Tagadada - les fraises ; pas tsoin tsoin - quoique.

Noté à chaud en quasi sortie de séance - gaffe, ça spoile un peu - va le voir d'abord, si tu comptes aller le voir - et ce commentaire est interdit aux moins de 12 ans, comme le film, merci - façon de me faire venir du public - t'as tort, c'est un piège :

Certes, je n'ai pas aimé ce film. Mais il laisse un parfum acrylique couleur teenage assez tenace. Tranche de speed pas si speedée que ça - j'ai plus déjanté en tête - polyincarnée dans les champs mêlés des portables, de l'Internet, des nuits rythmiques où s'emperlent les marges aux longs colliers de psychotropes, des rages de démons et merveilles, et des chit-chat décalés autour de risotto couleur soleil ou de tartes aux fruit texture viscère. Monde d'échanges rapides, de consommation sans problème et d'expérimentations simples - il y a de l'enfance, un bon peu, dans tous les personnages, n'auraient-ils plus 14 ans et s'en rassureraient-ils en martelant leur nouveau statut de grown-ups. Monde où il n'est pas invraisemblable, dès lors, que l'invraisemblable ne fasse problème à personne, entre les contes de sorcières et les bonbons-blow-jobs. A l'âge où d'autres entrent en politique, ceux-là flirtent avec les super-pouvoirs en marge de la démesure et des apocalypses - au-delà des limites ordinaires de nos métabolismes, convoités par la mécanique de nos engagements jusque dans l'impossible et la matière confuse des rêves. Couleurs travaillées, corps lisses, sexes et vies disponibles à ce qui se présente, immédiatement - trick, trip and terror - et une trame narrative au fond prétexte à scénettes propres à montrer le stroboscope d'une existence répétitive malgré l'intensité, dans ce pit stop qu'est le passage teen/tween par la case college.

Évidemment, je force le trait. Rien ne va aussi vite, aussi kaléidoscopique, aussi intense, aussi dérangeant que l'indique cette reconstitution d'intentions. Elle est très certainement erronée, d'ailleurs - correspondrait-elle au film, je ne serais pas déjà en train de l'oublier. On sourit beaucoup, certes - quelques répliques cultes, quelques dialogues... instructifs (je saurais quoi faire d'un clitoris si jamais j'en croise un) - mais le tissu de tout ça, je ne suis pas parvenu à y entrer. Trois raisons, je pense :

D'abord, tout est indiqué, rien n'est appuyé, on passe en survolant, une sorte de surf permanent, qui est peut-être une façon de vivre-jeune, en investissant les surfaces, précisément, de communication et de récits et en minimisant les ancrages corporels (les corps sont... appétissants, pour le moins) et sentimentaux (émotions violentes, surfs sentimentaux, plastiques, évidents et... shallow, consciemment shallow).

Mais surtout, au fond, j'ai été gêné par l'aspect conte-d'horreur-pour-enfants. Pour tout dire, je n'aime pas les histoires de méchantes sociétés secrètes ou les trucs de sorcières modernes. Ca me met mal à l'aise et ça m'ennuie, sauf réalisation appropriée. Ici, sans doute, tout cela est à prendre à la fois au premier et au second degré, voire de façon analogique, voire de façon totalement ironique et débranchée.

N'empêche. Je me suis plus d'une fois ennuyé - aurais préféré être ailleurs. Le rythme, dernier point, reste poussif, le montage serait-il excellent. Je m'attendais - un tort : ne jamais s'attendre - à quelque chose de bien plus explosif. Un démonte-neurones à l'acide psychédélique néo-bab-no-future. Pas de la bluette jour-nuit-jour-nuit de hipsters hyper-mignons (certes ! - à mon goût) pas même cyber-punks pas même multi-défoncés pas même grand chose pour tout dire.

Au final, je n'ai pas vécu grand chose. Pas assez de matière, je pense. De la terreur, pas de souffrance. De la convivialité, pas de sentiments. Un peu de Q - so what? -, pas assez de chair. Sur cet âge, j'avoue que je m'y retrouve - et m'y perds - bien mieux avec Ken Park, Mysterious Skin ou Trainspotting.

Tout ça a une tronche de bonbon - et je n'aime que rarement les bonbon (*) : c'est hyper-attirant sur l'étal du marchand, déjà plus banal dans la poche, et dans la bouche, sauf grand confiseur, ça perd à peu près tout intérêt, sauf à faire une addiction au sucre. Et je crois bien que je ne suis pas sensible aux sucreries que nous propose là Araki. Tant pis pour moi.

(*) Lecteur hâbleur, lectrice novice (pour mal-plagier NicMo from Take it easy) : sache, quoi que tu t'en foutes sans doute plus encore que de ma main qu'assure, t'assure, dans ta culotte de zouave, qu'il y a des tas de choses que j'aime. Mais c'est moins rigolo de te les dire - et je préfère que tu devines, le cas échéant - que de te balancer les machins qui me font pousser des soupirs et d'interminables râleries de cerfs réant dans le crépuscule désolé les biches disparutes le soir au fond des bars.
Kliban
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le 16 oct. 2010

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Kliban

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