement mieux avant.