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Douze années bordel! Douze longues années pour voir enfin la suite de Kaamelott.
Comme tous les fans de la série, j'étais fébrile. Je ne croyais pas un ratage possible, parce que j'ai confiance en Alexandre Astier pour rendre une copie au minimum amusante, mais j’espérais un film qui se situe dans la continuité de sa série phare; et autant le dire, je n'ai pas été déçu.

Le film démarre en force et sa première heure est simplement hallucinante de maîtrise. Rendez-vous compte de la magnificence de cette comédie! L'imposant ne le dispute-t-il pas à la majesté ?
Bref, le film a de la gueule, de l'ambition et enchaîne des dialogues remplis d'expressions et de tournures savoureuses où l'argot et les contrepoints comiques comme narratifs s’enchaînent ne laissant qu'assez peu de répit à mes zygomatiques très étonnées d'être aussi sollicitées devant une comédie française.
C'est bien simple, la dernière fois que j'ai autant rigolé devant un film français, c'était il y a 20 ans avec Astérx & Obélix: Mision Cléopâtre, et avant ça, presque 10 ans plus tôt devant La Cité de la peur.
Cette première heure est une réussite totale où tout s’enchaîne à un rythme fou. Peut-être peut-on d'ailleurs faire un premier reproche au film d'Astier, c'est le coté frénétique de l'action et de l'introduction de dizaines de personnages anciens comme nouveaux ou peut rendre tout ça compliqué à suivre pour le néophyte. Même s'il est un film pensé pour le cinéma et devrait pouvoir se suivre sans connaissances préalables particulières de l'univers de Kaamelott, et malgré l’insistance d'Astier en interview pour prétendre que c'est le cas, je crois fondamentalement que le film ne se dévoile et ne peut s'apprécier pleinement que dans la continuité de la série, et que le voir sans avoir vu l'intégrale des six saisons dans l'ordre lui ôte une part essentielle de sa force, de son potentiel émotionnel, et de son intérêt.
Ce film s'inscrit dans la continuité de l'univers développé, et c'est bel et bien ce que demandait les fans de l'œuvre. Le lui reprocher est au mieux puéril et au pire... je préfère vous laisser imaginer ce que j'en pense.
Par contre, je crois tout autant qu'une personne n'ayant jamais vu Kaamelott avant et qui se retrouverait dans la salle que ce soit par inadvertance ou en y ayant suivi une bande de fanatiques qui passent sonner aux portes chaque dimanche pour demander si les habitants on entendu parler de notre seigneur et sauveur Alexandre Astier; je pense, donc, que ces gens peuvent à travers ce film faisant office de porte d'entrée dans l'univers d'Astier avoir envie d'y pénétrer plus avant et pourraient être tentés de regarder la série par la suite.

Mais le film, aussi drôle soit-il, (et il est drôle, croyez moi!) ne s’arrête pas à ce seul aspect de comédie, et tout comme dans la cinquième et la sixième saison de la série, mélange habillement le rire et l'émotion, en plus de tenir un vrai discours sur la résistance à la tyrannie, le désespoir et le découragement, l'espoir retrouvé, la communauté, l'attachement aux autres, l'égalité, et toutes ces choses qui constituent le cœur de la série.

Les acteurs y sont superbes, anciens comme nouveaux, et balancent leurs répliques avec un bonheur communicatif. On est heureux de participer à ce qui constitue presque une réunion de famille et de constater que l'ensemble n'a rien perdu de sa magie, et qu'on les retrouve tous comme si on les avait quitté hier.

La seconde partie est peut-être un rien en dessous de la première. Les répliques fusent moins pour mieux se concentrer sur la narration et l'émotion . L'humour se veut volontiers plus non-sensique comme avec cette gigantesque partie de robobrol, véritable bordel de cinq minutes sans queue ni tête ou ce siège coordonné à coup de musique (on y retrouve cette obsession d'Astier qui utilise souvent des métaphores musicales pour expliquer des principes ou des idées qui n'ont pas de rapport direct avec celle-ci).

Même si la seconde partie est moins virevoltante que la première, le film reste une grande réussite rempli de dialogues brillants, d'un art de la chute et du rythme comique qui continue à surprendre même quand on connaît le bonhomme, et que donc on ne devrait pas être surpris, et d'une capacité à passer au delà de l'amusement pour susciter des émotions fortes.

Pour tout ça, Kaamelott est un film que j'ai aimé; beaucoup, et je le considère comme un classique de l'humour dans la directe continuité de la série. Je compte évidemment aller le revoir, histoire de me reprendre quelques dialogues merveilleux dans les oreilles, pour rire encore un peu, on en a tous grand besoin en ce moment, et puis également pour filer assez de pognon à Astier afin qu'il mette en marche la production du second, voire du troisième film d'un seul coup (soyons fous!) ... d'ici moins de douze ans si possible sans vouloir paraître pressant ni ingrat, mais on pourrait en avoir gros si c'était le cas.

Etant un gros fanboy de l'œuvre, peut-être pourriez vous apprécier moins que moi le dernier effort de la bande à Astier au cinéma, mais je ne doute pas toutefois que vous passerez un bon moment lors de ces réjouissantes retrouvailles attendues depuis fort longtemps si vous avez déjà suivi la série de près, ou qui pourrait constituer une première approche pouvant vous donner envie par la suite de vous y plonger si Kaamelott premier volet constitue votre porte d'entrée au sein de cet univers si drôle, touchant et profondément humain.