The Lost Park : Jurassic World

(non en vrai c'est un meilleur titre, qui rend hommage à la saga, qui correspond au film, et qui en plus assume l'héritage de la suite de Spielberg, bref...)

Je n'attendais rien du film, la campagne marketing a été affreuse, notamment avec des trailers plus mauvais les uns que les autres, et une histoire qui puait le réchauffé. Une excitation aussi minimale, ça me fait pour un film de la saga Jurassic Park, le premier est à jamais mon film préféré, et ce serait bien que The Lost World perde enfin son statut de meilleure suite, parce qu'il y a clairement la place pour faire mieux. Attention, spoilers.

La scène d'ouverture a suffit à calmer tous les doutes que j'avais sur le film. L'ambiance, la technique, la photographie, la montée progressive de la menace, puis l'urgence de la situation, d'entrée de jeu on a une des meilleures scènes de la saga, et ce plan sur l'ombre du mosasaure, bonté divine, c'est difficile de mieux commencer un film. La réalisation est le principal point positif de Fallen Kingdom, Bayona arrive à rendre ce film spécial et très distinct des précédents films, sans toutefois perdre l'âme de la saga. Il dirige ce film comme un maître, que ce soit pour induire la terreur, la photographie, les émotions, les effets visuels, ou encore les acteurs, tout est maîtrisé à la perfection, ce qui est une bouffée d'air frais après la réalisation insipide du premier Jurassic World. Le film est aussi rempli de subtils hommages aux volets précédents, particulièrement dans la mise en scène, c'est ultra gratifiant à repérer et en plus on sent que Bayona est lui aussi un gros mordu de la saga pour aller chercher certains de ses hommages.

Je ne m'y attendais pas, mais il y a des moments absolument géniaux tout au long du film, certains étant déjà parmi mes préférés de la saga. J'ai déjà mentionné l'excellente scène d'ouverture, et si rien n'arrive à l'égaler, d'autres scènes valent le coup d’œil. Je ne m'attendais pas notamment à ce que l'Indoraptor soit un si bon méchant, et surtout qu'il arrive à être effrayant, mais voilà, la poursuite avec Maisie dans le manoir était excellente et un gros point positif du film, surtout avec cette iconisation de l'Indoraptor et son design tout droit issu d'un cauchemar, en particulier ses griffes.

Ensuite la destruction d'Isla Nublar a été très émotionnelle, ayant vu Jurassic Park un bon millier de fois, j'ai passé tellement d'heures en compagnie de cette île que la voir partir en fumée m'a fait versé une petite larme, surtout si on ajoute le très beau plan sur le dinosaure à long cou (je ne vais même pas essayer de prétendre que je sais duquel il s'agit de tête) qui périt avec l'île.

Au niveau des personnages, bonne surprise car la plupart des gentils sont intéressants, ce qui est une grosse amélioration par rapport à Jurassic World. Claire (Bryce Dallas Howard) est beaucoup plus appréciable et attachante, sans oublier le fait qu'elle a enfin une personnalité. J'ai aussi aimé le développement de la relation entre Blue et Owen (Chris Pratt), outre le fait que bébé Blue est ultra mignon et que si une figurine sort je fonce dessus tel l'esclave du capitalisme que je suis, ça m'a rendu plus attentif et plus compréhensible à ce que les deux entretiennent, ça améliore même le premier film. Mon personnage préféré du film est cependant Maisie (Isabella Sermon), qui est ultra attachante et je me suis identifié à elle ultra facilement, que ce soit grâce à son caractère, ou sa passion des dinosaures, c'est l'héritière de Lex et Tim, et en plus c'est une très bonne actrice pour son âge. Je ne sais pas quoi penser de la révélation sur elle, le fait qu'elle soit un clone, sachant que le film non plus ne sait pas quoi en penser, c'est dommage de balancer une telle révélation, de nous dire que le clonage humain existe dans cet univers, pour au final en faire un élément aussi inconséquent.

