Kick-Ass 2, ou l'art de la pirouette.
Cruel dilemme pour moi qui ai lu le second volet des aventures de Kick-Ass avant de voir le film de "critiquer" celui-ci maintenant qu'il est visible au cinéma.
Dois-je juger l'adaptation ou l'oeuvre pour ce qu'elle est ?
Bon.
Si nous étions dans un comics, on pourrait faire une première version de l'histoire, puis une seconde, et dire qu'en fait, ça se passerait dans des mondes parallèles et qu'à la fin, il y aurait une bataille entre les deux univers pour rebooter tout ça.
Univers I : Celui ou je n'aurais pas lu Kick-Ass 2 avant de voir le film.
Ma mémoire me joue souvent des tours. Par exemple, aujourd'hui, je vous dirais que je garde un agréable souvenir de Kick-Ass 1 alors qu'en fait, en relisant l'article que je lui avais consacré à l'époque, j'avais déjà de grosses réserves sur le sujet. Rassurons-nous, pour le second film, je ne risquerais pas de changer d'opinion avec le temps.
Ce film souffre d'un sérieux problème de rythme (la première heure aurait pu largement être amputée de moitié, facile !), mais surtout d'un problème de "jeu d'acteur" global. L'ambiance n'étant pas ni à la parodie, ni au sérieux, on ne sait jamais sur quel pied danser entre les blagues trashs et les moments touchants de vérité, et forcément, les acteurs ne savent pas non plus. L'exemple le plus flagrant étant quand même Jim Carey, qui s'efforce de donner un ton sérieux à son personnage tout en étant assez décalé pour ne pas faire fuir ceux qui sont venus voir un divertissement, avec à la clé une incompréhension totale de qui est vraiment son personnage. Même chose pour The Motherfucker (ex-Red Mist). Et mention spéciale pour Hit-Girl, jouée par Chloë Grace Moretz, et qui se retrouve plongée dans une quête personnelle qui ne colle pas vraiment à son personnage (ou du moins, on n'y croit pas vraiment une seule seconde).
Enfin, au-delà de celà, il manque une véritable dimension épique à la conclusion du film, qui revient à nous dire "tout ça pour ça" une fois le générique de fin arrivé.
Univers II : Celui où j'ai lu Kick-Ass 2 avant de voir le film
En arrivant à la dernière page du second volume de Kick-Ass, je me suis dit que Mark Millar (auteur de la série) avait mis au défi quiconque de reproduire certains scènes du comics. En effet, niveau violence "gratuite", ce volet ne faisait pas dans la dentelle, mais était en parfaite adéquation avec l'angle choisi depuis le départ : Kick-Ass 1 parlait de la construction d'un super-héros, le 2 se devait d'expliquer celle d'une super-vilain. Et forcément, un méchant, ça n'a pas forcément de principe. Encore moins quand on décide de se faire appeler "The Motherfucker".
Du coup, j'attendais de voir le résultat sur grand écran. Ou plutôt, je devrais dire que j'attendais l'insulte qu'allait faire le réalisateur (je ne sais pas son nom, et en fait, je m'en fous) au créateur de la saga.
Et "insulte" il n'y a pas eu.
Par contre, esquive, oui.
Soyons clairs : Toutes les scènes qui auraient pu déranger le moindre censeur pour coller une interdiction au moins de 18 ans au film ne sont que suggérées. Les fans comprendront d'eux-mêmes ce qu'il se passe réellement quand les "ignorants" n'y verront que du feu.
Pirouette. Cacahouète.
Mais ce qu'il y a de plus étrange, c'est que si ces fameuses scènes ont été édulcorées, d'autres ont été dans l'autre sens booster pour donner une bonne dose d'hémoglobine gratuite à ceux que ça ne dérangerait pas. Du coup, on ne comprends pas la démarche.
Enfin, si on passera une différence scénaristique sur l'identité de la copine de Kick-Ass entre les deux supports (J'imagine sans mal le coup de l'agent de l'actrice qui ne veut pas que sa petite protégée joue telle ou telle scène), il en sera autrement quand viendra l'heure de parler du sort de The Motherfucker et celui de Hit-Girl. Car changement majeur il y a, et par conséquent, je me demande par quelle acrobatie ils arriveront à faire coïncider le troisième épisode dans sa version BD et celle au cinéma.
Fusion des deux univers :
Mais alors, pourquoi 7 pour ce film ?
Peut-être déjà parce que je suis fatigué. Ou parce que cette année, on n'a pas toujours été gâté niveau "gros" films et que nombreux sont ceux qui se sont vautrés alors qu'on les attendait depuis un bon moment. Genre Elysium quoi.
Mais pour être honnête, c'est parce que malgré toutes les critiques que j'ai pu cité plus haut dans les deux univers de mon cerveau, je reconnais l'effort. J'aperçois quand même la volonté de faire un bon film sur un sujet pas si simple, et qu'en fait, ça ne marche pas si mal que ça.
Par contre, je m'inquiète vraiment pour la suite.
Celle en film hein.