Adapté de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde suit Louis qui décide de revenir chez sa famille pour leur annoncer une terrible nouvelle : il va mourir. L'écrivain cancéreux se retrouve aux côtés de son entourage aux caractères bien différents cherchant à se frayer un chemin jusqu'à sa révélation, ce qu'il ne fera pas. Il préfère laisser la place au vide à l'image du film de Xavier Dolan qui ne mérite certainement pas le Grand Prix.


Juste la fin du monde manque cruellement d'authenticité et ce dès la distribution. Le casting cinq étoiles réunissant toute la clique du cinéma français est bien la preuve que cela ne suffit pas pour être gage de qualité, Xavier Dolan cherche à réitérer la recette du succès de Mommy en appliquant un copier/coller de ses personnages. Pour commencer Nathalie Baye, insupportable dans son surjeu et sa fausseté, tente de remplacer Diane, Vincent Cassel qui, comme à son habitude "fait du Vincent Cassel" à s'énerver à tout va prend la place du trublion Steve et Marion Cotillard est une pâle copie de Kyla. Résultat des comptes, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel ont le privilège de composer une interprétation à contrario des redites de Dolan et pour le coup, il s'agit certainement du positif de ce film. Si l'actrice de La Vie d'Adèle peine à se démarquer, force est de constater que l'acteur brille par son jeu simple et fragile.


Mais cela ne suffit pas à combler les près d'une heure et trente minutes insipides, peu de choses se dégagent des longs plans contemplatifs avec par moments (comme à son habitude) un morceau de musique déconnectant ainsi totalement le spectateur. Ces fameux clips musicaux donnent l'impression que le réalisateur cherche à gagner du temps et à combler un scénario bien mince. Où est l'intérêt ? Si l'idée pouvait être bonne dans ses précédents films, et tout particulièrement dans Mommy, la formule ne prend pas ici. Est-ce le signe d'un sentiment (déjà bien entamé auparavant) de lassitude d'un pseudo-style "Dolan" ?


La caméra filme avec une très grande proximité les personnages, Xavier Dolan veut transporter et donner l'illusion aux spectateurs de se situer aux côtés de Louis et de sa famille. D'une part c'est réussi, de l'autre non à cause des dialogues inintéressants, vides, il n'y a aucun impact émotionnel. Juste la fin du monde est une tentative grossière et ratée de recréer un dimanche après-midi en famille avec ses sources de joies et de tensions, surtout de tensions.


Ce n'est qu'à la toute fin que le véritable potentiel se révèle, le seul moment de vérité dans l'interprétation (globalement fade) et le développement des personnages. Cependant trop de questions sont laissées sans réponses à commencer par le personnage de Pierre, jouer la carte du mystère est une mauvaise idée pour un film aussi creux en éléments. Juste la fin du monde n'est rien de plus que le dernier joujou de Xavier Dolan avec ses acteurs-jouets de luxe dans le but de profiter de la notoriété de ceux-ci pour faire encore plus parler de lui. En bref, le réalisateur lui-même est devenu un concept, un effet de mode qui risque très vite de se faire balayer, Grand Prix ou non, s'il continue à appliquer sa méthode peu convaincante et complètement futile.

KINOEIL
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le 20 juin 2017

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