Duchovny, Pitt, gros pitch... mais film de merde quand même

Comme beaucoup de monde, j'étais abonné à Première quand ce film est sorti, avec les petites fiches, la bande annonce dans la tête, et un joli zéro étoile de la part de mon magazine favori... Mais comment cela était il possible ? Pourquoi ?

Alors bon, Duchovny (débutant dans X-Files) et Pitt (en pleine explosion) dans un truc sur les tueurs en série, très en vogue dans les 90's. Bref, la recette était partie sur les rails du succès... jusqu'aux premiers plans du film. Une femme à talons hauts rouges prise en stop dans une ruelle sous une pluie torrentielle par un type gentil mais dont la "fuite" est stoppée net par une grosse pierre dans le pare brise. Gros plan sur les chaussures dans la pluie, contreplongée sur un type aux cheveux hirsutes et à la barbe idoine, plan "audacieux" sur le dessous d'une pierre pleine de boue et de vers de terre, l'ambiance est imposée avec ses gros sabots et la finesse du XV de France. On est dans du noir, du violent, du lugubre voire de l'incompréhensible et/ou de l'outrancier. Tout d'un coup, le zéro étoile commençait à s'expliquer.

En même temps, pour un titre comme Kalifornia, avec un "k" comme dans "killer", il ne fallait pas s'imaginer que la subtilité serait au rendez vous. Déjà les acteurs surjouent, entre la gamine débile et le redneck qui renâcle, ou ne jouent pas, entre Mulder déclamant des textes d'une banalité adolescente et Forbes qui va de l'étonnement à la résignation. Ensuite le scénario met des plombes à se mettre en branle avec un choix narratif essayant de mettre en parallèle les deux couples, que tout oppose mais qui vont être obligés de "vivre" ensemble lors d'une virée étrange. Enfin, le pitch de départ avec tueurs en série et violence sous-jacente qui est finalement mis de côté et remplacé par une succession de saynètes faussement angoissantes ou appuyant sur une empathie psychologique qu'un étudiant de première année aurait pu présenter aux examens de janvier... Bref, tout concourt à la caricature du direct to video (oui car à l’époque, point de DVD...) avec des acteurs qui cachetonnent et un pitch nébuleux et mystérieux...

Et c'est au final exactement ce qu'on a. Un ersatz de tout ce qui sera développé dans les années 1990, en ajoutant un côté noir, sulfureux, plein de mauvais goût, sans aucune profondeur. Faire déclamer à un acteur monocorde des pensées adolescentes du genre "on ne peut pas connaître un tueur tant qu'on a pas croisé un..." ou "qu'est ce qui les différencie de nous ? La culpabilité...", on se prend à comprendre pourquoi tout le monde a cherché à effacer cette horreur de son esprit... Sauf peut être l'éditeur qui s'est dit que rééditer en BRD ces deux stars pouvaient rapporter sur un malentendu...

En tout cas, 23 plus tard, on peut constater que le zéro étoile de Première, n'était absolument pas volé...