Le "Fallen Kingdom" survit surtout grâce à Juan Antonio Bayona, le réalisateur espagnol au CV sérieux, qu'on a été bien inspiré de mettre à la barre. La course-poursuite délocalisée dans un manoir, où vivent l'un des pères des dinosaures et sa petite fille, a tout du Gothic horror pictures show, spectaculaire et très classe. Des images et des séquences inoubliables comme les jeux d'ombres entre le visage de l'enfant prodige et le museau reptilien de la dernière merveille génétique, les griffes du dinosaure avançant sur l'écran, les retrouvailles de Blue, le raptor, et Owen, la fin terrassante d'émotion du diplodocus dont le grand corps s'évapore dans une nuée volcanique (j'ai pensé à E.T)...la petite Maisy poursuivie par l'effroyable monstre génétiquement modifié (qui rendrait presque le bon vieux tyrex charmant) sur l'arête de l'immense verrière du musée d'Histoire naturelle privé, m'a rappelé cette longue séquence onirique de "La Nuit du chasseur" et sa terreur enfantine. Chris Pratt est impecc. Bref, ce nouvel épisode repasse loin devant le précédent. Malheureusement, les scénaristes bafouillent un peu et ne sont pas à la hauteur du spectacle. Quant au fond, on reste dans le débat éthique caricatural de l'apprenti sorcier, du scientifique fou dépossédé de sa création par des technocrates militaires et des enjeux financiers. Jeff Goldblum a bien du mal à faire avaler la sauce. Beaucoup moins fin et visionnaire que les derniers volets de "La Planète des singes". Un dernier épisode qu'on ne mettra donc pas au top de la Jurassic saga. Laura Dern m'a manqué.