En 2015, Kingsman m'avait agréablement surpris. Son irrévérence, son humour so british, sa galerie de personnages dont un exceptionnel Samuel L. Jackson avec un cheveu sur la langue et le tout saupoudré de scènes d'action jouissive et gore se mariaient à merveille pour nous offrir un savoureux cocktail fun et détonnant. Contrairement à ses habitudes, Matthew Vaughn poursuit son aventure avec les agents du Kingsman et tel le retour de Colin Firth, ce n'était pas vraiment une bonne idée.


Dans le premier Kingsman, c'était Dire Straits qui ouvrait le film. Cette fois-ci, c'est Prince avec Let's Go Crazy. Des choix très judicieux musicalement parlant, sauf que ça ne fonctionne plus. L'excellent morceau du grandissime artiste disparu, est entraînant au contraire de la scène se jouant devant nos yeux qui va nous en mettre plein la gueule pour pas grand chose.


Dès la première seconde, le film tente d'imposer un rythme infernal. Nous ne sommes plus dans la découverte, on connait les personnages, ce qu'ils sont et font. En partant de ce principe, Matthew Vaughn va privilégier l'action au détriment de l'humour et va finir par se prendre trop au sérieux. Pire encore, il va tomber dans l'excès en faisant preuve de très mauvais goût. L'histoire étant dans la continuité du précédent Kingsman, il en a gardé le pire, à savoir son côté trash nauséabond et misogyne. Il suffit de revoir comment Sofia Boutella décède lors du duel final, pour comprendre quel sera le niveau de médiocrité de cette suite.


Il faudrait surement une longue étude approfondie pour expliquer comment l'idée du traceur dans le vagin a pu naître dans l'esprit des scénaristes, surtout qu'on va presque assister à sa mise en place.... Matthew Vaughn et Jane Goldman prennent-ils des substances illicites? Écrivent-ils sous l'influence de celles-ci? Pensaient-ils faire preuve d'irrévérence ou tout simplement, ils étaient entrain de jouer avec un sex-toy et lors de l'introduction de celui-ci dans l'orifice d'un des deux, ils sont se dit : ce serait super drôle et transgressif de mettre ce moment intime entre nous dans le film, non? Bah, non! C'est juste débile, vulgaire, malaisant et dégueulasse.


Une scène ne suffit pas à plomber un film, surtout quand il dure 2h21. Cela aurait pu être une goutte d'eau dans un océan, sauf que c'est juste la partie immergée d'un iceberg s'effondrant lamentablement, tel un château de cartes dans les profondeurs de l'égout, dans lequel se jette Galahad (Taron Egerton) à la fin de la première scène d'action indigeste. Le semblant de scénario est enseveli sous un déferlement de scènes sombrant dans l'excès et visuellement déconcertante.
L'abondance de biens nuit à cette suite avec de nouveaux personnages ne faisant qu'acte de présence. Les Statesman Channing Tatum, Halle Berry et Jeff Bridges sont la version américaine des Kingsman. Leurs noms d'agents prêtent à sourire : Tequila, Ginger Ale et Champagne. Leurs contributions se limitent à cette touche d'humour se voulant drôle. Pedro Pascal s'en sort mieux en tant que Whisky, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. On appréciera plus la fabuleuse Julianne Moore qui semble prendre du plaisir à jouer une psychopathe trafiquant de drogue, coincée dans un parc d'attractions typiquement américain des années 50, au cœur d'une forêt d'Amérique du sud.


Le film se résume à de l'action, de l'action et encore de l'action. C'est long, terriblement long et à un moment, il y a Elton John qui chante et balance des insanités, mais cela reste long et pénible. Il est à la fois drôle et pathétique, mais on se demande surtout ce qu'il fout là, comme si on avait pas assez de personnages au sein de cette déplorable suite.


La réintroduction de Colin Firth, pourquoi? Non pas que le personnage ne soit pas intéressant, même si son flegme et son humour so british est porté disparu. Mais plus dans le sens où on doit déjà se taper l'arrivée de plusieurs nouveaux personnages, alors pourquoi en ramener un à la vie? Dans ce cas, Samuel L. Jackson avec son grain de folie, cela n'aurait pas été une mauvaise idée pour secouer ce produit de consommation plus vraiment fun. Surtout qu'avec son retour, on se retape les scènes déjà vues dans le précédent Kingsman. Déjà que le film n'était pas enthousiasmant, cela devient une pâle copie se répétant, accumulant les guests en se regardant le nombril, tout en oubliant de me divertir.


Une suite consacrée au soulagement volontaire des déjections corporelles, qui n'est pas à la hauteur du premier Kingsman. En dehors de 2 ou 3 réparties arrachant un sourire, on s'emmerde royalement face à cette succession de scènes d'action et d'effets spéciaux, pas vraiment réussies. Matthew Vaughn a tout balancé sur l'écran, sans se soucier du résultat. On se retrouve avec un gloubi-boulga cinématographique de 2h21 et on en sort avec l'envie de se mettre les doigts au fond des yeux pour recracher toute cette merde visuellement écœurante.

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le 15 oct. 2017

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Laurent Doe

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