Dans l'ensemble, j'ai énormément apprécié le premier et le troisième acte du film, qui sont à mes yeux excellents, par contre le deuxième, qui tourne autour de la vente aux enchère, est nul à chier. Les méchants joués par Rafe Spall et Toby Jones sont tout droit sortis d'un cartoon, ce qui crée un gros contraste avec le ton qu'avait établi le film. De plus, leurs motivations sont évidemment l'argent, comme si c'était déjà pas suffisant d'être un multi-milliardaire et que la solution la plus simple pour augmenter son patrimoine était la vente de dinosaures au marché noir, c'est tellement con que ça ferait presque passer le méchant de Vincent D'Onofrio dans Jurassic World pour Hans Landa. Même chose pour le méchant militaire joué par Ted Levine, la seconde où il apparaît, j'ai su qu'il allait être aussi cliché qu'on peut l'être, et avec son délire de collectionner les dents des dinosaures, ça en fait carrément une sous version du personnage de Pete Postlethwaite dans The Lost World, qui lui était justement un personnage qui avait tout du cliché au premier abord, mais qui s'est révélé au final l'un des personnages les plus intéressants de la saga. Ici, son personnage est débile comme c'est pas permis juste pour faire avancer l'histoire artificiellement, ce qui m'a sorti du film pendant un petit moment. Le seul bon truc c'est la jouissance ressentie quand le karma leur revient en pleine gueule.

Un autre défaut du film est sa gestion du rythme, certains éléments sont expédiés beaucoup trop rapidement, comme l'évacuation d'Isla Nublar, qui aurait pu bénéficier d'un bon quart d'heure supplémentaire pour installer plus de tension, comme pour l'attaque du carnotaurus, les trailers avaient peut-être spoilé l'issu de la confrontation, mais le T-Rex arrive deux secondes après l'apparition du carnotaurus, et il repart après l'avoir buté, c'est un peu con. D'ailleurs en parlant de con, Chris Pratt qui essaie de s'éloigner de la lave quand il est au sol après avoir été tranquillisé, je sais pas si c'est hilarant parce que c'est vraiment hilarant ou parce que c'est totalement ridicule et pas du tout en osmose avec le ton du film, mais au moins c'est... hilarant. Pour revenir sur le rythme, la partie centrale du film s'éternise comme jamais, rien n'avance, les personnages sont caricaturaux au possible, ça aurait pu être pardonnable si ça avait été expédié, mais en l'état, c'est indigeste. Quant à la dernière partie du film, elle aurait elle aussi gagné à avoir quelques minutes de build up supplémentaires, car la mort de l'Indoraptor est expédiée et la tension disparaît trop rapidement.

Un autre problème du film est lié à ses prédécesseurs, notamment The Lost World. Dans ce film le sujet principal est la ré-extinction des dinosaures à cause de la destruction de l'île, les dinosaures sont qualifiés comme les derniers de leur espèce, mais c'est juste pour Isla Nublar. Logiquement il y a encore tout un monde perdu (eh eh) sur Isla Sorna, donc le dilemme moral ne serait pas si fort. J'aurais compris si le film avait pour volonté de retcon The Lost World et Jurassic Park 3, mais un des personnage mentionne spécifiquement l'île à un moment, ce qui signifie qu'elle existe toujours dans la continuité. Donc, si quelque chose est arrivé sur Sorna, pourquoi ne pas glisser une ou deux lignes de dialogues pour expliquer la situation, car à moins de n'avoir que les films de la saga prenant place sur Nublar, c'est plutôt déroutant. Ou alors le film évite spécifiquement de mentionner The Lost World directement pour ne pas qu'on remarque les énormes similitudes avec ce film.

Quant à la fin du film en elle-même, je suis partagé, d'un côté c'était la seule façon pour que la saga évolue, mais ça n'a pas l'air si grave. Des dinosaures se sont échappés, ok, mais pas énormément, et comme il me semble qu'il n'y en n'avait qu'un par espèce (en tout cas pour les carnivores), il ne pourront pas se reproduire, un T-Rex, un Raptor et plein d'herbivore dans la nature, ils vont être facile à remarquer, donc facile de s'en débarrasser, c'est pas comme s'ils avaient tous été capturés au début du film. Les deux seuls à poser potentiellement problème sont le mosasaure, mais il ne pose aucun problème sur la terre ferme, donc on s'en branle un peu, et les ptérodactyles, mais après chaque film de la saga où ils semblaient être libre, ils ne se sont jamais dirigé vers les zones peuplées. Et je sais que dans la scène post générique on les voit à Vegas, mais c'est peut être pour fêter le mariage d'un des leurs.

