Kiki la petite sorcière
7.3
Kiki la petite sorcière

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1989)

En un mot : Merveilleux.


Il est proprement merveilleux d'avoir fait un film uniquement consacré à une petite sorcière qui livre des commandes par balai volant, sans jamais ennuyer le spectateur une seule seconde. Au contraire, dès les premières secondes, nous sommes saisis par la beauté des paysages, de la musique, de cet univers enchanteur si différent et pourtant si familier.


Kiki est un film qui frôle la mièvrerie à chaque instant, mais en est toujours empêché par un je ne sais quoi d'extraordinaire qui fait le charme des studios Ghibli. Tout autre cinéaste en eut fait une œuvre dégoulinante de bons sentiments jusqu'à l'écœurement, mais Miyasaki connait son boulot et réussit sans cesse à l'éviter.
Ce film est consacré à la vie quotidienne, au train-train ordinaire : balai-boulot-dodo. Les éléments magiques du film sont assez discrets, certains allant jusqu'à disparaitre progressivement, permettant à l'auteur de se consacrer à la vie ordinaire de sa protagoniste, filmée sans misérabilisme et sans que cet ordinaire nous soit désagréable ou ennyeux, grâce à une touche de surnaturel, mais surtout grâce à des personnages attachants, une vraie progression et un ton aussi réaliste que prenant. Plus d'un cinéaste français spécialiste des films sur l'ordinaire pourrait en prendre de la graine.


Et puisqu'on parle d'eux, on en profitera pour noter une fois de plus que Miyasaki est lui aussi un réalisateur très « français ». Plus exactement, ses influences européennes en général et françaises en particulier sont palpables dans ce film, où l'action semble se situer dans une ville méditéranéenne et où un hommage discret est rendu aux premiers pionniers de l'aviation (notamment via le personnage du jeune ami de Kiki et le dirigeable) ; on s'extasiera aussi sur les scènes aériennes, fréquentes chez le maître, et comptant ici parmi ses meilleures, tant la sensation de se trouver dans les airs est réelle chez le spectateur.


Sous ses dehors enfantins, ce film est plus adulte qu'il n'y paraît, comme souvent chez Ghibli. Le voyage de Kiki se veut une fable poétique sur l'entrée dans l'adolescence, donc dans une étape supplémentaire dans la vie adulte. De petites touches dispersées çà et là nous font bien sentir cette progression et le passage de ce cap important.


On pense notamment au chat, qui perd l'usage de la parole (à moins que Kiki ne puisse plus le comprendre, le film nous laisse le soin de décider) ou la relation avec le jeune Tombo, évoluant d'une hostilité enfantine de Kiki envers une personne de l'autre sexe (habituelle chez les jeunes enfants) à une réelle amitié, voire à un sentiment amoureux.


Mais ce qui émerveille, c'est surtout l'irrésistible protagoniste, tour à tour virvoltante, joyeuse, espiègle, têtue, triste, déprimée, vaillante, mais toujours attachante, faisant à elle seule l'essentiel du charme de ce film.


En un mot, vous dis-je : merveilleux.

CréatureOnirique
9

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le 27 avr. 2021

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