Comme son nom l'indique.

En voilà, un OVNI. Je ne connais pas le cinéma d'Araki, néanmoins je ne crois pas que Kaboom ressemble de près ou de loin à quelque film que j'aie vu. L'expression "teen movie sous acide fermement auto-parodique" me vient à l'esprit, mais ne résume pas tout ce qu'il y a dans ce film.

Rien que la composante teen movie est relativement peu conventionnelle, à sa façon de traiter la sexualité des jeunes adultes sans pincettes mais avec compréhension - elle est toujours pleine de sincérité, parfois trash, parfois délicate. Plus important, le scénario maintient un excellent équilibre entre les personnages et leur sexualité, la plupart des films du genre ayant beaucoup de mal à ne pas étouffer le spectateur avec l'un des deux. Les personnages, leurs dialogues, leur libido : tout est haut en couleurs ici, seyant à l'esthétique néo-pop hallucinée de Kaboom.

La trame elle-même, là, est carrément foutraque. Non seulement dans son ensemble, mais encore plus du fait de sa progression exponentielle dans le délire. Tout commence avec un étudiant lambda, Smith, occupé essentiellement à méditer sur un rêve étrange impliquant son père disparu, à discuter avec sa meilleure amie, Stella, à fantasmer sur son colloc', Thor (oui, le physique va avec), à errer semi-anonymement dans des fêtes, et à coucher avec la décapante London.

Progressivement, entre ses interrogations relationnelles et le train-train de la fac, s'invitent de sordides histoires de société secrète, de meurtre, et de sorcellerie. Difficile de dire où le sérieux laisse la place au délire pur, l'évolution étant particulièrement bien graduée, mais le scénario fonctionne à merveille comme un reflet de la pensée ado/post-ado : paranoïaque, dans l'attente d'une montée en puissance absolue où l'on découvre progressivement que tout a un sens, que tout est lié (même des façons les plus incestueuses possibles), que tout le monde a un superpouvoir, etc., jusqu'au paroxysme explosif de la dernière image du film.

Marrant comme certains autres jeunes, lors de ma séance, étaient incapables de percevoir le second degré montant, commentant à quel point chaque retournement de situation déjanté était du grand n'importe quoi, alors que c'est un commentaire sur un aspect de leur psyché qui les rend vulnérables aux théories du complot et qui leur fait tant apprécier les films les plus parano qui se prennent au sérieux.