Jeu de morts, jeux de vilains
La vie est faite de choix. Sel ou poivre? Mer ou montagne? De Niro ou Pacino? Kill Bill 1 ou Kill Bill 2? Pas facile d'exprimer de préférences marquées, et de défendre son choix quand tout, après tout, n'est affaire que de goûts. Personnellement, je suis plus Volume 2. Mais il faut bien commencer par le commencement...
Alors oui, bien sûr, pour ce même problème de goûts et de couleurs, il y a ceux qui renient l'œuvre de Tarantino de toute leur force, en n'y voyant qu'un copier-coller de films existant déjà. On ne peut d'ailleurs pas tout à fait leur donner tort. Mais, reconnaissons-le, si QT pioche dans la filmographie d'autres, il le fait comme un passionné respectueux et un génial touche-à-tout, désirant partager avec le monde tout l'immensité d'un paysage cinématographique que certains ne font qu'effleurer, par faute de moyens ou de temps, quand lui l'a exploré en long en large et en travers pendant ces années de gérant de vidéo club.
Kill Bill, en ce sens, est l'apogée de cet hommage à un cinéma de genre que le réalisateur vénère. En l'occurrence, celui des films d'art martiaux, plus particulièrement ceux de la Shaw Brothers. A travers une histoire librement inspirée de Truffaut (auquel il rend un hommage appuyé), celle de cette mariée souhaitant venger la mort de son mari le jour de ses noces, Tarantino nous offre un condensé de tout ce que le cinéma asiatique a pu engendrer de plus survolté, brassant les films de la Shaw, donc, avec les Bruce Lee, et faisant même une escale par le manga lors d'un chapitre aussi inattendu que génial.
Ce déchainement de violence aboutit lors de l'une des plus belles scènes de swordfight vues sur grand écran, et sur un cliffhanger digne des films à séries très populaires dans les années d'avant guerre. Un énorme brassage des genres, donc, mené sans temps mort par un fanboy au sommet de sa forme et de son art. La réalisation est sans fautes, condensé de ce que Tarantino sait faire de mieux tout en offrant quelques clins d'œil appuyés aux œuvres originelles, histoire de contenter tout le monde.
Un monument du cinéma multi-genres, dont on se demande bien comment il serait possible de faire mieux. Et pourtant, le Volume 2 arrive...