Un film Kick Ass tout ce que le premier avait fait

Beaucoup de gens avaient trouvés le cliffangher du premier Kick Ass poussif et inutile étant donné que le film se suffisait à lui-même (et puis, quel chef d’œuvre). Pour moi, c’était l’inverse, durant des années, j’ai attendu avec impatience la suite de Kick Ass. Revoir quelque chose à la fois aussi cool et en même temps sacrément réfléchie me rendait fou.
Ainsi, à quatorze ans (avec un sens critique peu développé), j’étais allé voir ce film avec mon meilleur pote et on avait juste adoré ! Il y avait peu de personnes dans la salle, et les deux ados banales qu’on était étions ravis face à ce film décontracté et plein d’action.
Bref, c’était le bonheur, et dès sa sortie, je m’étais procuré le DVD pour le montrer à tous mes potes. A cet âge, je n’arrivais même pas à dire lequel des deux Kick Ass était le meilleur tellement j’avais adoré ce film (je lui aurai mis facilement 10).
Et puis, le temps a fait son œuvre. Je suis adulte (enfin, j’ai dix-huit ans depuis deux mois, mais quand même), et j’ai appris à prendre plus de recul quand je regarde un film.
Ainsi, après un nouveau visionnage du premier (que j’aime toujours autant), il était temps de revoir le mal-aimé Kick Ass 2.
Alors, une chose déjà… le premier est de loin meilleur. On va pas se mentir là-dessus, ce film n’arrive pas à la cheville de son prédécesseur.
Bref, changement de réalisateur pour ce film, le génialissime Matthew Vaught laisse la place au peu connu (voir pas du tout), Jeff Waldow. Vaught se contente d’être producteur à travers la boîte Marv. Et clairement, j’ai pas l’impression que le gars s’est beaucoup investit dans le projet.
Ce qui me gêne pas mal avec ce Kick Ass 2, c’est qu’on perd ce réalisme. Dans le premier, tout était fait pour que chaque évènement ait une cohérence et que ce soit « possible » dans notre monde. Dans le premier, les péripéties (malgré la violence extrême), étaient réalistes. Et là ? Non. Vraiment pas, non. Une scène suffira pour prouver que j’ai raison, celle où Mother Russia tue dix flics en bagnole à main nue avec une musique de Tetris en fond (sympathique remix d’ailleurs). Cette scène a beau être jouissif, c’est n’importe quoi et casse tout le réalisme.
Et c’est ça le gros problème de Kick Ass 2, c’est qu’on perd en cohérence et en réalisme pour plus de fun. Alors oui, le film est très fun, beaucoup d’action, beaucoup de blagues, de violence (gratuite) et les péripéties sont sympas à suivre. Mais c’est n’importe quoi. Et je trouve ça dommage, parce que ce qui fait le charme du premier, c’est que c’est « possible ».
Et le réalisme est encore plus foutu en l’air avec l’intrigue de Mindy qui tente de se faire aimer par les gens de son lycée. Je vous explique, Mindy se retrouve confronté à une bande de groniasses ultra-bonnes qui se vantent d’avoir baisés un tas de fois. On voit donc la vie de lycée de Mindy, et c’est clairement nul. Désolé, mais cette intrigue, c’est aussi utile et réaliste que… je sais pas, tous ces films qui prennent le lycée pour un endroit où on se fait des amis pour la vie et où la bombasse connasse fout le bordel (en tentant de séduire Kevin déjà en couple avec Cindy qui va pas aimer du tout et chialer dans son coin avant de faire ressortir la femme forte qui est en elle qui l’aidera dans toute sa vie) ! Ce genre d’intrigue c’est pour les filles de quinze ans qui découvrent la joie du lycée. Ça n’a rien à foutre dans Kick Ass !!!
En gros, c’est un teen movie. C’est un film, pour les ados, y a des meufs bonnes et connes, y a de l’action, quelques nichons, un méchant très marrant, un héros de plus en plus costaud, etc…
Et le pire je pense, c’est le message du film. Vous savez dans le premier, tous ce qui pousse Dave à enfiler son costume, c’est son rêve de gosse et tous ce qui motive Mindy (Hit Girl) c’est la vengeance (pour tuer Franck Damico éliminé dans le premier). Leurs objectifs sont atteints dans le premier film, alors pourquoi continuer ? C’est assez logique pour Dave, il ne sait pas quoi faire de sa vie, et quand il voit une équipe de superhéros amateurs, il le rejoint en pensant faire le bien. Mais Mindy, elle sort des trucs du genre « j’ai promis à mon père que je protégerai la ville », alors que dans le premier, tous ce que voulait son père, c’était se venger. Mindy, si tu me lis, ton père s’en battait les couilles de New York, il voulait juste tuer son ennemi (pourquoi je m’adresse à un personnage de fiction, j’deviens schizophrène). Donc non, les motivations des personnages ne sont pas au profit d’un message clair.
Donc voilà, je viens de déblatérer un tas d’arguments prouvant que Kick Ass 2, c’est n’importe quoi, c’est un projet qui tient pas debout. Un film qui prévoyait un troisième (avec j’imagine l’oncle Tony Damico qui deviendra le grand méchant) mais comme Kick Ass 2 a eu une mauvaise recette, Vaught est obligé de revenir pour relancer la franchise avec un spin off de Hit Girl. Donc ce Kick Ass 2, il fait mal à la franchise, il fait mal parce qu’il nique tous les messages du premier pour finir par une morale du genre : « t’as promis à ton père de plus mettre ce costume, maintenant qu’il est mort, tu peux recommencer à foutre ta vie en l’air ». Le film ne sait même pas où il veut aller, est-ce qu’il incite à être un héros (oui mais ça fait tuer tes proches), où est-ce qu’il faut rester calme (parce qu’au final, tous ce qu’a fait Dave en se déguisant en Kick Ass c’est déclencher un chaos fou). Et c’est pas comme si le film faisait des efforts de mise en scène. Autant le premier était truffé de clins d’œil à d’autres films de superhéros avec un montage rythmé et génial, autant là, mise en scène, c’est zéro créativité ! Y a juste un clin d’œil à Mark Millar quand le père de Dave pose un poster d’un comics de Millar, mais sinon, rien !
Et pourtant, j’aime Kick Ass 2. J’aime ce film parce que la nostalgie fait son effet. Parce que je me souviens comment j’ai adoré le combat final au cinéma et qu’encore aujourd’hui, je le trouve kiffant et épique. J’adore toujours autant la musique d’Henry Jackman qui s’éclate à incruster de la guitare électrique (et je ne suis pas insensible à la guitare électrique). Les costumes sont vachement bons, le méchant (Motherfucker) est hilarant. Donc au final, je passe un bon moment avec Kick Ass 2, même si c’est loin d’être aussi bon que le premier.
Donc voilà, j’espère que s’il y aura une suite (qui pourrait tout conclure), Matthew Vaught reprendra les reines, et qu’il saura amener cette licence pourtant si prometteuse vers un final qui en vaudra la peine. Parce que bon, la fin de Kick Ass 2, c’est pas un final de saga. C’est un cliffangher encore plus gros que celui du premier.
Bref.

Créée

le 26 juin 2017

Critique lue 212 fois

James-Betaman

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