Toc toc toc, voici la Lamia. Cours, cours, petite Christine...

Un bon petit film, oui. Pas excellent, ça non, mais un bon petit film. Un brave petit, qui fait de son mieux et réussit ma fois plutôt bien. Il faut dire que Sam Raimi y a mis tout son soin...
Ceux de ma génération (nés entre 1995 et 2005 disons) se souviennent pour la plupart de la série de livres "Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire". Je crois que ce film aurait pu s'intituler "Les Désastreuses, Épouvantables et Cradingues Aventures de Christine Brown". Une gentille fille, vaguement self-made-woman, qui a réussi tant bien que mal à sortir de son trou de merde et à se faire une place dans la société. Avant, tout allait bien pour elle. Mais ça, c'était avant. Avant cette vieille dégueulasse au dentier pourri et aux régurgitations douteuses, qui vient emmerder le monde avec sa demande de loyer
"""Qui de toute façon n'aurait servi à rien, étant donné qu'elle clamse le lendemain, mais bon, on va arrêter là les insultes à la personne de Sylvia Ganush, je n'ai pas spécialement envie de me manger une malédiction...:)"""


Bref, Christine refuse, pour prouver à son supérieur qu'elle n'a de midinette que l'apparence et mérite plus que quiconque la promo qu'il lui propose (jeune louve aux dents longues, puisque je vous le dis!)
La vieille est pas contente, elle veut se venger, et ça tombe bien, parce qu'elle a quelques relations avec les forces occultes, et qu'ils sont plutôt conciliants vis-à-vis de ses demandes, eux.
La vieille sorcière agresse donc Christine dans sa voiture, et profite de ce que celle-ci est à terre pour lui envoyer une malédiction: pendant trois jours, notre charmante tête blonde sera poursuivie par un démon aussi léger et discret qu'un tractopelle, qui l'entraînera en enfer au matin du quatrième jour. Durant le délai de trois jours, la belle luttera contre cette "Lamia" aussi intrusive que flippante, et mettra tout en oeuvre pour contrer le mauvais sort...


Pas mal, non?


Déjà, premier gros point positif de l'objet: sa musique. As-t-on vu musique plus glaçante, plus entraînante, plus grinçante? Pour ma part, rarement. Ce son gère à lui tout seul une grosse partie de l'atmosphère et réussit l'exploit, lorsque vous l'écoutez, à vous faire vous retourner plusieurs fois, histoire de voir si quelque chose de suspect ne serait pas en train d'avancer vers vous. Vous transmettrez mes félicitations au chef.


Ensuite, petit plaisir coupable: Drag Me to Hell est un film sale, au sens premier du terme. Il vous noie dans une marée de boue, de sang, de pus, de bave et de morve. Vous pataugez dans ces liquides putrides, en compagnie des insectes, des yeux arrachés, des chats morts, des chèvres parlantes et des vieilles qui vous sucent le menton (vous ne me croyez pas? Vous allez le regretter). Mais il se trouve que j'aime bien le gore, et je l'apprécie d'autant plus qu'ici je sens que le réalisateur s'est fait plaisir (d'autant que si j'en crois son background, le monsieur n'en est pas à son coup d'essai). Et un réalisateur qui se fait plaisir et n'a pas peur de faire ce qu'il aime, quitte à choquer les bonnes gens, c'est toujours émouvant.


Et en last but no least, un troisième point fort: L'héroïne et le monstre. Christine Brown donc, mignonne et propre sur elle, façon princesse de contes de fées (tu t'attendrais presque à ce que la vieille mégère lui sorte une pomme empoisonnée de son sac). Une toute petite chose, une petite souris, qui court dans tous les sens, telle une enfant dans une maison hantée, poursuivie par un démon géant dont elle ne perçoit que l'ombre sur les murs, et qui salit son corps de petite poupée fragile . Cette fille qui tente désespérément de trouver une issue de secours, "aidée" dans sa tâche par une belle équipe de bras cassés; oui parce qu'entre le voyant pas bien futé, infoutu de te livrer toutes les bonnes infos d'un coup, parce que ce serait quand même dommage de te faire gagner du temps, la médium qui essaye bien de te débarrasser de la créature cornue mais eh non! ça marche pas, et son débile d'assistant (on t'as dit de TENIR la chèvre, Lopez! Fais un effort, merde!) y en a pas un pour rattraper l'autre.
Bref, cette petite fragile en a finalement marre, et elle décide de résoudre l'affaire seule: la petite enfant devient grande, et c'est avec jubilation qu'on la voit régler son compte à la Ganush
"""à son cadavre plutôt, mais bon ici ça revient presque au même""" et lever les yeux au ciel d'un air de défi. "Regardez de quoi je suis capable!" semble-t-elle nous dire. Et mine de rien, elle est en effet capable de beaucoup de choses, pourvu qu'on la mette un peu à l'épreuve. En voilà une qui a de la ténacité et de la hargne, j'aime ça.
Quant à monsieur la Lamia...un démon parfait. Charismatique, Machiavélique, il force le respect, te balade d'horreur en horreur, joue avec toi et te fait chier jusqu'à l'os. Je ne le remercierai jamais assez pour cette partie de plaisir.
Pour les dernières notes, j'évoquerai une mise en scène efficace, un scénario qui sans être transcendant tient la route, et un happy end gracieusement évité.
Tout cela bien mélangé, on obtient un très bon film de divertissement qui te fait grimacer un gros sourire de bonheur.
Moralité: Respecte les vieux (surtout si ils ont un oeil de verre et sont en voie d'expulsion)
Moralité 2: Pour tenir tête à une force occulte, une petite fragile est tout aussi efficace qu'un gros bras.

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le 13 mars 2017

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Dany Selwyn

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