Chronique en ligne


2016 est une année riche pour le jeu vidéo. Certainement grâce aux titres grandement attendus, tels la renaissance de Doom, le nouvel Uncharted, Dark Souls III, Street Fighter V ou encore Deus Ex: Mankind Divided.
Mais pas que. Car 2016 marque également les adaptations cinématographiques de grands jeux-vidéos; adaptations à la réalisation sérieuse et au casting trois étoiles. Warcraft en mai, bientôt Assassin’s Creed en novembre, et pour cette rentrée culturelle, le nouveau film en image de synthèse made in Square Enix : Kingsglaive - Final Fantasy XV


Le monde vit sous la menace de Niflheim, empire belligérant à la puissance technologique et invocatrice sans pareille. Les royaumes de Tenebrae et Lucis résistèrent face à la puissance conquérante, mais en luttant vaillamment contre un ennemi qu'ils ne pouvaient contenir.
Le roi Régis de Lucis ne tient désormais plus que sa capitale, Insomnia, protégée par sa magie ancestrale et son cristal sacré. Conscient de ses faiblesses, conscient que la guerre n'aboutira qu'à la destruction de son peuple, il se résigne à négocier un traité de paix avec l'empire.
Alors que Niflheim masque ses véritables intentions, dans l'ombre, la garde d'élite de Lucis, les Kingsglaive, doivent accomplir une dernière mission; une mission dont dépendra le futur du royaume…
 
Annoncé comme le début de la "compilation FFXV", Kingsglaive est avant tout fidèle à la réputation du studio:, il s'offre une époustouflante qualité d'image et pléthore de cascades vertigineuses.
Bien qu'avec quelques menues variations, cette excellence graphique n'a rien à envier à Advent Children; précédent Final Fantasy en image de synthèse (lié quant à lui à l'épisode 7).


A ceci près de Kingsglaive, étonnamment, se pourvoit d'un design très "réel". Ses personnages sont ainsi modélisés au plus près des modèles humains: leurs expressions faciales sont crédibles, leurs accoutrements ne sont pas exubérants (ex: pas de coupes improbables à la japonaise), les costumes oscillent entre de sobres drapés médiévaux et des costars classiques…
Un constat également vrai dans le monde global de ce nouveau Final Fantasy: car s'y mélangent (très) audacieusement deux univers antinomiques : d'une part une métropole moderne, constellée d’immeubles et de technologies des plus connues. De l’autre, un background heroic fantasy ; avec ses chimères, invocations, magies, airships et bestiaire gigantesque.
Notons d'ailleurs les quelques références à la saga Final Fantasy: l'arme d'émeraude, une mention aux chocobos, Ultros, le look des Kingsglaive rappelant Shadow d'FF6…


Dès lors que le cadre est établi, le scénario se développe autour des Kingsglaive; les derniers protecteurs du royaumes de Lucis, épéistes-mages d'élite capables de se téléporter en lançant leurs glaives. Nyx, Libertus, Crowe, eux-mêmes réfugiés de terres déjà conquises, se retrouvent ainsi au cœur des tensions politiques qui rôdent entre Lucis, Niflheim et l'héritière de Tenebrae: Lunafreya.
Sauf rares exceptions, aucun personnage ne se complait dans un stéréotype.  Leurs actes sont cohérents, leurs émotions ont du sens. Leurs tempéraments sont étoffés, nuancés, faillibles. Bref, humains. En témoignent ce roi sage se sachant au bout de son existence, la rédemption de Nyx, ou encore la mégalomanie des dirigeants de Niflheim.
Plus généralement, l'histoire est adulte et évoque autant la dévotion que la sagesse, le ressentiment ou la notion de sacrifice.
Le jeu d'acteur est ainsi parfaitement convainquant; l'on peut en effet parler de vrai "jeu d'acteur" compte-tenu des modèles et des voix dédiés aux personnages: Sean Bean, Lena Headey, Aaron Paul ou Jon Campling pour ne citer qu'eux.


Il en découle une première moitié de film brillante, et surtout inattendue de la part d'un produit "périphérique" du jeu FFXV en lui-même. Il est intéressant de noter qu'à la différence d'Avent Children (film sorti 8 ans après Final Fantasy VII, pour relancer l'univers du jeu culte), Kingsglaive n'a pas l'étoffe d'un film "nostalgique"; et ne peut ainsi profiter du succès d'un titre qui n'est même pas sorti. Sa qualité a d'autant plus de mérite.
Cette préquelle est néanmoins ternie par la dernière moitié, plus confuse et centrée sur un enchevêtrement -un peu bourrin- de duels cataclysmiques.
Mais quels duels !
Ce véritable David contre Goliath insuffle au film un panache de taille. Et il n'est pas uniquement ici question "d'épique", mais d'héroïsme au sens plus large, au sens plus chevaleresque.


Autre point non-négligeable: la place accordée au personnage féminin central. Si Lunafreya Nox Fleuret est loin d'être une greluche -et s'apprête d'ailleurs à avoir une place centrale dans FFXV- elle n'en demeure pas moins la "demoiselle en détresse" du film. Dommage, d'autant plus que ses motivations semblent nobles mais mal expliquées.
Enfin, les orchestres soignés de John Graham viennent compléter la future bande-son FF15 de Yoko Shimomura (qui s'annonce belle à en pleurer).


VERDICT:
Scénario: 3.5/5
Ambiance visuelle: 4/5
Musique: 4/5
Jeu d'acteurs: 4.5/5


Kingsglaive réussit le petit exploit d'être plus captivant sur sa trame que sur ses scènes d'action. Sans révolutionner l'écriture, il est rafraichissant de voir un film CGI japonais dont le storyboard n'a pas été expédié en 4ème vitesse, au profit de l'aspect combat/bluffant/badass. C'est presque le contraire ici, tant les scénaristes ont tâché de peindre une histoire humaine crédible, sans ressasser les éternels clichés horripilants des mangas.

Final Fantasy XV, cet univers fondé sur les patronymes et la culture latine, teinté d'un sobre contraste noir-blanc, se voit ainsi remarquablement introduit; non sur une base parfaite, mais sur un socle riche et original.
Omnis Lacrima

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8
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Créée

le 4 oct. 2016

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Calme Ignition

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