Le poulet de chez KFC est vraiment maltraité
William Friedkin. Réalisateur/escroc, auteur d’un des films d’horreur les plus connus du grand public, et malheureusement parmi les plus appréciés – L’Exorciste – arrive en 2012 avec ses gros sabots pour nous sortir un film noir, ampli d’un désespoir et d’une violence (à la fois physique et psychologique) qui peut dégoûter. Et si le film se lance de manière à imprégner le spectateur de l’histoire et semble intéressant, il se perd vite dans un excès de scènes toutes plus vicieuses les unes que les autres. Résultat plus que mitigé donc.
Car la tension est d’emblée de mise dans cette famille de cas sociaux du fin fond des Etats-Unis et le plan qui se met en place pour tuer la mère d’un dealeur de drogues peut scrupuleux avec l’aide de son père ne surprend finalement pas. Pour cela, il faut faire appel à Killer Joe, flic ripou qui exécute qui de droit pour des sommes assez élevées (en raison sûrement de la qualité de ses services). La famille de dégénérés n’ayant pas l’argent d’avance lui promet une part de l’héritage. Seulement voilà, on sait qu’il y a une faille quelque part, on sait que rien ne se passera comme prévu et on se doute même que le reste du film risque de tourner au carnage, quel qu’il soit.
Pas de surprise donc quand on voit que le tueur à gage Killer Joe, venu réclamé son dû après avoir commis l’irréparable, c'est-à-dire une grosse somme d’argent, menace la famille de notre héros (?). Ni anti-héros, ni héros, le personnage d’Emile Hirsch n’est rien d’autre qu’un misérable de plus qu’on déteste plus qu’on n’apprécie et qui révèle des défauts toujours plus énormes au fil des scènes du film, allant même jusqu’à vendre sa sœur à Joe pour survivre un peu plus longtemps. Une séquence de viol plus loin (car c’en est un, ni plus ni moins) et voilà l’innocence de la jeune fille disparue. On se dit que rien ne peut arriver de pire mais c’est sans compter sur l’ardeur du réalisateur de pousser le bouchon toujours plus loin, afin de montrer qu’il sait dégoûter et qu’il sait ce qu’est un film noir.
Seulement voilà, une imitation de fellation sur une cuisse d’un poulet maltraité de chez KFC (beau placement de produit), un cassage de dents à coups de boîte de conserves et l’annonciation d’un futur enfant suite aux actes sexuels répétés ne sont pas des critères de qualité dans le genre. Non, ils ne font que souligner que l’Exorciste n’était pas simplement un accident de parcours mais bel et bien la patte d’un réalisateur en mal de créativité et qui pour se faire reconnaître doit user d’artifices pour le moins dégoutants et exacerber une violence pas vraiment utile pour maintenir à flot un film qui n’en vaut pas vraiment la peine.
Le comble reste la fin ouverte ne permettant même pas au spectateur de relâcher la pression sous laquelle il doit retourner à sa vie en dehors de la salle obscure.
Avec du recul, les souvenirs du film s’effacent et les rares bonnes scènes avec pour ne laisser que cette pauvre cuisse de poulet déjà peu ragoutante au départ et utilisée pour primo « surprendre le spectateur » et deuxio « fournir l’argent nécessaire pour permettre la sortie d’un film qui n’en vaut pas trop la peine ». Absolument dispensable.