On tue Bill, mais sans la classe qui va avec.

J'ai regardé ce second volume de Kill Bill quelques heures seulement après avoir terminé le premier, une ou deux à tout casser, et quelques minutes après avoir écrit la critique du premier Kill Bill, qui m'a donc bien emballé. Et quelle déception fut cette suite. Elle est dans un registre totalement différent du premier film, mettant l'accent sur les personnages, les dialogues et le scénario plutôt que sur les scènes d'action, l'inondation en hémoglobines comme le faisait son prédécesseur.

Alors bien sûr, il y a des scènes comme ça. Il y a cette scène plus qu'audacieuse mais néanmoins magnifique où l'on alterne entre le noir complet et la vue de l'héroïne, enterrée vivante, utilisant une lampe-torche pour tenter de s'en sortir. Il y a ce combat entre l'héroïne et Elle Driver qui est superbe en tout point avec du sang à gogo (non non, pas celle du premier volume), une chorégraphie super classe et de l'arrachage d'oeil, ce qui est diablement classe. En plus de ça, on apprend le nom complet de l'héroïne pendant la scène, nom qui avait été gardé secret durant le premier film et qui, à mon humble avis, aurait mieux fait d'être gardé secret durant celui-ci aussi. Parce que oui, le mystère c'est cool.

C'est d'ailleurs une des raisons qui fait que j'ai beaucoup moins aimé ce deuxième volume : il explique quasiment tout. Le mariage de l'héroïne qui était en fait une répétition et le massacre qui s'y est déroulé, le conflit entre notre vengeresse mariée et Bill, tout ce qui tourne autour de leur enfant, le prénom et le nom de l'héroïne... bref, tout ce qui n'était pas expliqué dans le premier volume l'est dans celui-ci, et c'est bien dommage. Heureusement, les dialogues sont plutôt bien foutus et pas trop chiants, notamment quand Bill est concerné et plus spécialement quand il fait un discours sur les comics.

Reste que tous les dialogues ne sont pas du niveau de celui qui termine le film et que toutes les scènes ne sont pas du niveau des deux premières que j'ai cité. Un peu plus long que son aîné d'une vingtaine de minutes, Kill Bill : Volume 2 dispose aussi de bon nombre de longueurs : le passage sur la "vie" de Budd que je n'aimerais pas avoir tant elle semble ennuyeuse, malgré que ça apporte un développement au personnage qui le rend plus "réel" avant sa mort annoncée dès le début (dans une première scène que j'ai bien aimé et qui m'a induite en erreur sur la suite, d'ailleurs) et, surtout, l'entraînement de l'héroïne avec Pai Mei qui est peu original, banal et peu intéressant à en mourir d'ennui. Je n'ai d'ailleurs pas très bien compris le fait qu'elle ne réussisse à briser le bois avec sa main qu'une fois dans ce cercueil et que le vieux moine ninja machin lui ait quand même enseigné sa technique secrète et mortelle alors qu'elle n'avait pas réussi le premier exercice qu'il lui avait donné.

Cette technique m'amène à parler d'un point en particulier : la fin du film qui est bien évidemment l'aboutissement de la quête, du titre du film, soit le combat final avec Bill. Je m'attendais à quelque chose de grandiose, quelque chose surpassant les scènes d'action des deux films et je n'ai rien eu : il meurt plus pitoyablement et dans une scène moins réussie que ses quatre subordonnés. Quand l'une avait le droit à un combat au couteau qui saccagea une maison entière, une autre à un combat au sabre à la samouraï après le massacre de 88 de ses sous-fifres ainsi que de ses plus proches subalternes, une autre à un combat avec tout ce qui est trouvable dans une maison puis deux des meilleurs sabres du monde et un autre à une mort par un serpent venimeux après avoir enterrée vivante l'héroïne, le grand méchant de l'histoire a le droit à la technique secrète de la morkitu dans la gueule après deux trois coups de sabre, et c'est fini.

Bien sûr, la musique est toujours aussi bonne. Bien sûr, ce Kill Bill 2 est lui aussi beau, même si beaucoup moins à mon goût, se contentant de foutre du noir et blanc un peu partout. Mais voilà, il est loin d'avoir la même saveur du premier opus et surtout il lève le voile sur à peu près tous les mystères qui avaient été posés dans le premier opus. Moins fun et moins beau, il garde cependant une partie du délire originel et développe des personnages tous plus "sympathiques" - si je puis dire - que les autres, sans être ce qu'on pouvait, ou plutôt ce que je pouvais, attendre de lui.

Et puis bon, quitte à avoir une technique secrète qui tue quelqu'un en cinq mouvements du doigt, pourquoi elle a pas tué tout le monde comme ça au lieu de se casser le cul à se battre et se faire blesser de partout ?
Ripper-

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