Un très bon film est celui qui vous fait réfléchir. Un excellent film est celui qui laisse une trace indélébile. "Jusqu'à la garde" rentre dans la première catégorie, et c'est déjà un grand soulagement. Depuis plusieurs semaines, la médiocrité des derniers films vus m'a désespérée, et je partais presque perdante en me lançant dans celui-ci, à peine rassurée par le César remporté par Léa Drucker.
Mais immédiatement, la réalité crispante dégagée par cette oeuvre nous happe. Les acteurs sont bluffants, mention spéciale à Denis Ménochet, dont la partition a dû être particulièrement difficile à jouer, et notamment avec Thomas Gioria qui joue son fils. Je suis même étonnée qu'il n'ait pas reçu de César, tant son mal-être subtilement teinté de folie est joué avec brio. C'est d'ailleurs amusant de le voir en pervers hors de contrôle, lorsque l'on se souvient de lui dans l'inoubliable première scène d'Inglorious Basterds, en fermier honnête et sensible, manipulé sans scrupules par un nazi immonde.
Certains critiqueront les longueurs, je les trouve indispensables à l'imprégnation dans notre esprit de l'étendue du drame familial qui se joue sous nos yeux. Seule critique, j'aurais aimé sourire parfois, respirer avec des scènes touchantes. La mère est notamment assez froide avec ses enfants, alors qu'un peu de tendresse dans ce cauchemar du quotidien aurait pu nous aider à être moins dans l’oppression constante.
Toujours est il que cela reste un film sensible, poignant de réalisme, en bref : un petit bijou brut.