Sacré Graal

Kaamelott n'est pas un film comme les autres. C'est l'aboutissement d'un hack sans précédent du média télévisuel français moderne, porté par un artiste protéiforme et issu de la culture geek. A ce titre, l'auteur tant que l'oeuvre divise. Il y a ceux qui aiment l'humour des premières saisons, ceux qui adorent le drame psychologique des dernières saisons, et ceux qui embrassent l'oeuvre dans son ensemble.
J'avoue être de ces derniers, et de supputer que même au sujet d'une collection de balais à chiotte, si ca interresse Astier, alors il s'aura m'y interresser à mon tour.

Ce Kaamelott filmique donc, réussi déjà la prouesse d'être accessible aux néophytes tant qu'aux inconditionnels, grâce à des enjeux assez bien introduits sans être trop lourds. il réussi aussi à être fidèle à lui même, dans son intégralité : humour ET drame. Là il perdra peut-être un certain nombre de spectateur.
La réalisation profite du grand écran pour se permettre d'embrasser d'amples paysages, de tout"es beautés. Et de se parer d'une BO orchestrale du plus bel effet.
Par contre, quelques défauts rendent la démarche d'Astier pour le moins étonnante:

• Les costumes ! Et plus particulièrement ceux des Saxons et des burgondes. Alors visiblement, certains adhèrent à ce parti prit. Soit. Moi, je n'arrive pas à comprendre. Faire dans l'outrancier peut avoir du sens dans le Kaamelott des débuts. après tout, les costumes psychédéliques du 5ème Sens ont marqué toute une génération. Mais le film de Besson entier est d'un énorme second degré! Là, Astier mêle second et premier degré (le drame, donc). Et ces costumes décrédibilisent la principale menace portée par le film : les mercenaires saxons.


• Lancelot. Un bon film, surtout s'il émule le parcours du héros, doit avoir une adversité bien établie et crédible (dans son paradigme). Dans ce Volume 1, la menace est le tyran Lancelot, qui a en 10 ans plier le royaume de Logre à sa volonté. Tout le monde le rabâche sans cesse : être prit par Lancelot et ses troupes, c'est la mort assurée. Mais lorsque celui-ci apparait à l'écran, engoncée dans son armure incompréhensible et ridicule au plus haut point, il est taiseux et sans réaction. On pourrit attendre une colère froide et cruelle, mais son seul rôle consiste à servir de paillassons à ses troupes qui le vannent sans cesse. Est-ce là un antagoniste effrayant? Au contraire, cette faiblesse affichée en grand écran dessert la lutte de la Résistance et d'Arthur. Aucun soldats visibles pour défendre Kaamelott (certes, c'est expliqué ; mais insérer une image sur des troupes gigantesques auraient aidés à crédibiliser la menace). Et je ne parlerai même pas de cette joute d'escrime en 4 mouvements hachés et sans panaches entre le Tyran de bretagne et l'ancien Roi... c'est digne du plus mauvais fan-film youtube. Désolé Astier, mais un chorégraphe de combat n'aurait pas été du luxe!

Malgré tout, le film respire la passion et la candeur d'un grand artiste, porté par une vision. Espérons seulement que la suite lui permettra d'embrasser un propos plus mythologiqque et épique; et surtout, qu'il saura mettre son égo de côté pour mieux s'entourer de conseiller afin de palier ses quelques faiblesses. Car c'est ca, la force d'un grand leader, savoir quand délégué à meilleur que soit. Ainsi, Astier atteindra sans nul doute son Graal.