Le cas Sam Raimi au cinéma est un cas particulier. Connu, avant tout pour sa trilogie Evil Dead, il a par la suite réaliser la trilogie Spider-Man, marquant à tout jamais son empreinte dans le milieu des super-héros. Pourtant, il reviendra quelques années plus tard vers un genre de film qui lui est particulièrement cher : le film d'horreur. Il est important de noter que Sam Raimi aime mélanger les genre dans ces films d'horreur. La preuve en est avec le troisième Evil Dead. Une série B mélangeant habillement les codes de l'horreur et ceux du comique de situation. En partant de ce constat, on peut alors facilement comprendre le ton que va employer Sam Raimi tout au long de Jusqu'en Enfer.



Tu l'aimes ma grosse malédiction ?



Plantons d'abord le décor de ce film : Christine Brown (incarné par Alison Lohman) file le parfait amour avec Clay Dalton (incarné par un trop lisse Justin Long) professeur de psychologie et adepte du "Je connais mieux que tout le monde avec ma science". Christine est courtière en banque et spécialisée dans les crédits immobiliers. Elle est à un tournant dans sa carrière professionnelle grâce au poste de chef laissé vacant. Elle sera malheureusement en compétition avec un nouveau venu : Stu Rubin, requin au dents longues et prêt à tous les coups fourrés pour atteindre le poste convoité.
Tout bascule le jour où, voulant faire de l'ombre à Stu Rubin, elle refuse d'allonger les traites d'une très mystérieuse vieille gitane : Madame Ganush. S'ensuivra alors une confrontation entre Christine et la gitane qui entrainera la malédiction et la perte de Christine.
Le scénario ne casse réellement pas trois pattes à un canard et les différents protagonistes ne sont là qu'afin de faire avancer une intrigue déjà trop prévisible. Entre l'indien, médium de son état, distillant au compte-goutte les informations permettant à Christine de tenter de sortir de sa malédiction (on en arrive même à sortir la même réplique que Christine en fin de film : "Pourquoi ne pas l'avoir dis avant ?"), un chef de banque laxiste au possible et désireux d'obtenir du chiffre sans se soucier du personnel et une médium "ouah comment je suis trop balèze, d'ailleurs tellement trop balèze que je n'apparais que dans le dernier quart d'heure du film". C'est dommage de suivre un déroulement aussi bateau mais là n'est pas réellement le point fort du film.



Des running gag dignent des dessins-animés de la Warner



Tout le scénario est sauvé par une réalisation réellement inspiré. On surfe entre les codes du film d'horreur omniprésents et les gags rappelant parfois les cartoons à la grande époque de Bip-Bip et Coyote. Malheureusement, la réalisation est entaché par la trop grande présence de "jumpscare" (vous savez ce sont les poncifs des films d'ambiances basés sur le fait de mettre le spectateur dans un moment de panique suite à l'apparition d'images chocs et d'une musique réellement angoissante). Les plans serrés sur Christine nous rappelle la menace permanente qui plane au-dessus de sa tête.
Il y a également un comique de situation et de répétition entre Christine et Madame Ganush. Celle-ci en devient d'ailleurs beaucoup plus oppressante et dangereuse que peut l'être la Lamia (la malédiction qui flotte sur Christine). La Lamia devenant par ailleurs un simple figurant dans son propre film.
Les efforts fait pendant la réalisation rappelle les heures de gloire d'un cinéma d'horreur d'une autre époque. Notamment durant l'une des dernières scènes du film, dans le cimetière (faisant directement référence à Evil Dead) et une Christine enfournant un objet dans la bouche de Madame Ganush dans un plan séquence de toute beauté. Le bras tendu vers le ciel, telle une héroïne de manga, une pleine lune et un orage éclatant au loin : cette scène est d'une réelle grande beauté. Les effets-spéciaux sont entre le numérique et l'artisanale permettant d'apporter un réel cachet à l'oeuvre.



Moi, quand je serais grand, je serais acteur de Série B



Le jeu d'acteurs sauve aussi parfaitement le film et parachève la réussite de cette Série B. En tête, une Alison Lohman qui va passer de la blonde insipide et insupportable au possible à un personnage aux portes de la folie et devenant réellement Bad-Ass : Bruce Campbell n'a qu'à bien se tenir. Justin Long campe un petit ami réellement barbant au possible, très proche des codes du film d'horreur. Lorna Raver est la plus imposante de ce casting. Elle va livrer une composition complètement effrayante : depuis sa première incursion à l'image jusqu'à un final en apothéose. La réussite venant principalement à son maquillage proprement effrayant. Bref, Sam Raimi est parvenu à diriger son petit casting pour réellement sublimer son savoir-faire.



Les malédictions ? J'en mange quatre par jour moi



Ce film est donc un parfait divertissement, bien meilleur que tous les films surfant sur l'horreur (parce que l'horreur c'est cool et pas dur à faire) et s'auto-proclamant "nanar", afin de mélanger humour et horreur. Jusqu'en Enfer permettra de rallier autour de lui les fans de films d'épouvantes et ceux aimant les comédies horrifiques. Sam Raimi est donc passé maître en la matière. Il est important de noter qu'aucun animal n'a subit de violence physique ou psychologique durant ce tournage (la PETA est donc rassurée). Bref, à voir pour comprendre se que l'expression "vivre l'enfer" signifie réellement.

DladeRennurs
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le 23 févr. 2015

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