Tout ce qu'il y a à sauver de Justice League, d'assez loin le plus exécrable film de super-héros depuis Daredevil (pas de bol, Ben). Un blockbuster au look cadavérique, où tout le casting semble conscient de l'inanité de ce qu'ils tournent - Amy Adams par exemple, est partagée entre regards de détresse et répliques mémorables comme "Tu sens bon".
Un film hideux au possible, aussi, et pas seulement à cause de la bouche atrocement numérisée d'Henry Cavill, digne de la série Tête à claques. Ça fait rétrospectivement revoir à la hausse la photo relativement classieuse de Batman V Superman, qui avait une tout autre tenue quand il y avait autre chose à filmer que des méchants numériques interchangeables.
Ici on est même en-dessous d'un rip-off de Marvel comme le russe Guardians : c'est délavé, charbonneux et d'un goût douteux niveaux couleurs - le Pitof de Vidocq aurait aimé.
Et pourtant, ces personnages sont cultes sur le papier, chacun devrait contribuer à élever le matériel au-dessus du tout-venant. Mais JL est le produit d'un studio qui a peur, un ratage bicéphale (même si Whedon n'est pas crédité comme co-réalisateur, ses apports hasardeux sont bien visibles) sans aucun charme que même une armée d'infographistes collés à leur palette numérique ne peut sauver. Le fossé qualitatif entre cette "réunion au sommet" et des titres récents comme Infinity War ou même Deadpool et Wonder Woman est béant, et l'idée même que quelqu'un réfléchisse à donner une suite à cet accident industriel me dépasse.