Pour moi le plus gros problème du film est son scénario, les motivations des personnages sont parfois très douteuses, certains personnages sont ridicules, d'autres gâchés, comme James Cromwell joue une copie de Hammond qui clone sa fille, et qui meurt comme une merde au milieu du film après n'avoir rien fait. L'histoire n'aide pas du tout les personnages à être mis en valeur, même si des progrès sont faits par rapport au premier film, trop de valeur est accordée à la partie centrale du film, qui est à la fois la plus clichée et la plus chiante. Certaines révélations du film sortent de nulle part et ne sont jamais mentionnées après, comme le fait que Maisie soit un clone, était-ce vraiment nécessaire ? Je pourrais continuer longtemps sur l'écriture désastreuse de ce film, qui en plus n'est pas très originale au sein même de la saga, beaucoup de choses sont reprises à The Lost World, mais sont souvent de pâles copies du film de Spielberg. Le seul très bon point du scénario est l'insistance qu'a le film sur la cause animale, forcément j'y suis très sensible, mais là encore, c'était abordé plus subtilement dans The Lost World.

Heureusement, Bayona arrive à imposer son style sur la totalité du film et rendre très appréciable un film qui sans son talent derrière la caméra serait un nanar de compétition. C'est triste de se dire qu'il ne reviendra pas sur le troisième volet et que Trevorrow sera de retour pour le réaliser, lui qui manque cruellement de style. Bayona réussit à nous faire ignorer les points faibles du scénario (en gros, le scénario) en nous donnant toujours quelque chose de très beau visuellement, des émotions, des frissons, il fait tout ce qu'il peut pour détourner l'attention et ça marche pendant deux tiers du film.

Concernant les effets visuels, j'ai trouvé les dinosaures beaucoup plus convaincant que dans Jurassic World, c'est sans doute lié à la luminosité et à la façon de filmer de Bayona, par contre là c'est pas forcément les effets spéciaux qui sont mauvais, mais certains dinosaures font trop lisses, et d'autres ont une texture qui ne fait pas très naturelle (je dis ça comme si mon coloc était Denver). C'est triste à dire, mais je trouve toujours que les effets de 1993 n'ont toujours pas pris une ride et sont toujours meilleurs que ce qu'on a actuellement dans la saga. La 3D est quant à elle une grosse arnaque, ce qui est dommage car je trouvais qu'il y avait un minimum de travail réalisé en la matière dans les derniers films que j'avais vu, mais là il n'y a même pas un seul effet de profondeur, c'est plat comme c'est pas permis.

Pour la musique de Michael Giachinno, je n'ai pas trouvé ses nouvelles compositions très mémorables, mais elles s'accordent bien avec ce qu'il se passe à l'écran. Et cette fois, il abandonne presque totalement le thème de l'original pour reprendre à la place ses très bonnes compositions du volet précédent. Du coup on n'a pas à se taper l'aberration qu'était le thème légendaire de John Williams se jouant pendant qu'on voyait des putains de batiments moches à l'écran.

Enfin, concernant les deux survivants de Jurassic Park encore à l'écran, il n'y a pas beaucoup de choses à se mettre sous la dent, Henry Wu (BD Wong) continue son heel turn sorti de nulle part et s'enfonce encore plus dans le cliché du savant fou. Quant à ce cher Dr Ian Malcolm (Jeff Goldblum), on a littéralement vu toute sa performance dans les trailers, il a du être bien payé pour sa matinée sur le lieu de tournage, non pas que ça me fasse chier, ça aurait été con d'impliquer Ian Malcolm dans l'histoire directe du film, mais le voir me fait toujours plaisir, donc ça reste un bon compromis entre les deux.

Pour conclure, j'ai beaucoup apprécié ce film rempli de défauts pour trois raisons, les dinosaures, la gamine, et la réalisation de maître de Juan Antonio Bayona, qui sauve ce film d'un funeste destin et délivre quelques unes des meilleures scènes de la saga.