Pour son quatrième long-métrage, Quentin Tarantino rend hommage au cinéma qu'il aime (à l'image de sa filmographie entière), en l’occurrence les films de kung-fu, les films de sabre japonais (le chanbara pour les initiés) et l'animé japonais (mention spéciale à la séquence retraçant la jeunesse d'O-Ren Ishii) tout en le saupoudrant de ses propres canons, à savoir la violence outrancière, véritablement poussée jusqu'au gore ici, la narration non linéaire, le chapitrage et les références semées ça et là.
Cependant, là où, dans ses trois précédents films, Tarantino s'attachait à créer une tension grâce à des diarrhées verbales incessantes jusqu'à l'explosion de violence, comme il le fait remarquablement dans le premier chapitre de son film, il accorde ici davantage d'importance au développement psychologique de ses personnages tout en travaillant encore plus l'esthétique à travers la chorégraphie des combats, directement inspirée par le cinéma d'arts martiaux asiatique, le jeu de lumières (séquences en anime, en noir et blanc, en jeux d'ombres) et la sophistication des décors (cf. la scène finale).
On pourra cependant regretter les quelques longueurs du film, tout comme ses effusions gore omniprésentes, et vraiment ridicules par moment (cf. les fontaines de sang engendrés par les démembrements), même si la fin en apothéose nous donne l'irrépressible envie de connaître la suite et nous fait finalement reconsidérer d'un œil bien plus positif ce que l'on vient de voir.