On ne va pas se mentir, et avant de rentrer dans les détails du film, quel plaisir de retrouver le royaume de Logres, ses personnages hauts en couleurs, cette légende arthurienne revisitée !
Un rêve qui s'accomplie, une frustration qui s'envole, ça y est Kaamelott est sorti au cinéma.

10 ans environs se sont écoulés depuis que Arthur a fuit ses responsabilités, s'est tranché les veines, sauvés par Lancelot et devenu esclave pour rester incognito. Le royaume a changé, Lancelot en est le roi tyrannique, entouré de conseillers (tous les traites de la série) et d'une nouvelle "reine".
Une résistance s'est formée dans les forêt, dans les souterrains. Seulement voilà, une bande de mercenaires vont retrouver Arthur et l'obliger à sortir de son isolement. De fil en aiguille, le roi désabusé, aux tendances toujours suicidaire, va reprendre son titre.


Transposer Kaamelott sur grand écran était un pari osé, couillu, et ma foi, le pari est à moitié réussi. Nous avons donc pour le plus grand plaisir de nos mirettes de jolis plans sur un désert, sur une tour en ruine, un camp bariolé, mais tout est plus ou moins réduit, amenuisé par le cadrage très serré sur les comédiens le reste du temps. On ne perd donc pas en route les fans de la première qui se sentiront rassurés par ce format et ce rythme caractéristique mais l'ambition cinématographique n'est jamais réellement atteinte, sauf peut être par sa musique orchestrale qui lui insuffle une dimension épique, avec des thèmes assez marquants et surtout fort à propos qui nous transportent dans ce si singulier univers made by Alexandre de A à Z.


Pour continuer dans la forme, le film est assez bien réalisé, propre, sauf dans les scènes d'actions catastrophiques (qui sont heureusement très courtes) et des plans en CGI du pauvre. Astier n'est pas un réalisateur de génie car c'est le soucis de vouloir (et savoir) tout faire, tout contrôler. Tout ne peut être totalement parfait.


L'humour est évidemment au rendez-vous avec des gags, des expressions déjà bien connus, le ton Astier est à présent connu et on s'amuse presque à deviner certaines répliques ou au moins à les anticiper grandement. Donc même si le rire a débordé qu'en de rares occasions, le sourire, lui, était omniprésent. Comme je le disais plus haut, quel plaisir de retrouver toute la fine équipe. Mais au delà de l'humour, il y a aussi dans Kaamelott et ce depuis la saison 4 maintenant, du drame, des doutes, de l'émotion et c'est sur ce dernier mot que je souhaiterais m'arrêter, l'émotion. L'émotion de retrouver l'univers, l'émotion de revoir Arthur petit à petit, à coup de rencontres, d'échanges, d'engueulades reprendre du poil de la bête, l'émotion de voir des relations se concrétiser.


Mais en tant que spectateurs, on ne peut pas se laisser aller à l'émotion et garder son esprit critique.


Le scénario du film est en demi teinte, la quête initiatique d'Arthur, cette fois inversée par rapport au livre 5 (où il s'effondrait, là il se relève) est intéressante, assez subtile, on le voit changer d'avis au cours de ses périgrinations et tout est amené délicatement, il va naturellement récupérer sa place, son destin et tous les personnages auront un rôle à jouer dans cette ascension.
Malheureusement, les obstacles ou ennemis qui se mettront en travers du chemin manquent cruellement de caractérisation et même l'histoire en elle-même manque cruellement d'enjeux forts. Lancelot est une coquille vide incapable de diriger, ses conseillers sont des nullos ou des lâches, on nous explique en deux répliques en quoi le royaume de Logres est devenu une dictature où on exécute même les enfants mais tout ce que l'on voit de cette tyrannie, c'est une bande de ratés dans un château et des soldats accoutrés ridiculement (les scandinaves qui sont la police armée de Lancelot).

Pourquoi Lancelot porte un costume ridicule ? Pourquoi les caisses du royaume sont vides alors qu'on taxe le peuple à tout va ? Pourquoi Méléagant l'a quitté ?
Rien de tout cela est évoqué même si l'on espère avoir des réponses dans les prochains volets ou dans des livres, des BD.

Dans l'avancement du scénario, il y a aussi quelques problèmes comme ces enchainements trop brutaux de scènes, sans aucune transition, les personnages "pop" littéralement d'un point A à un point B sans détour et c'est assez perturbant d'autant que cela arrive plusieurs fois dans le film. De même, certains personnages font de la pure figuration (Gauvain, Bohort, Lionel, La dame du Lac, Léodagan), ou pire encore, disparaissent définitivement de l'intrigue sans prévenir et sans avoir servi à grand chose (Mévanwi en tête). Il aurait été intéressant de rééquilibrer les forces, en retirant par exemple un peu de temps à Perceval et Karadoc pour en rajouter un peu de Léodagan et de Gauvain. A ce propos où est Yvain ??
Il y a aussi des liens que l'on ne saisit pas vraiment entre le passé d'Arthur et les événements présents. Car tout le long du film, lorsqu'Arthur rêve, délire, hésite, il se remémore une histoire, celle de son premier amour. D'ailleurs si quelqu'un a saisi le lien, un petit commentaire ne fait pas de mal.
Ce serait selon les dires du maître, la raison pour laquelle Arthur est incapable de tuer Lancelot par vengeance et aussi la raison de ses tentatives de suicides. (Il a tué une femme dans le dos par vengeance et ne le supporte pas....ouaiiis je trouve cette explication naze personnellement et surtout sortie de nulle part, aucune mention dans les livres 1 à 6 pour un élément "si important" !!!).


Mais malgré ces défauts, je ne peux bouder mon plaisir et que conseiller la consécration de cette superbe série dans les salles obscures en éspérant un second volet beaucoup plus ambitieux à tous les niveaux (la quête du Graal) sauf la musique qui est top.

uther
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le 10 août 2022

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