Tension maximale

Et voici enfin le tant attendu dernier film de Dolan "Juste la fin du monde" qui a reçu le Grand Prix du festival de Cannes. Ce film est une adaptation de la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce portant le même nom. C'est un exercice périlleux l'adaptation cinématographique, que ce soit d'un livre ou d'une pièce de théâtre et c'est ce qui à mon sens affaibli le film, on sent que Dolan n'a pas voulu dénaturer la pièce en rajoutant des séquences. De plus, l'écriture du film reste très moyenne et peu subtile avec un personnage principal qui parle 20 min seul à seul avec un personnage puis 20 min avec un autre personnage jusqu'au boss final, Antoine avec lequel il y aura forcement le plus de conflits...

Ce qui a de plus important dans un film c'est l'identification à un personnage, or il nous est difficile, nous spectateurs, de s'identifier au personnage de Louis, on n'arrive donc pas non plus à s'attacher. De plus, ce personnage est très particulier, ce n'est pas le genre de personnage qu'on arrive à comprendre et c'est un choix de mise en scène qui renforce d'un côté le film mais l'affaibli aussi danns un autre registre. Il est compliqué d'arriver à être ému aux larmes pour le personnage principal quand on n'arrive pas à se mettre à sa place et comprendre ses choix.

Au niveau des acteurs, on a une performance plutôt moyenne de Gaspard Ulliel, de Léa Seydoux et même de Nathalie Baye même si elle reste quand même meilleure que les deux précédents. Vincent Cassel lui avait un rôle assez compliqué, au début, j'ai eu un peu de mal à apprécier son jeu d'acteur, mais sa performance dans le climax reste remarquable. La grande surprise reste Marion Cotillard qui effectue une performance extraordinaire, je pense qu'on peut dire que c'est la meilleure actrice du moment en France, ou du moins au même niveau qu'Isabelle Huppert.

Le plus important dans ce film reste tout de même la mise en scène, la vraie force des films de Xavier Dolan. La mise en scène a pour but de créer un sentiment d'étouffement avec ce huis clos et de montrer les tensions entre chaque personnage. On a donc énormément de plans rapprochés, très peu de champ-contre champ pour montrer les tensions entre chaque personnage. Bien entendu, tout le film se focalise sur Louis, on a donc des plans rapprochés avec une faible profondeur de champ, le personnage étant très renfermé sur lui-même. La musique rajoute un vrai plus à cette mise en scène chaotique, c'est quelque chose de beaucoup plus présent que dans les anciens films de Dolan. Cette mise en scène peut déplaire, mais il faut voir tout de même l'audace du jeune réalisateur qui nous propose pour chaque scène une mise en scène très travaillée qui peut nous gêner, mais qui renforce sans aucun doute le sujet du film.

Pour conclure, on peut dire que cette adaptation est réussie, ce n'est pas du niveau de "Mommy" qui restait mieux au niveau de l'écriture mais qui était bien plus simple dans la mise en scène. J'attends le film de Dolan qui arrivera à avoir l'écriture de "Mommy" et la mise en scène de "Juste la fin du monde" et là, ce sera sans aucun doute son meilleur film.