La suite sans les idées

Le premier était une brillante réussite : pop, fun, inventif, décomplexé, rythmé.
Matthew Vaughn, qui jusque là s'était toujours refusé à mettre en scène des suites ("Kick-Ass 2" était réalisé par un autre et "X-Men : le commencement" était un prequel-reboot), a pourtant éprouvé le désir de prolonger les aventures d'Eggsy et de ses collègues.
Après avoir vu Le Cercle d'or, on ne peut que se demander pourquoi.

Si le plaisir de retrouver les personnages et le style du premier film est bien là, tout ce qui en faisait l'originalité et le charme a disparu.
Après une introduction brillante (paradoxalement plus réussie que celle du premier film), on a vite le sentiment d'assister à une redite, à une surenchère inutile et vaine.
On sent que les moyens sont là, les scènes d'action sont toujours jouissives et les stars s'additionnent au générique.
Malheureusement, elles ont toutes un rôle assez anecdotique, que ce soit Channing Tatum, Halle Berry ou Jeff Bridges, leur présence sur l'affiche relève plus du marketing qu'autre chose.
Julianne Moore s'en sort un peu mieux, grâce à un rôle de méchante très décalé, mais assez similaire à celui tenu par Samuel L. Jackson dans l'opus précédent.
Pedro Pascal, révélé par la série Narcos, est la bonne surprise de ce film, même si là encore le traitement qui lui est réservé est assez superficiel.
Côté Kingsman, l'excellent Mark Strong est encore plus sous-exploité et ne connait son petit moment de gloire qu'à la toute fin du film.

Mais le gros gâchis revient sans doute au retour de Colin Firth, , dont le seul intérêt aurait pu être la surprise (stupidement spoilée par les affiches et la bande annonce) ou l'inversion des rôles de mentor-apprenti avec Eggsy (élément expédié bien trop vite dans le film).
On a presque l'impression que Firth (qui état l'une des excellentes surprises du premier) fait ici acte de présence et n'apporte finalement pas grand chose à l'histoire.
Au contraire, sa "résurrection" gâche même un des éléments les plus forts et les plus osés du précédent film. Ce qui le rendait différent des autres comédies d'action anglo-saxonnes.
Nous avons en fait ici tous les défauts des "blockbusters" et de leurs "sequels" : toujours plus gros, toujours plus spectaculaire, au détriment de l'histoire, de la créativité et de l'émotion.
Même le côté un peu subversif du plan de la méchante, qui aurait pu permettre une réflexion sur la lutte anti-drogue et son hypocrisie, ne donne lieu qu'à des séquences montrant un président américain totalement con (façon George W. Bush), ce qui encore une fois n'est pas super novateur.

Bon, avouons le, on passe quand même un très bon moment de cinéma, visuellement ça envoie et les dialogues sont souvent drôles mais, forcément, le film ressemblant trop à son prédécesseur, la comparaison joue grandement en sa défaveur.
Là où on assistait à l'apprentissage et à la naissance d'un héros, nous n'avons là qu'un nouvel épisode un peu délirant de ses aventures, sans réelle évolution entre le début et la fin (2h20 plus tard quand même).
Un plaisir fast food décevant de la part d'un réalisateur que l'on avait toujours connu inspiré depuis ses débuts (Layer Cake) et qui réalise ici son œuvre la moins réussie.
Dommage.