Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare… mais qu’est-ce que c’est ce titre ? Moi aussi, j’ai fait un titre aussi long pour ma critique et encore, j’aurais pu rajouter : « corrélées à des études d’impact sur le comportement humain de la connaissance de sa finalité proche » mais bon, je ne suis pas maso non plus et en plus, on aurait cru à une thèse. M’enfin, je gueule mais j’aime beaucoup ce titre, très romantique. Le genre de phrases que vous déclarez à une fille dont vous essayez de ravir le cœur.

Un tel sujet colle mal avec le genre comédie romantique, d’un parce que bon la fin du monde, c’est quand même vachement dépressif (prouvé par Melancholia) et de deux, qui dit fin du monde dit explosion des barrières sociales, une clôture pourtant nécessaire pour alimenter les tenants de la joute amoureuse. On pouvait à s’attendre à une mise en arrière-plan de l’épée de Damoclès (lorsque le film commence, il est clairement dit que la destruction de la Terre surviendra dans trois semaines) et c’est le cas après la mise en route sur une soirée mondaine où les convenances sociales se fracturent petit à petit (on fait boire les gosses, on prend de l’héroïne). Notons aussi le clin d’œil (volontaire?) à Armageddon où une expédition est envoyée sur l’astéroïde pour la détruire.

Cette première partie est assez jubilatoire même si on peut regretter une certaine limite surtout dû au politiquement correct (ça me faisait regretter quelques planches d’une bande dessinée de Franck Marguerin sans politiquement correct où après la connaissance de la fin du monde, les gens dérivaient dans le n’importe quoi, partouze en pleine rue par exemple, et se retrouvaient tous comme des cons quand la fin du monde n’est pas survenue). On en voit tout de même des belles dans Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare mais là n’est pas vraiment le sujet qui intéresse Lorene Scafaria, scénariste et réalisatrice du film.

Le point central est le personnage de Steve Carell, un homme légèrement dépressif car alors que depuis l’annonce de la fin du monde les gens vaguent à leurs rêves les plus fous (coucher un max, transgresser les interdits), celui-ci n’a pas vraiment de but. Il erre comme une âme en peine au milieu de ces vivants comme un déchet de l’ancien monde (il continue à aller au boulot). Il fait la connaissance de sa voisine, superbe Keira Knightley très émouvante ici – le genre de fille bourrée de fêlures et dont on tombe facilement amoureux (et c’est un détracteur de l’actrice qui le dit), et surtout d’une lettre d’un ancien amour de jeunesse qui lui déclare sa flamme. Il n’en faut pas plus et il part sur la route pour la retrouver avec Sorry, un chien abandonné et Keira par le pur hasard du sort ou plutôt des émeutes.

La suite est un road movie assez classique avec les différentes étapes obligatoires (auto-stop, arrêt dans un restaurant familial) délicieusement détournées. Le début d’une belle amitié entre les deux personnages après tout, il s’agit bien de trouver un ami pour la fin du monde (titre original du film). On suivra avec délectation leur périple même si le film connaît des petits coups de mou. Le plus gros défaut pour ma part concerne le personnage de Steve Carell désespérément atone pourtant quand on connaît son talent, on sait qu’il peut faire bien mieux, il offre ici un rôle rappelant beaucoup celui qu’il tenait dans Coup de foudre à Rhode Island avec la française Juliette Binoche, un mec à la dépression contaminante. Heureusement, la joie de vivre du personnage de Keira Knightley nous permet d’éviter le suicide à la sortie de la salle. Ma grosse surprise concerne l’alchimie du couple, j’étais même persuadé que ça n’allait pas coller, que ça allait faire faux mais pas du tout. Ça marche même très bien et donne encore plus de beauté à cette histoire qui n’aurait jamais existé sans la fin du monde.

Un autre regret par rapport au chien malheureusement sous-exploité et à une réalisation parfois limite (ces ralentis sur musique sont parfois de trop) mais pour un premier long, c’est une réussite. Le plus beau passage du film est sa fin mais chut…

Pour l’anecdote qu’il faut retenir, la femme qui plaque Steve Carell à l’annonce de la fin du monde est jouée par la vraie femme de Steve Carell et le tournage de la scène a eu lieu le jour de leur anniversaire de mariage, sympa.
Marvelll
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le 9 août 2012

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le 9 août 2012

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