Killer Sofa
4.5
Killer Sofa

Film de Bernardo Rao (2019)

Alors qu’on se plaint toujours qu’à Hollywood, les scénaristes semblent n’avoir plus aucune imagination, il y a des pays où elle semble à l’inverse n’avoir aucune limite. On se demande même à quoi ils carburent. Parce que des films avec des objets possédés, il y en a déjà eu plein. Avec des voitures possédées, des ascenseurs possédés, des miroirs, des pneus, des téléphones, des frigos. Mais un sofa tueur, il fallait oser ! Pire encore, il fallait avoir une bonne grosse paire de baloches pour injecter de l’argent là-dedans. Et pourtant, les néozélandais l’ont fait. Ça s’appelle Killer Sofa, c’est sorti en 2019, c’est encore inédit chez nous, et même si ce n’est pas bon, l’idée de départ est tellement improbable qu’il fallait que je vous en parle


Bernie Rao est un jeune réalisateur qui depuis la fin des années 2000 avait pondu une bonne trentaine de courts métrages. Lorsqu’il décide de passer au long, il semble vouloir se faire remarquer et met en boite ce film improbable dans lequel un fauteuil possédé se met à attaquer et tuer tous ceux qui, pour lui, tentent de le séparer de sa nouvelle propriétaire dont il semble être tombé désespérément amoureux. Si si, c’est le pitch du film. A n’en pas douter, il ferait la joie des amateurs de bizarreries dans les festivals, surtout avec son affiche nous présentant un sofa aux dents sanglantes acérées. Avouez qu’il y avait moyen de faire un truc complètement nawak et extrêmement fun. Mais très rapidement, en à peine 5 minutes de films, quelque chose cloche. Comment ??? Ils vont vraiment se la jouer sérieux là ??? On parle d’un fauteuil tueur là. Il y a moyen de partir dans des délires complètement improbables. Sauf que non, le délire du film, c’est justement de rester premier degré du début à la fin, de poser une ambiance angoissante, oppressante, en prenant son temps, de développer toute une histoire autour de la légende du dibbouk, ce démon de la mythologie juive et kabbalistique qui habite le corps d’un être humain auquel il reste attaché. Cette légende a déjà été traitée au cinéma, comme par exemple dans les films The Unborn (2009) de David Goyer ou Possédée (2012) de Ole Bornedal, mais c’est la première fois dans une histoire de fauteuil tueur. Du coup, Killer Sofa est très étrange. Le ton est sérieux, dénué de tout humour, et puis d’un coup, on a un plan improbable. Vous voyez, ce genre de plan dans le cinéma horrifique, où par exemple l’héroïne est dans la rue, et de la fenêtre d’une maison en arrière-plan, on aperçoit le serial killer qui la regarde ? Eh bien là, c’est pareil, avec le fauteuil « debout » à la fenêtre ou au balcon. Comment ne pas avoir une petite crise de rire nerveux !?!


En fait, Killer Sofa a le cul entre deux chaises. S’il est fait pour être sérieux, il y a trop de trucs complètement nanars (voir exemple ci-dessus). S’il est fait pour être nawak, il est très chiant car il n’y a pas assez de trucs nawaks. Il semble clairement pencher vers la première possibilité. Mais le film est long, mou, et chiant. La première attaque du fauteuil, et encore, s’il est possible de parler d’attaque, n’arrive qu’au bout de 26 minutes, où notre beau fauteuil de cuir va planter un gros ressort dans la jambe de la victime. What the fuck ??? Mais c’est n’importe quoi. Je vous assure, on assiste à des scènes parfois improbables, comme ce combat entre une jeune fille et le fauteuil. C’est très particulier. Trop particulier pour en rire. Ça en est presque malaisant tellement c’est premier degré. D’autant plus que le film a la mauvaise idée de ne pas aller dans le gore. Non, on ne verra jamais les fameuses dents du fauteuil de l’affiche. Néanmoins, le fauteuil est un personnage à part entière. Il se déplie, se déplace, a même des expressions reconnaissables, et surtout c’est celui qui joue le mieux. Il faut avouer que le casting n’est pas réellement au point, le jeu des acteurs allant du moyen au sincèrement médiocre.
C’est dommage car la mise en scène de Bernie Rao, également scénariste, producteur, directeur photo, monteur (entre autres), n’est vraiment pas dégueux. Ça se tient, c’est visuellement plutôt joli, avec de bons effets d’ombres et lumières. Mais au service de quoi ? De rien du tout. Killer Sofa n’est pas bon, et en plus il n’est même pas rigolo.


Est-ce que le réalisateur néozélandais Bernie Rao avait envie de faire du buzz avec son histoire de fauteuil tueur comme l’avait fait 13 ans auparavant son compatriote Jonathan King et ses moutons zombies ? Allez savoir. Sauf que Black Sheep était très fun. Killer Sofa est juste nul.


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 29 sept. 2020

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cherycok

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