En gros, c'est fun, le reste on s'en fout.

Gregg Araki réunit ici toute l'imagerie ado contemporaine, un peu comme il avait réussit le faire dans les années 80-90 avec sa "teen trilogie": Rêves mystérieux, drogue, sexe débridé, couleurs flashouilles, dialogues drôles et décomplexés, complot machiavélique et méchants à l'aspect cauchemardesques. Un petit cocktail détonnant, si on sait bien le mélanger dans le shaker adéquat. Et Araki serait un bon barman, sans aucun doute. Un bon cinéaste c'est une autre histoire, mais on ne peut nier le réel talent qu'il a à créer un univers cohérent avec toutes ces influences. Bien sûr, on pourrait lui reprocher de ne rien créer de lui même et de seulement s'inspirer de la culture pop-ado. Mais comme Richard Kelly, il sait plutôt bien s'y prendre, car il n'est pas dans la copie, mais plus dans le clin d'oeil. D'ailleurs, les "méchants", humains surmonté d'une énorme tête d'animal en peluche, ne sont pas sans rappeler le Lapin de Donnie Darko (ou les joueurs du manga Doubt), mais ne sont pas du tout "utilisés" de la même façon. C'est juste l'imagerie qui est similaire, pas le concept. Et c'est par cette imagerie que le film fonctionne, et grâce à ses dialogues amusant, servis par des acteurs au charisme indéniable. La mise en scène n'est peut-être pas au niveau des ambitions du film d'ailleurs, mais Araki s'en sort en créant des situations tantôt cocasses, tantôt intrigantes, tantôt angoissantes, recréant ainsi l'atmosphère type des films cultes adolescents, à la Scream. Mais Kaboom frôle tous ces éléments sans jamais les aborder frontalement, ce qui permet de ne pas tomber dans la redite, mais empêche par la même occasion de les sublimer. Du coup, le film semble avoir des difficultés à se hisser au niveau culte de ces prédécesseurs dans le genre, n'en n'ayant pas la même "force". Pourtant, les bonnes choses sont là, et le film se suit avec intérêt jusqu'à cette conclusion, tellement simpliste et assumée au second degré qu'on peut penser qu'Araki est parvenu à réaliser le film ado contemporain ultime. Et ce, par son rejet de la profondeur: tout est superficiel, des personnages aux couleurs, en passant par cette prédominance de l'imagerie teen qui place de film dans un idéal cosmétique et donc de futilité assumé. Cette fin nonchalante plante le clou de la superficialité, prônant ouvertement l'absence de finalité à tout ce qui à pu être mis en place tout le long du film.
LoicMassaia
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le 24 sept. 2013

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Loïc Massaïa

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