Mel Gibson était l'un des acteurs les plus bankables et les plus excitants des années 80/90 grâce au personnage culte Mad Max et la saga L'Arme Fatale. Il s'était même payé le luxe de devenir un bon réalisateur suivant le même sentier que la légende de l'Ouest, Clint Eastwood. Malheureusement ses trop nombreux déboires ont fini par le condamner aux limbes hollywoodiens. Enfin, c'était jusqu'à sa résurrection cannoise dans le film de Jodie Foster : Le Complexe du Castor. Une résurrection de courte durée car la presse généralisée s'est vite désintéressée de lui au point que Get the Gringo est sorti directement en DVD.

Producteur et scénariste sur ce film, Mel Gibson y renoue avec la série B ayant transformé l'enfant de Peekskill en star. Autant le dire tout de suite, ce Get the Gringo aurait eu beaucoup moins d'attrait sans lui. Ce n'est pas que les atouts manquent mais c'est Mel, bordel. Il a toujours eu cette alchimie avec la caméra en distillant ses fameuses mimiques et une prestation corporelle faisant de chacun de ses mouvements une case de bande dessinée. En plus quand il est servi par des voix off bourrées de répliques assassines et délectables, on ne peut que craquer.

A ses côtés, belle présence du jeune Kevin Hernandez, déjà vu aux côtés de Jonah Hill dans Baby-sitter malgré lui. Encore s'il était assez mal dirigé dans ce film, il explose dans Get the Gringo. Son arrivée coïncide avec la montée en puissance du film grâce à l'obtention d'un enjeu digne d'intérêt. En plus, ce jeune fumant comme un pompier fait jeu égal avec Mel Gibson, comment ne pas craquer ? J'avoue, c'est mon péché mignon depuis Léon, j'ai toujours adoré les longs-métrages où le vieux baroudeur prend sous son aile un jeune enfant avec ce qu'il faut comme scènes : la première rencontre inattendue, le dressage bilatéral et la team de choc contre le monde entier. Get the Gringo remplit sa mission avec brio.

L'autre grande surprise du film concerne la prison, une prison mexicaine rappelant celle de Prison Break dans sa saison 3 mais en mille fois plus impressionnante. C'est tout simplement un petit village qui vit sous l'égide d'un baron dictateur, même le directeur officiel est son larbin. Une autre façon de voir le système carcéral pour un résultat pour le moins détonnant. Le personnage sans nom joué par Mel Gibson y déambule en faisant preuve d'une intelligence appréciable et multipliant les actes de chapardeur. Son espièglerie renvoie Michael Scofield à la basse-cour. Preuve finale du lien liant ce film à Prison Break, la présence de l'acteur Peter Stormare, mafieux emprisonné dans les premières saisons de la série et cabotinant comme jamais ici. On sourira aussi devant la présence de Dean Norris dans un rôle similaire à celui qu'il tient dans la série Breaking Bad, hasard ou clin d'œil ? Je penche pour le second.

Le long-métrage d'Adrian Grunberg offre aussi une scène d'action particulièrement impressionnante : une fusillade en plein cœur de la prison. Magnifiquement mise en scène, elle marque l'apogée de Get the Gringo. J'ai fini par tirer mon chapeau devant l'excellente maîtrise du réalisateur pour ses scènes d'actions « réalistes » où les impacts de balles existent et où le sang gicle. J'ai toujours détesté les films trop prudes ou trop fauchés pour afficher à l'écran la violence des affrontements. Voir un mec tomber sous un tir alors qu'il n'y aucune trace de la balle, il n'y a pas mieux pour casser le plaisir d'un visionnage. D'ailleurs en parlant du réalisateur, il franchit ici pour la première fois le pas après avoir officié en tant qu'assistant-réalisateur sur un paquet de long métrage : Apocalypto, Jarhead – La fin de l'innocence, La légende de Zorro, Man on Fire, Traffic, ... Une belle filmo, non? En tout cas, vu la qualité de Get the Gringo, on comprend pourquoi les réalisateurs se l'arrachaient. Espérons le revoir sous peu.

Si Get the Gringo est diablement efficace, on pourrait lui reprocher une absence de surprise. Ça reste une série B classique mais quand on voit la concurrence, on se dit merde quand même, ça aurait largement eu sa place au cinéma (il est sorti directement en DVD aux States) vu que le Gringo enterre les trois quarts de ses concurrent.
Marvelll
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 23 juin 2012

Critique lue 498 fois

2 j'aime

2 commentaires

Marvelll

Écrit par

Critique lue 498 fois

2
2

D'autres avis sur Kill the Gringo

Kill the Gringo
SlashersHouse
7

In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen.

Il faut croire que c'est l'année où tous les gringos se perdent au Mexique. Après El Gringo il y a peu, voici Get the Gringo, qui est une sorte de retour aux sources pour Mel Gibson, qui s'amuse de...

le 16 juin 2012

11 j'aime

1

Kill the Gringo
Lazein
8

"Send my love to my home, but send my mail to Tijuana Jail"

Co-écrit et produit par Mel Gibson, "Kill The Gringo" est sorti directement en VOD aux USA puis en DVD partout ailleurs à l'exception de quelques pays. Cependant un film qui débute avec "50.000 Miles...

le 26 mai 2013

10 j'aime

10

Kill the Gringo
ltschaffer
6

Kill the Lethal Weapon

Dans le club très fermé des acteurs « direct-to-DVD », parmi lesquels siègent Samuel L. Jackson (le patron), Sean Bean ou encore Gary Oldman, il faudra désormais composer avec Mel Gibson. D’apparence...

le 28 janv. 2013

9 j'aime

Du même critique

Time Out
Marvelll
5

« Ne gâche pas mon temps »

En héritant d'un synopsis bandant, on attendait de Time Out, un film de SF sympathique surtout vu le nom du réalisateur. Si le sujet (le temps a remplacé l'argent) amènera des réflexions plutôt...

le 17 nov. 2011

113 j'aime

9

La Chasse
Marvelll
9

La cruauté de l’Homme

Pourquoi voir La Chasse ? Quatre arguments imparables, pour l’acteur Mads Mikkelsen (devenu une star mondiale depuis sa prestation mémorable de Le Chiffre dans Casino Royale), pour le réalisateur,...

le 30 oct. 2012

96 j'aime

7

Des hommes sans loi
Marvelll
9

Le chaînon manquant entre le western et le film de gangsters

Des hommes sans loi, malgré son casting bankable avec en figure de proue Tom Hardy, est surtout le nouveau film de John Hillcoat, derrière l’excellent La Route et le western réputé The Proposition...

le 11 sept. 2012

83 j'aime

17