C’est un vrai piège à cons c’t’histoire-là

Je viens de sortir de la dernière avant-première de la journée au Grand Rex donc autant en profiter pour évacuer toute ma frustration et mon épuisement.


Déjà, j'aurais dû me douter qu'une AP de Kaamelott dans la grande salle du Grand Rex (capacité de 2700 places), évidemment complète, n'était pas la meilleure idée du siècle.
Quand on est une série qui se farcit une des pires communautés francophones (avec les metalleux, ça tombe bien c'est souvent les mêmes), évidemment que les 2h de film dans un micro-onde avec des centaines de zozos qui hurlent les répliques des 6 saisons pendant les 35 MINUTES avant le début de la séance vont être colorées.


Contexte proprement infernal mis à part, le film en lui-même ne vient rien sauver et poursuit l'exaspération pendant deux heures (je vous reprécise régulièrement la durée pour que vous ayez une idée de la mauvaise soirée que je viens de passer).
Autant aller directement au but : Kaamelott premier volet est une énorme pièce de théâtre pompière gonflée au fan service.
Ou pour dire autrement, un téléfilm au budget colossal mais à l'expression chaotique.


Préparez-vous pour deux heures (!) indigestes de références appuyées et de farces pas toujours efficaces, dans un écrin qui se prend beaucoup trop au sérieux et qui rappelle les pires moments de la saison 5.
Pour que l'humour fonctionne lorsque le sérieux est désamorcé par la bêtise des protagonistes, il ne faut pas en tartiner des caisses dans des scènes (mal) sur-esthétisées ou des flashbacks abscons. Pourtant, Astier se perd encore dans des séquences emphatiques qui n'expliquent que peu et trahissent trop souvent une exaltation nombriliste de l'acteur-réalisateur-producteur-homme à tout faire du film.


La première heure se contente de replacer les protagonistes bien connus de la série. Astier sait y faire, chacun a sa petite intro et la salle répond bien évidemment par des hurlements et des applaudissements à s'en claquer les pavillons.
La seconde heure essaie de se dépatouiller avec une intrigue maigrelette et une galerie de personnages qui s'essoufle en mettant le paquet sur les dialogues et une narration expédiée.


D'ailleurs, les dialogues restent certainement le point fort du film, mais finissent déjà par prendre une tournure de déjà-vu dans la seconde moitié. Bien sûr, une bonne poignée fait toujours mouche, notamment chez Léodagan, mais à un moment, balancer de façon cynique des phrases blindées d'argot ne suffit plus.
Quant à la narration, ce qui tient sur un mouchoir de poche (Arthur revient pouêt pouêt) est étiré par la nécessité de faire causer toute notre petite troupe, quitte à tomber dans le sur-explicatif de bas étage. Même les passages clés comme le retournement d'Arthur qui accepte enfin de remonter sur le trône semblent écrits à la va-vite. Tenez-vous bien, ce qui le fait changer d'avis n'est autre que la forme d'une table. Si on avait su qu'un petit menuisier aurait pu le sortir de la panade, on n'aurait pas passé deux saisons à se farcir sa soupe à la grimace.


Je vous épargne les considérations sur le montage souvent aux fraises (des coupes pour que le film tienne ses deux heures ?), l'interprétation parfois fragile de personnages secondaires et la migraine générale qui s'impose rapidement car TOUS LES PERSONNAGES GUEULENT.
Hurler une blague plus forte ne la rend pas plus drôle. Ça c'est pour Christian Clavier, je commence à m'inquiéter pour son audition.


Alors pour masquer les très nombreuses lacunes que je viens d'énumérer, le film enchaîne à toute berzingue les vannes, les références aux comédies françaises et encore pire les auto-références interminables. À tel point que j'ai l'impression d'avoir visionné une réécriture excitée des 6 saisons. J'y ai revu la même écriture des personnages, les mêmes vannes, les mêmes enjeux, mais cette fois martelés pendant DEUX HEURES (sait-on jamais, si vous aviez oublié). Cette redite qui frise la parodie culmine lors de la séquence du jeu du Pays de Galles expliqué par Perceval. Oui, le sloubi et le cul de chouette sont des scènes cultes. Car elle dure une moitié d'épisode et qu'elle ne montre pas le jeu en question. La force de la blague réside dans le fait que sans pouvoir visualiser le jeu, les explications deviennent encore plus absurdes. Alors quand le film passe 10 minutes à montrer un jeu qui sombre dans l'illogisme, c'est juste long et franchement pas si marrant.


Ce premier volet est loin d'être une catastrophe, je l'admets. J'ai rigolé et le retour de Kadoc m'a fait chaud au cœur.
Mais il n'empêche qu'on a attendu 11 ans pour ça et rien que le fait de penser que c'est le premier volet d'une trilogie me donne le vertige et l'envie pressante d'une plaquette de Doliprane.

Raton
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le 21 juil. 2021

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