Hé, mais c'est que ce Matthew Vaughn, mine de rien, est en train de réussir le tour de force improbable de me faire aimer le cinéma d'action !
Oui, je parle bien d'action, même si Kingsman : Services Secrets n'est ni plus ni moins qu'un film d'espionnage à l'héritage "James Bondien" assumé. Et ce contrairement à son gore réfréné qui pourtant ne l'empêche pas d'être interdit aux moins de 16 ans en France - il a dû y avoir baston avec le CSA... L'intention gore donc, aussi présente soit-elle, ne va effectivement pas jusqu'au bout : l'hémoglobine se fait extrêmement rare, et on perd en crédibilité.
L'histoire quant à elle reste assez classique : une promotion de petits génies sera mise en concurrence afin de remplacer un super espion décédé. Le jeune héros, sous la houlette du Kingsman incarné par l'élégant Colin Firth dans un rôle sur mesure, aura pour spécificité d'être issu d'un milieu populaire depuis la mort de son père (ex-kingsman décédé lui aussi quelques années plus tôt et remplacé par un beauf de première par sa femme), au milieu de fils à papa - et de deux nanas aussi.
Mais en parallèle, un richissime populiste mégalo "tarantinesque" - interprété par un délirant Samuel L. Jackson - ayant troqué le costard-cravate pour la chaîne-casquette et le caviar pour le Big Mac, aura des projets de sauvetage d'une planète bleue en proie à la surpopulation humaine via l'implantation de cartes SIM donnant un accès gratuit à internet depuis l'arrière du crâne des pauvres consommateurs. Cartes SIM qui, au moment voulu, permettront à ce dénommé Valentine de prendre, d'une manière que je ne dévoilerai pas ici, le contrôle de cette clientèle aliénée. Et pour le coup, je trouve cette idée absolument géniale. Politiquement incorrecte, fun, et d'une certaine façon visionnaire. Ah oui, et ce grand méchant boss pouvant compter sur un bras droit au moins aussi "tarantinesque" que lui, possède un cheveu sur la langue à l'effet particulièrement loufoque.
Après, la première partie du film n'a rien d'exceptionnel, la réalisation hyper moderne et nerveuse de Matthew Vaughn manque peut-être un peu de charme, mais la seconde, mamamia ! L'excellente scène de chute libre ouvre les hostilités, et à partir de celle de la chapelle ça devient carrément jubilatoire, et ce jusqu'à la fin. Il faut dire que les scènes d'action à la Kick-Ass, j'adhère totalement, surtout quand, malgré moult invraisemblances assumées, la maîtrise technique est totale. En plus il y a pas mal de bonnes idées : les gadgets, les méthodes de sélection de kingsman, les clins d'oeil/contre-pieds aux habitudes du genre (mort soudaine, dernière réplique), le feu d'artifices, etc.
Enfin voilà quoi, ce James Bond 2.0, avec son méchant hilarant, sa dernière demi-heure démentielle et la technique d'un réalisateur qui je l'espère continuera sur cette lancée, c'est du presque tout bon ! Du divertissement comme on aime : pas con et qui ne se prend jamais au sérieux.