Le début de Kick-Ass (et quand je parle du début, je cible facilement 3/4 heure, voire la première heure) est tout ce que j'avais envie de voir dans un film de super-héros depuis bien longtemps: un idéaliste qui se glisse dans un costume pour combattre le crime et qui n'a, bien sûr, strictement aucune chance. Cette première partie suinte d'un réalisme cru et tragique, un coup de poignard dans notre condition d'Hommes: l'immense majorité d'entre nous n'a tout simplement pas les capacités nécessaires pour se conduire de façon humaine, c'est à dire ne pas laisser les gens se faire tuer, ne pas faire semblant de ne pas voir, passer son chemin, comme si ça ne nous concernait pas. Sauf que, quand cette foutue violence qui contamine le monde nous attend au coin d'une rue, un couteau à la main, le reste du monde nous dit aussi que ça ne le concerne pas...

Le monde merveilleux du comics en rajoute dans le pessimisme a posteriori puisque qu'il nous rappelle dans chacune de ses cases que les super-héros qu'il nous présente ne peuvent de toute évidence pas exister auprès de nous: dotés soit de pouvoirs extraordinaires, soit d'une fortune et d'un entrainement martial presque impossibles, ils condamnent notre monde bien terne à la souffrance muette et à la survie aveugle. Le film de Matthew Vaughn explore cette voie en la projettant brillament dans le tissu de notre réalité... jusqu'à ce que ça parte en couille. La dernière heure devient lentement mais sûrement un ramassi de clichés sur le comics, perd toute sa crédibilité et nous pond une fin qu'on a vu venir à peu près dès le moment où on a compris que le vilain méchant mafieux représenterait le summum du Mal, plutôt que l'indifférence forcée que nous devons afficher face aux malheurs d'autrui, comme le début du film nous le laissait supposer.

Un potentiel extraordinaire gâché donc, parce qu'il fallait sans doute suivre la trame générale du comics dont le film est tiré plutôt que d'accoucher d'une adaptation couillue sur l'inanité de nos espoirs. Car à la fin, Kick-Ass vous dit que c'est cool d'être un héros, que si,si, il faut essayer, que tout ira bien et que tu vas te pécho la fille de tes rêves...

Reste un film sympa, bourré d'humour, qui amène des réflexions intéressantes quitte à les renier par la suite, et qui présente un Nicolas Cage qui n'avait plus été aussi bon depuis... Lord of War ?

Je suppose que c'est déjà pas si mal.
Amrit
6
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le 20 nov. 2011

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Amrit

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