Au début, l'interprétation branlante interpelle. Pas que le directeur de la clinique ne soit pas vraisemblable, mais il contraste net avec Virginie Effira, qui ne sort pas vraiment de sa zébrure de présentatrice et surjoue à côté de la plaque. A sa suite, Poelvoorde remplit parfaitement son rôle évanescent, même si on voit ressortir le personnage public fanfaron (cf. la scène de la salle de bain) à travers son personnage de dépressif. En-dehors de ça : R.A.S., c'est un vrai plaisir de retrouver certaines têtes connues au bataillon (Bouli Lanners, Philippe Nahon), et même de les entendre parler en anglais ! Comme pour varier le registre...

Pourtant, au titre des plaies, le montage apparaît d'emblée naze : aucune transition n'est ménagée, c'est malpropre et fauché à la serpe alors que bien au contraire, l'action se fait lente. Et puis, à voir tous ces barbus dépressifs, on croit voir un énième film grotesque à l'humour facile, trop facile ; avant de se laisser aller... Car heureusement, à mesure que le mauvais film se voulant « arty » et léché (le noir et blanc, le cadre, le choix des costumes) s'efface et que le rythme gagne en vigueur, Barco lâche les brides et laisse aller la folie pure, celle du festival de l'humour noir et de la farce à la Hot Fuzz.

Ainsi, l'intérêt va augmentant jusqu'à l'acme, à mesure que les bases posées avec minutie s'écroulent comme on prendrait un malin plaisir à shooter dans un château de sable. De cette manière, les tares qui dérangeaient sont progressivement occultées, de sorte que le film ne déçoit en rien et laisse plus qu'une bonne impression.

N'ayant finalement pas grand-chose à voir avec le C'est arrivé près de chez vous dont il devait être le digne héritier, il est davantage comparable à Bons baisers de Bruges pour l'humour irrévérencieux, Calvaire pour l'ambiance insulaire et la caricature des « villageois », ou encore 13 Tzameti pour la photo et le culte du mystère. Après l'hymne, ou le chant du cygne en période de rat d'opéra, appelez ça comme vous voulez, le film n'a aucun sens, si ce n'est celui qu'on veut lui donner pour masquer les apparences absurdes. Le résultat est donc parfait... ou presque.
Adrast
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le 26 mai 2011

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