Quentin Tarentino, réalisateur de génie pour les uns ou ignoble plagiat pour d'autres, possède un style qui n'appartient qu'à lui. On l'identifie en quelques scènes bien senties.
Kill Bill, formidable hommage à une kyrielle de films des années 70, ne déroge pas à la règle. On retrouve un fil narratif alternant événements du passé et conjoncture dans un ordre qui peut confondre le spectateur peu attentif. Mais si la chronologie peut apparaître chaotique, la vengeance, elle est soigneusement planifiée.
La violence, qu'elle soit verbale, conceptuelle ou physique, est omniprésente dans pratiquement tous les plans, lorsque Black Manba, le personnage incarné par Uma Thurman avec brio, décide de reprendre en main son destin après un profond coma. Si d'aucuns pourront peut-être même estimer qu'elle est parfois gratuite, elle revête un sens esthétique certains. L'hémoglobine coule à flots et le personnage incarné par Uma Thurman, pour fêter son retour à la vie, ne sabre pas vraiment le champagne... mais plutôt des membres assez divers appartenant à de nombreux yakuzas. Mais tel est le prix de la vengeance et vu ce qu'elle a enduré, on peut la comprendre.
Le style est une véritable claque visuelle. Les personnages sont entiers (enfin, pas tous au bout du compte). Les acteurs incarnent leurs rôles avec un plaisir manifeste et le spectateur, s'il n'est pas trop dérouté, est littéralement happé par ce récit de revanche, véritable western contemporain. La musique, excellente tout au long de cette première partie, apparaît comme une véritable évocation d’œuvres diverses qui sentent la poudre et le duel.
Tarentino, comme à son habitude, multiplie d'ailleurs les clins d’œil en direction des œuvres qui l'on marqué. La transition du film au manga durant quelques minutes semble à ce titre un hommage rendu à ce genre : dur, sans concession, tranché au scalpel. C'est esthétiquement superbe et campe l'une des tueuses de façon très efficace.
Je n'avais pas revu ce film depuis sa sortie en salles mais il m'avait profondément marqué et certaines scènes demeuraient encore nettes dans mon esprit. Alors que je le redécouvre pour la troisième fois en 2018, je le trouve encore meilleur.
Le spectateur devra, pour l'apprécier pleinement, se garder de le regarder seulement au premier degré.