Kiki la petite sorcière
7.3
Kiki la petite sorcière

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1989)

Lorsqu’on évoque le nom d’Hayao Miyazaki, on pense tout de suite au surnom qu’on lui a attribué de maître de l’animation japonaise et à ses films d’aventure aux enjeux multiple sur fond de fable anti-guerre et écologique. Mais c’est aussi le passage à l’âge adulte et l’intégration du héros dans un milieu qui lui est inconnu, et dans cette catégorie on peut y répertorier Le Voyage de Chihiro et aussi Kiki la petite sorcière qui doit être, sans aucun mal, le film le plus léger de sa filmographie.


Pour tout dire j’ai dû revoir une seconde fois ce film car mes souvenirs remontaient à loin, et je n’avais pas été aussi emporté que pour d’autres films du même auteur bien plus médiatisés, mon souvenir du film se cantonnant à un divertissement plutôt mignon et sympathique mais qui ne parvenait pas à susciter un rel attachement contrairement à d’autres productions du vieux Miyazaki.


Et il est vrai que contrairement à un Princesse Mononoké ou à un Voyage de Chihiro, il n’est ni question de grande univers fantastique étendu et enrichissante à l’exception de la condition de sorcière de notre héroïne ou d’une quête au instants bordée de poésie et d’intemporalité comme le voyage dans le train. Ce qui n’empêche pas Kiki la petite sorcière de rester dans le cadre des thématiques chers à l’auteur : l’intégration et la découverte pour le personnage central d’une nouvelle communauté et sur ce point, le film est loin de rater son objectif.


Il ne faut pas attendre plus longtemps que les premières minutes pour voir Kiki assumer son statut de film tranche de vie avec le thème du passage à l’âge adulte avec la jeune sorcière Kiki qui rejoint la longue lignée des héroïnes de la compagnie : indépendante et fière voulant assumer son émancipation dans la vie active et passant par les étapes de tout adulte qui se respecte dans la vie active.
De plus si on oublie l’aspect sorcellerie, qu’on ne garde que le contenu du script et le quotidien de Kiki ainsi que son évolution psychologique, c’est des épreuves réaliste et pertinente qui arrivent à tout à chacun (la difficulté à se lancer dans la vie active, le congé maladie lors de la déprime de la sorcière, la perte de la parole de son chat qui la rattachait à son enfance) et n’étant jamais traité avec superficialité.


Et si le film est parfois trop tendre avec son public et même un petit peu mamie gâteaux en terme de ton (surtout en ce qui concerne la bienveillance de certains personnages), ça n’en devient jamais écœurant.
Kiki, en plus d’être adorable à croquer (encore une fois doublée par Adeline Chetail mais qui en fait parfois un peu trop), se voit garnie d’un entourage varié ou les impressions varient constamment vis-à-vis de la sorcière : pas de rejet particulier malgré des protestations ou d’attachement déjà formé, à elle de s’intégrer en donnant d’elle-même et sa bonne volonté pousse à l’identification du spectateur.


Et comme pour Nausicäa, Hayao Miyazaki laisse respirer ses autres personnages.
De la chaleureuse Osono la boulangère au jeune passionné et curieux Tombo, en passant par l’artiste indépendante Ursula et le chat Jiji. Chacun prenant un rôle suffisamment prépondérant dans le parcours vers la maturité et l’indépendance de Kiki.
Non pas sans apporter un aspect comédie et taquin dans les échanges entre Kiki et son entourage qui renforce cette alchimie (notamment la peintre Ursula très directe et franc jeu dans ses échanges avec la jeune sorcière dans le dernier tiers).


D’ailleurs cette production a le mérite, là encore, de voir Kiki la petite sorcière tenir le coup presque 30 ans après sa sortie au Japon avec une animation 2D entièrement en celluloïds très reconnaissable à la patte du studio, reconstituant une ville européenne très variés mêlant la proximité méditerranéenne, l’ancienneté de certains bâtiments ou encore la présence de technologie moderne afin de rendre la reconstitution plus idéalisé et accueillante afin de détendre son public.
Et ou la tradition des sorcières se faisant à la fois discrète sans être entièrement étranger aux êtres humains.


Tout cela très adroitement accouplé avec l’ambiance sonore de Joe Hisaishi fidèle à son style habituel tout en proposant davantage de légèreté dans l’instrumentation que dans ses futures envolées symphoniques plus puissante et dramatique du style Princesse Mononoké, à noter qu’il a délaissé les synthés de Nausicäa pour des instruments traditionnelle.


Toute proportion gardée, il en ressort un film de détente loin d’être dénué d’idée et de réflexion : l’héroïne est dans la fière lignée de ce que le studio de Totoro a su nous proposer, c’est visuellement très soigné comme n’importe quelle production animée de la boîte, ça détend et l’ambiance sonore est des plus agréable. Ça n'a pas le même charme qu’un film plus relaxant et léger du cinéaste comme Ponyo sur la falaise, la patte du maître est toujours présente. Un film mineur pour le studio comme pour son réalisateur mais rien de malhonnête ou de mal foutue.

Créée

le 10 janv. 2018

Critique lue 360 fois

11 j'aime

2 commentaires

Critique lue 360 fois

11
2

D'autres avis sur Kiki la petite sorcière

Kiki la petite sorcière
Hypérion
8

La magie des airs nous emporte

Kiki la petite sorcière, s'il n'a pas la gravité d'un Mononoké, le caractère sacré d'un Chihiro ou le spleen d'un Porco Rosso, reste un petit bijou de film d'animation habilement déguisé en innocent...

le 31 août 2011

119 j'aime

5

Kiki la petite sorcière
Grimault_
9

La couleur des sentiments

Miyazaki fait partie de ces réalisateurs dont la filmographie est si variée qu'il est impossible de s'accorder sur un film qui ferait l'unanimité. Chaque film touche le spectateur d'une façon...

le 1 sept. 2017

69 j'aime

16

Kiki la petite sorcière
Pukhet
9

La jolie petite sorcière.

Kiki la petite sorcière fut le premier gros succès de studio Ghibli, et, se plaçant au top du box-office nippon en 1989, permit l'autofinancement des prochains longs métrages du studio. Dans ce...

le 29 févr. 2012

66 j'aime

3

Du même critique

Les Animaux fantastiques
Maxime_T__Freslon
5

Dans la continuité de ses prédécesseurs... mais pas pour le meilleur.

EDIT ! Y’avait autant de raison d’être enthousiaste et heureux de voir la saga sur le sorcier à lunette au cinéma que d’être inquiet et sceptique quand on voit la politique actuelle des studios...

le 18 nov. 2016

91 j'aime

15

Bohemian Rhapsody
Maxime_T__Freslon
4

God save the Queen !

Queen et le cinéma, c’est très loin de se limiter qu’à ce projet de biopic autour de son chanteur Freddy Mercury et de l’émergence du groupe au cours des années 70. La présence du groupe passe tant...

le 31 oct. 2018

82 j'aime

27

Blade Runner 2049
Maxime_T__Freslon
8

Loneliness and birth !

Dans la grande catégorie des suites tardives ou exploitation de licence qui n’ont pas été demandé, on peut trouver beaucoup de films qui ont vu le jour à l’aube de ce vingt-et unième siècle et...

le 4 oct. 2017

75 j'aime

4