King Kong par Aurélien Boucher

New York, 1933. Ann Darrow est une artiste de music-hall dont la carrière a été brisée net par la Dépression. Se retrouvant sans emploi ni ressources, la jeune femme rencontre l’audacieux explorateur-réalisateur Carl Denham et se laisse entraîner par lui dans la plus périlleuse des aventures… Ce dernier a dérobé à ses producteurs le négatif de son film inachevé. Il n’a que quelques heures pour trouver une nouvelle star et l’embarquer pour Singapour avec son scénariste, Jack Driscoll, et une équipe réduite. Objectif avoué : achever sous ces cieux lointains son génial film d’action. Mais Denham nourrit en secret une autre ambition, bien plus folle : être le premier homme à explorer la mystérieuse Skull Island et à en ramener des images. Sur cette île de légende, Denham sait que « quelque chose » l’attend, qui changera à jamais le cours de sa vie…

En 2005, Peter Jackson a déjà atteint la consécration, et ceux grâce au carton incroyable qu'a été LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et les 11 oscars du 3ème volet. Et pourtant, Jackson n'a pas encore réalisé le projet de ses rêves, projet dont il a cherché à faire avant même sa trilogie, un remake d'un grand classique du cinéma des années 30, KING KONG. Ce classique a déjà eu droit à un remake en 1976 en changeant le contexte, et le film de Peter Jackson sera le remake le plus emblématique de l'original, et dans le pur respect et surtout un pur hommage.
Et ce remake est vraiment un chef d'œuvre, sans aucun doute un des meilleurs remake jamais fait (si ce n'est le meilleur) et un des meilleurs films de Peter Jackson, juste un millimètre minuscule en dessous de la trilogie du seigneur des anneaux.
Peter Jackson nous livre ici un remake qui part très loin, en offrant une durée de 3 heures et en exploitant à fond son spectacle que ses moments d'émotion, au point de se taper quelques critiques sévères (et pas méritées) par rapport à la surenchère.
Le film se coupe en trois parties. La première grosse partie d'une heure est une grosse scène d'exposions, présentant parfaitement les personnages et leur quotidien, avec les premières 20 minutes centré sur les personnages de Ann et Carl à New York, et le reste de l'heure centré sur l'équipage du navire ainsi que le personnage de Jack. C'est une parfaite introduction, longue comme elle faut, et exploitant parfaitement le départ du quotidien vers l'aventure jusqu'à l'île de Skull Island (et ce à travers un plan d'Ann avant qu'elle monte sur le bateau).
La deuxième partie est une pure partie d'action et d'aventure où Ann se fait capturer par King Kong, et où tout l'équipage doit affronter tout les dangers et les mystères de l'île pour sauver Ann du singe géant.
Et la troisième partie est bien sur la capture de Kong qui finit par s'enfuir dans la ville de New York, pour retrouver sa belle aimée, et mourir au sommet de l'Empire State Building.
Avant de m'intéresser aux deux gros personnages principaux qui font à eux deux la plus grande qualité de ce chef d'œuvre, commençant par le reste du casting.

