Lorsque Sam Raimi revient à ses premières amours, ça nous donne ce film de série B jubilatoire. Les films d’horreur tournés lors de périodes de crise mondiale sont souvent ceux qui génèrent des images brutales, et celui-là n’y déroge pas.
Délaissant les effets spéciaux high tech des SPIDERMAN, il retrouve ses bricolages du début, période EVIL DEAD. Certes, des effets spéciaux numériques existent, mais sont globalement les plus décevants. Raimi aborde frontalement le monde du travail, loin de l’image comic-book. Ici, le monde la banque est ciblé, liant horreur économique et horreur graphique. Le scénario n’est pas satirique il est même plutôt froid dans son approche de l’arrivisme, du mépris des classes et de la course au profit.
Avec Alison Lohman, il trouve un pendant féminin à Bruce Campbell, son acteur fétiche de ses débuts. Il lui fait tout subir : elle se fait lécher la figure (avec un clin d’œil craspec au magnifique baiser inversé de Spiderman) par une vieille gitane, reçoit en pleine face tout ce que la création a mis sous la main de Raimi (larves d’insectes, vomi, sang, fluide corporel, et j’en passe), a droit à un fist-fucking bucal d’anthologie, se fait balancer, rebalancer, arracher les cheveux…Enfin, une foire du trône du cinéma fantastique.
Ce qui est salutaire dans cette histoire, c’est que c’est drôle. Pas drôle genre nanar, mais drôle comme peu de monde à part Sam Raimi arrive à le faire. On ne se marre pas du film, on se marre grâce au film, le comique de l’outrance nourrissant l’horreur. L’imagerie est délirante, limite cartoonesque.
Raimi inclut une scène d’exorcisme où l’outrance et le spectaculaire sont mêlés, mais il a le talent de ne pas en faire le final, juste l’aboutissement de tous les éléments surnaturels montant crescendo.
Raimi contourne tous les éléments gore trop appuyés (il préfère les fluides corporels ou autres liquides au sang trop identifiable).
Un vrai film d’horreur où le finale est l’apothéose d’un jeu de montagnes russes ultra-maîtrisé.