Ci-gît la carrière de Halle Berry !

Ci-gît la carrière de Halle Berry. Un des derniers clous de son cercueil vient sans doute d'être enfoncé avec ce navrant "Kidnap". La rumeur veut même que son Oscar obtenu pour "À l'Ombre de la haine" en 2002 ait fondu de lui-même en la voyant interprétée lamentablement une mère qui assiste au kidnapping de son enfant en hurlant "Naaaaan !" les bras tendus vers l'avant sur un parking. Car, oui, après avoir sauvé une adolescente dans le bien plus recommandable "The Call" de Brad Anderson, l'actrice remet le couvert en interprétant cette fois une maman-courage qui se lance seule à la poursuite des assaillants de son fils. Et elle l'aime son petit rondoudou d'amour, la preuve avec ce générique d'ouverture d'une mièvrerie à en faire pâlir le catalogue entier des téléfilms de l'après-midi de M6 où l'on découvre plein de petites scènes toutes mignonnes de jeunesse du fils filmées par sa môman. Ça ne s'arrête évidemment pas là car Karla, son personnage, est une mère célibataire, travailleuse (il y a une séquence interminable pour nous présenter son job de serveuse qui le prouve) et battante devant la demande de garde principale de l'enfant déposée par son mari. Alors que l'on tente d'enlever les hectolitres de niaiserie des dialogues mère-fils qui nous aspergent le visage à travers l'écran, la rupture de ton arrive enfin et le drame se produit. Deux individus mystérieux forcent le petit à monter dans leur voiture et foncent à toute blinde vers l'autoroute. Ni une, ni deux, Karla monte dans son monospace et se lance, seule, à leurs trousses... Dès lors, on peut penser que "Kidnap" a toutes les chances de rattraper son départ raté en offrant de l'action non-stop. Il le fait, c'est à noter, mais de la manière la plus pitoyable qu'il soit. Après quelques carambolages obligatoires, la course-poursuite interminable va se poursuivre en permanence sur des routes désertes à l'écran mais embouteillées par les invraisemblances d'une intrigue cousue de fil blanc. L'essentiel du film se résumera ainsi à voir un plan aérien de la poursuite, une Halle Berry démente énonçant ses pensées toute seule à voix haute dans sa voiture et un micro-événement invariablement suivi de la même boucle scénaristique se répétant à l'infini. Apparemment désespéré derrière sa caméra, Luis Prieto fait n'importe quoi pour, on l'imagine, vaguement tenter de dynamiser tout ça : un accident sur l'autoroute filmé façon enchaînement de fondus noirs épileptiques, renverser la caméra à la verticale pour suivre les voitures, etc mais, absolument tous ces effets tournent autant à vide que la poursuite à laquelle on assiste. Et ce n'est pas la bande originale simplement insupportable (car aussi omniprésente qu'à côté de la plaque) ou un festival de faux-raccords (des airbags ou saignements de nez disparaissant d'une scène sur l'autre) qui pourront prétendre sauver cette affaire déjà mal engagée dès le départ. Heureusement, les ravisseurs auront la bonne idée de faire à peu près toujours n'importe quoi pour amener rapidement l'héroïne dans leur repère final. Il faut dire qu'elle aussi, au volant de son monospace-tank, aura la chance de retomber miraculeusement à chaque fois sur la voiture qu'elle poursuit, l'instinct supra-divino-maternelle, on suppose. Ainsi, cela amènera "Kidnap" à s'achever plus vite sur une dernière partie très classique mais au moins plus supportable que le reste -encore que le mystère sur les raisons de l'enlèvement soit survolé, l'ambiance redneck dans laquelle cette conclusion se déroule fait tout de même mieux avaler la pillule. À ce stade, il est fort probable que quelqu'un ait kidnappé le talent de Halle Berry. On va juste espérer qu'elle ne se lance pas à la poursuite des ravisseurs dans un nouveau film