3 ans après le déplorable Jurassic World de Colin Trevorrow, c’est devant la caméra de Juan Antonio Bayona (réalisateur du sympathique mais un brin décevant Quelques minutes après minuit, dont on sentait l'influence de Steven Spielberg), que nos amis les dinosaures sont de retour pour de nouvelles aventures. Un choix artistique qui semble logique pour redonner des couleurs à une franchise se contentant d’amasser des dollars en oubliant de nous raconter une histoire et en se reposant sur le rayonnement intemporel de l'originel Jurassic Park.
Un sympathique début. Après une introduction mettant en scène deux monstrueux dinosaures se jouant de méchants humains, on retrouve les futurs protagonistes de cette nouvelle aventure. Les retrouvailles entre Owen Grady (Chris Pratt) et Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) est agréable, ça donne un peu d'espoir pour la suite, grâce à quelques touches d'humour. Après ce moment de détente, place aux choses sérieuses. On prend la direction de l’île, où réside les dinosaures, dont le volcan est entré en éruption, pour en sauver certains dont Blue, le vélociraptor élevé par Owen. Un projet financé par Benjamin Lockwood (James Cromwell), mais se déroulant sous le contrôle de Eli Mills (Rafe Spall). Owen et Claire sont accompagnés de Franklin (Justice Smith) et Zia Rodriguez (Daniella Pineda), deux clichés ambulants mais pas désagréables. Ils vont être accueillis par Ken Wheatley (Ted Levine) et son équipe de gros bras. A partir de là, le film se dégrade inexorablement, jusqu'à un lamentable dénouement final.
Au milieu de tous ces personnages, j’en oublie presque la présence de Ian Malcolm (Jeff Goldblum) devant un tribunal, qui nous fait la morale sur la dégradation de notre société, avide d’argent aux dépens de notre planète et bien-être, ce qui va signer la fin de notre civilisation. Son propos n’est pas inintéressant, mais c’est toujours très drôle d’entendre cela dans un blockbuster dont le seul but est de nous divertir en vidant nos esprits pour remplir les caisses de la production.
Après cette interlude, revenons à nos moutons, où plutôt nos dinosaures. Le retournement de situation n’est pas vraiment une surprise, vu que Rafe Spall et Ted Levine interprètent souvent des gens peu fréquentables, sauf que c’est débile, à l’image d’un Owen sous anesthésie échappant péniblement à la lave en fusion s’écoulant du volcan. Avant de se mettre à courir avec Claire et Franklin au milieu des dinosaures pour fuir une mort certaine, sauf pour nos trois héros, évidemment. Après d’autres péripéties, ils vont réussir à monter à bord du cargo des méchants et assister impuissant à l’émouvante mort d’un diplodocus, qui va nous mettre la larme à l’oeil. Un rare moment d’émotion dans un film qui va continuer de se perdre entre les murs de l’immense demeure de Benjamin Lockwood, où se trouve sa petite fille Maisie (Isabelle Sermon), qui va se révéler pénible et surtout, un petit peu conne.
De l’immensité d’une île, offrant de nombreuses possibilités qui ne seront pas exploitées, on passe en un lieu plus restreint, celle d’une demeure dans laquelle les dinosaures vont pouvoir se régaler, alors que nos héros vont constamment flirter avec la mort, sans parvenir à conclure, c’est un peu décevant. Certes, on sait bien qu’ils ne vont pas mourir, mais si par inadvertance Franklin se retrouve dans la mâchoire d’un T-Rex où vélociraptor, on ne va pas trop s’en plaindre tant le gars finit par être pénible, surtout qu’on se rappelle où on avait déjà vu sa fragilité, dans la poussive série de Baz Luhrmann, The Get Down. On souhaite le même destin à Maisie, mais nous sommes dans un spectacle familial où le sang se fait discret, même quand on se fait arracher un bras, dommage.
On ne va pas s’ennuyer durant la séance. On va même apprécier la relation entre Owen et Claire, quelques plans sublimes et une petite pointe d’humour, mais cela ne fait pas un film. Le scénario est catastrophique, avec la création d’un nouveau super dinosaure, de méchants nullissimes (la palme revenant à un Ted Levine monolithique et caricatural), à la vente des dinosaures rescapés à de riches gens à la recherche du frisson de l’interdit, au sein desquels émerge un russe pas très sympa, car au milieu des méchants américains, il fallait compenser en casant un russe, qui reste le symbole du mal pour eux, comme les musulmans, hispaniques, noirs, bref le reste du monde. On retient aussi la scène de la chambre, se poursuivant sur les toits, qui atteint des sommets d’absurdité, dont le but est surtout d’alimenter la bande-annonce en images titillant la curiosité du spectateur. Bref, à chaque nouveau Jurassic, c’est un peu de l’esprit de l’oeuvre originale qui meurt à chaque fois.
Pour conclure, Ian Malcolm va à nouveau nous donner une leçon de vie, en nous incitant à ne pas voir le prochain Jurassic World. Non, ce serait trop beau. Il va encore nous faire la morale, en nous disant que nous sommes des gens pas très très bien, car on ne prend pas soin de notre planète, mais il faut que cela cesse, en apprenant à vivre ensemble et en se gavant de pop-corn devant de grosses productions débilitantes. Merci à Jeff Goldblum d’être passé nous voir, ce ne fût pas un plaisir, à l’image d’un film moins médiocre que le précédent, mais qui reste tout aussi nullissime.