Jack Black est vraiment excellent dans le rôle de Carl Denham, le cinéaste très (trop) ambitieux qui veut réaliser un film sur l'île mystérieuse et inexplorée de Skull Island. C'est vraiment le personnage scrupuleux par excellence, obsédé par l'île et surtout par la bête qui l'habite, ce qui va le pousser à bout de sa cupidité et provoquer la catastrophe à New York. Et ce dernier aura malgré tout réussi à faire une histoire à partir de Kong, rien qu'avec ces derniers dialogues près du cadavre de Kong : "C'est la belle qui a tué la bête".
Puis Adrien Brody est très bon dans le rôle du scénariste et romance Jack Driscoll, même si son personnage ne se limite qu'au prince charmant qui veut approcher et sauver Ann, bien que c'est lui qui sauve la situation, car c'est lui qui a l'idée d'éloigner Kong pour qu'il retrouve Ann.
Et tout le casting sur l'équipage est excellent, avec le charismatique Thomas Krestchmann, Jamie Bell dans le rôle du marin rêvant d'aventure, Andy Serkis excellent dans le rôle de Lumpy, ayant le charisme du capitaine Haddock, et aussi Kyle Chandler dans le rôle de l'acteur frimeur et prétentieux, qui est totalement lâche face au réel danger, mais qui va malgré tout devenir un badass sauvant ses coéquipiers.
Et la, on parle du lourd. Naomie Watts est superbe et magnifique dans le rôle d'Ann Darrow. Elle est très attachante, et les émotions de son visage sont superbes, surtout avec sa relation avec Kong.
Et King Kong est vraiment excellent, que ce soit de par son design, son côté bête féroce et surtout de son aspect bête amoureux de la belle. La grande force de cet animal vient surtout de ses expression faciales qui le rendent attachant et aussi touchant (surtout avec la relation avec Ann.
Et la relation avec Ann est juste magistrale, où tout passe par le regard, sans oublier les premières scènes entre eux où Ann fait du langage des signes. Et le romantisme entre les deux est superbes, et ceux sans dialogue, offrant des moments merveilleux comme le coucher du soleil sur Skull Island, mais surtout toute la troisième partie à New York. Cette troisième partie est un chef d'œuvre dans le romantisme sans dialogue, et totalement émouvante, avec l'ambiance calme et isolée des rues de New York dès l'arrivée d'Ann, avec en plus une magnifique scène assumant la naïveté romantique au Central Park avec les deux qui vont des glissades sur le sols glacée. Et on a surtout tout les passages sur l'empire state building, où l'intensité des regards entre les deux offrent les scènes les plus émouvantes du film, et ceux près à faire tirer une larme, notamment le long dernier échange de regard avant que Kong s'écroule.
Et on parlant de Kong, Andy Serkis est excellent dans la performance capture où après sa superbe prestation de Gollum, il nous livre une excellente prestation de singe bestial sans dialogues, mais vivant grâce à ses expressions faciales. Et on peut dire que son rôle de Kong est un prémices pour son futur rôle d'un autre singe expressif : César.
Et l'action est vraiment excellente et spectaculaire, que ce soit tout les passages sur l'île dont la scène des dinosaures entrain de courir (bien qu'un peu limite au niveaux des effets spéciaux), et surtout la superbe scène où Kong affronte trois T-Rex, en exploitant à fond le côté animal qui se bat pour protéger la belle, ainsi que la séquence hyper intense à la sortie de l'île où l'équipage utilisent des techniques pour endormir Kong, une scène également émouvante grâce à Ann qui ne veut pas qu'on lui face du mal. Et on a aussi tout les passages spectaculaire à New York, que ce soit la course poursuite où Adrien Brody attire Kong vers Ann, l'attaque de l'armée, et surtout la scène emblématique où Kong se bat contre les avions au sommet de l'empire state building.
Et tout l'aspect horrifique est parfaitement exploité, que ce soit avec les indigènes, et surtout l'excellente exploitation de la jungle, de par son côté claustrophobe et surtout tout les créatures qui peuvent tuer (surtout la scène des insecte, notamment les bouffeurs de tête).
Et la réalisation de Jackson est superbe, que ce soit dans ces magnifiques plans, l'utilisation de l'image de synthèse rendant les mouvements de caméras totalement libre et renforçant le spectaculaire (là où les effets à l'ancienne dans l'original avaient tendance à bloquer la caméra), ainsi qu'un montage renforçant le côté stressant où horrifique, comme le passage où Jack écrit Skull Island dans son script, ou le passage où l'équipage se fait attaquer par les indigènes.
Et la reconstitution des années 30 est superbe.
Et la musique est excellente, que ce soit les thèmes émouvants auprès du couple Kong/Ann, ainsi que le thème principal qui renforce également le côté envoutant de l'île.
Un remake grandiose où Peter Jackson prouve une nouvelle fois sa passion, et sa consécration.