Ami Canaan Mann, fille du cinéaste Michael Mann, suit les traces de son père et dirige enfin son premier long-métrage, n'ayant réalisé jusqu'ici que quelques épisodes de séries télé et également dirigé une des équipes de tournage de Heat. Dur de savoir à l'avance ce que ça pouvait donner, mais la présence de Don Ferrarone, ancien agent des stups reconverti en scénariste, annonçait au moins la possibilité d'une aventure bien ficelée (il a notamment été conseiller technique sur de grosses productions comme Ennemi d'état, Spy Game, Man on Fire...). En définitive, c'est totalement l'inverse. Ferrarone étale sa connaissance technique des investigations policières, avec un soin méticuleux apporté à chaque détails pour en augmenter la crédibilité, or il n'apporte aucune originalité à ses personnages qui ressemblent à des ersatz éthérés de ceux de Seven, et quant au thème du tueur en série, c'est le vide total, avec une surenchère de poncifs ennuyeux et sans aucune recherche (il nargue le duo, s'en prend à la protégée de l'un deux — Chloë Grace Moretz). On pourrait passer au-delà de ces erreurs d'écriture, mais manque de chance, le tout s'enlise, avec des acteurs moribonds et une succession de scènes toutes plus poussives les unes que les autres, démotivant le spectateur qui se détachera progressivement de l'aventure et attendra avec impatience l'arrivée du générique de fin. Par moment on aurait presque l'impression que le tout cherche à surfer sur l'effet Winter's Bone et son lyrisme péquenaud, mais tout ce qui pouvait en faire la beauté a été sacrifié sur l'autel de la caricature, les acteurs imitant de façon grotesque l'accent texan, grommelant à un point qu'ils en deviennent la plupart du temps inaudibles.

Bref, Killing Fields ressemble à un mauvais épisode de la série Les Experts, avec des acteurs encore plus plats. Jeffrey Dean Morgan ne remonte pas sa côte qui n'a cessé de chuter depuis le bref succès qu'il a connu avec Watchmen (cf La Locataire), Chloë Grace Moretz perd tout son charme, jouant une énième fois une fille nonchalante, et ça sera finalement Sam Worthington qui s'octroiera la seule bonne partie du film, lors d'une course poursuite réellement extraordinaire et rappelant ce que le père Mann pouvait nous servir de mieux en terme d'action.
Dommage que l'ensemble se plante à ce point, surtout que le synopsis en lui-même était plaisant, et le casting aurait pu permettre beaucoup plus, surtout avec deux grandes gueules qui semblaient toutes désignées pour nous servir quelque chose de bien plus musclé et beaucoup moins alambiqué.
Pour conclure, si vous vous attendiez à un mélange polar/actioner/thriller façon Heat, ou tout du moins l'approchant, vous en serez très loin, le tout ayant un effet soporifique indéniable. Les plus accrocs au casting pourront toujours y jeter un œil, mais c'est avec une réelle tristesse qu'ils auront l'impression d'assister à un consortium de taxidermistes.
Mention spéciale pour la seule bonne scène du film, la course poursuite, mettant en avant un Sam Worthington qui profite du seul bref instant d'action du film pour se déchaîner et faire ce qu'il fait le mieux, hurler en conduisant à toute berzingue tout en tirant au fusil à pompe.
SlashersHouse
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le 11 déc. 2011

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